Par Marie Normand RFI
« Qui en veut au président ? ». C’est le titre du journal togolais Liberté, mais c’est aussi la question que continue de se poser une grande partie de la presse d’Afrique de l’ouest aujourd’hui après l’attaque mardi de la résidence du président guinéen. « Une véritable chasse à l’homme » s’est engagée dans les rues de Conakry, raconte Africaguinée.com.
37 militaires guinéens, ont été appréhendés. Essentiellement des proches de l’ancien président du régime de transition, le général Sékouba Konaté. « Grabuge à Conakry », titre Le Soleil au Sénégal, pour qui « l’attaque d’hier a permis d’une part au président guinéen de se persuader qu’il a touché là où ça fait mal [référence à la réforme de l’armée] et d’autre part [a prouvé] la détermination des hommes en treillis à défendre leurs statuts et prébendes à n’importe quel prix ».
Faux complot ?
Mais finalement, la presse se demande s’il ne s’agirait pas d’un « faux complot ». « Cette tentative [d’assassinat] ne serait-elle pas [une ruse] pour faire le ménage au sein [de l’armée] ? Attaque-t-on un président avec des moyens aussi dérisoires et un plan aussi léger que l’ont fait les putschistes de Conakry? » s’interroge Liberté au Togo. Même hypothèse développée par Aminata.com , qui croit savoir que des arrestations de militaires ont eu lieu dès samedi.
« Comment peut-on procéder à des arrestations pour un fait qui n’a pas encore eu lieu ? », s’interroge le journal en ligne guinéen. Pour lui, cette attaque a été « fomentée par le pouvoir pour distraire l’opinion et régler des comptes ». Moins affirmatif, GuinéeConakry.info se demande pourquoi Alpha Condé ce jour là, a changé de chambre à coucher. Il se demande « si le Président n’était pas au courant de ce qui devrait arriver ? N’a-t-il pas laissé à dessein, le poisson pourrir (…) pour mettre à nu ses détracteurs ? »
Unité apparente
En tout cas, la presse se félicite de l’apparente unité qui a suivi, avec la condamnation unanime de l’attaque. « Pour une fois, écrit GuinéeConakry.info, les Guinéens de tous bords politiques, de toutes confessions religieuses (…) disent la même chose. Ne serait-ce que pour quelques heures tout au plus, la Guinée était une nation ». Reste à savoir si Alpha Condé peut exploiter ce début d’unité. Pour cela, « il devra rompre avec les habitudes des régimes antérieurs, prévient Liberté au Togo. Habitudes qui consistent à s’entourer de personnalités de son ethnie, à offrir des passe-droits à ces derniers ».
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