Par Marie-D. Z. Gnizako
On le croyait « fini » après le 11 avril 2011 sur la scène politique nationale et régionale. Que non ! Le bulldozer Siki Blon Blaise a volé la vedette aux envoyés du Président de l’UDPCI, Albert Mabri Toikeusse.
La région des 18 montagnes a été marquée les samedi 9 et dimanche 10 juillet 2011 par l’enterrement de l’ex-Maire de la commune de Man, le doyen Droh Jacquet Florent. Véritable transhumant politique, le doyen avait quitté le PDCI pour l’UDPCI de feu le général Guéi Robert avant de terminer au FPI du président Laurent Gbagbo sous la forte pression du ministre Alphonse Douati; cadre du FPI et Secrétaire National pour les 18 montagnes. Pour la petite histoire, feu Jacquet Florent a été le maire de Man durant la décennie 80, avant d’être battu en 1990 par Gilbert Bleu Lainé (ex-ministre de l’éducation nationale de 2007 à 2010). Élu député et maire de la commune de Man, l’ex-Ambassadeur de la Côte-d’Ivoire en Inde, Gilbert Bleu Lainé sera battu en 1995 par Philippe Sianené Bouys, qui à son tour perdra la bataille en mars 2001 face au Dr. Albert Flindé, actuel ministre UDPCI en charge de l’enseignement professionnel et de la formation professionnelle.
Présent aux funérailles où était Siki Blon Blaise, le maire-ministre Flindé Albert avec une forte délégation de l’UDPCI, a eu du mal à retrouver ses repères et à imposer sa notoriété et pour cause. La population de la capitale des 18 montagnes et les militants de sa famille politique n’accorderaient presque plus du crédit à Albert Mabri Toikeusse qui a la charge de l’héritage politique du Général Robert Guéï. Depuis 2005 et suite au renversement du ministre Paul Akoto Yao qui avait succédé à Guéi après son assassinat la nuit du 19 septembre 2002, Albert Mabri Toikeusse a malheureusement pris la vie du parti en otage. Il ne répond plus aux appels de sa base et certains des premiers fondateurs du parti sont laissés pour contre au point où l’actuel ministre d’État, ministre du plan et du développement et président en exercice de l’UDPCI a le sommeil troublé et ne peut regarder certains collaborateurs et militants en face. Les reproches de grande méchanceté, de dictature déguisée, de mépris et d’orgueil faits par Siki Blon Blaise à Mabri, sont aujourd’hui devenus des réalités. Mabri est accusé de mauvaise gestion du bien commun au détriment de ses penchants égoïstes et personnels, voire familiaux et amicaux. Albert Mabri Toikeusse est frivole aux critiques et aux questions sur les détails de la vie du parti, sur les finances du parti etc.
A ce jour, l’UDPCI est le seul parti politique au sein du RHDP a n’avoir organisé de réunions de direction du parti, encore moins de rencontre de comité politique qui regrouperait les ¼ des membres du parti arc-en-ciel, depuis la campagne électorale de la présidentielle du 28 novembre 2010. La désignation des deux ministres au nom du parti (Mabri détient le premier portefeuille et Albert Flindé le second) n’a jamais fait l’objet de discussion entre les membres de la direction du parti, à plus forte raison les coordinations et militants de bases. Sur ce sujet, l’on peut comprendre la grosse indignation de Jean Blé Guirao et la colère de certains hauts cadres du parti après la formation du gouvernement actuel. Selon Charles Sopoudé de l’une des coordinations UDPCI de Man, les « deux Albert se sont choisis entre eux sans consultations préalables comme l’exigent les textes fondamentaux du parti pour toutes les grandes décisions qui engagent l’UDPCI. Venu pour les funérailles du doyen feu Jacquet Florent, Dr. Sahi Antoine estime que le Président Mabri a perdu la confiance de la majorité de la population, militants et sympathisants de l’UDPCI à Abidjan comme dans la région des 18 montagnes. Situation qui risque d’être fatale au parti lors des prochaines élections locales. Mabri, selon ce cadre supérieur au ministère de la fonction publique « est dans les différents gouvernements successifs depuis 2003, il est temps qu’il cède la place à d’autres compétences du parti, cela renforcerait sa position au sein des bases, desquelles il se rapprocherait disposant de plus de temps à consacrer à la vie du parti». Non loin de Dr. Sahi sous la bâche, une dame avec la photo de Mabri ajoute en disant «qu’en matière d’acquisition de notoriété, de richesses économique et financière et, surtout de l’expérience dans la gestion des affaires de l’État, disons que le Président Mabri les possède suffisamment, donc sa présence continue dans les gouvernements avec la casquette de Président de notre parti ne l’honore pas du tout, c’est honteux de courir toujours derrière les postes ministériels alors que l’UDPCI regorge de nombreux hauts cadres et de jeunes cadres très compétents et dynamiques».
L’héritage politique du Général Guei a besoin d’être géré autrement, selon les militants rencontrés aux obsèques de feu Jacquet Florent. Dr. Sahi estime que Siki Blon Blaise a eu raison de se retirer du parti et de critiquer sa confiscation par Albert Mabri Toikeusse. Pour lui, l’UDPCI doit aller en congrès pour élire un nouveau Président du parti et d’ajouter « qu’un travail de fond est entrain de se faire doucement auprès de la base et des coordinations pour revendiquer et organiser ce congrès de changement ». Partout où nous avons sondé la population sur le poids réel des potentiels candidats de l’UDPCI aux élections législatives, municipales et du conseil général, un seul nom faisait l’unanimité pour sa réélection, il s’agit de Appolinaire Siaba l’ex-inspecteur général des douanes et actuel maire de la commune de Biankouma. A ce jour parmi les élus UDPCI de la région des 18 montagnes, seul le maire de Biankouma a une assise solide dans sa commune contrairement au maire Albert Flindé de la commune de Man, aux députés Alphonse Woï Messé et Albert Mabri Toikeusse. Les députés Gilbert Bleu Lainé, Noutouan Youdé, Siki Blon Blaise, Gué Pascal et Ernest Bleu Voua et la présidente du Conseil général de Biankouma Mme Tia Monné Aude ont tous fui la mauvaise gestion d’Albert Mabri Toikeusse pour rallier le camp de La Majorité Présidentielle (LMP) du président Laurent Gbagbo, tandis que le député Yoro est décédé. Aujourd’hui, avec les nombreux intérêts des forces nouvelles dans la région et la présence quotidienne auprès des populations des équipes de campagne de Sidiki Konaté (Ndlr. Fils d’immigrés Guinéens, Natif de Man et actuel ministre de l’artisanat et des PME, candidat au Conseil Général) sur le terrain, le maire-ministre Albert Flindé se trouve dans un ballotage défavorable qui nécessite dès maintenant des stratégies nouvelles pour aller en compétition les mois prochains.
S’agissant de Albert Mabri Toikeusse, il est de son intérêt de redresser rapidement sa côte de popularité, ainsi que les estimes que les militants et les ivoiriens sont entrain de lui retirer petit à petit, lui qui se fait appeler « Obama de la Côte-d’Ivoire ». Avec le prochain gouvernement version ADO après les législatives, les militants et cadres du parti attendent de voir l’esprit du sacrifice de soi et du partage de l’actuel chef de l’UDPCI.
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