Mam Camara, président de l’Unjci au sujet de la carte des journalistes: « Le cas César Etou est réglé »

Nord-Sud

Le président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’ivoire (Unjci), Mam Camara, fait le bilan de la presse ivoirienne et de la situation des rédacteurs après huit mois de crise post-électorale. Il est optimiste quant à la professionnalisation du secteur.

Quelle est la situation de la presse et des journalistes ivoiriens après la crise post-électorale ?
La presse en Côte d’Ivoire ne se porte pas bien, encore moins les journalistes. Après le 28 novembre 2010, la presse a été ébranlée. Nous avons constaté beaucoup de violations de la liberté de la presse. Des entreprises ont été sinistrées. Des journalistes sont dans la clandestinité, d’autres en exil pour des problèmes de sécurité. Par contre, il y a une volonté manifeste des autorités à ne pas brimer la presse et les journalistes dans l’exercice de leur fonction. Mais, la réalité sur le terrain est différente.

Quelle est la part de responsabilité des hommes de presse dans cette crise ?
Je ne suis pas celui qui va jeter les journalistes à la vindicte populaire. Mais, je suis conscient que la presse a sa part de responsabilité. C’est vrai qu’elle a joué un rôle dans cette crise. Mais, elle devrait et doit avoir des mesures d’accompagnement. Le rôle de l’Etat, c’est de former et d’accompagner les journalistes. La presse est la partie visible de l’iceberg. Quand un journaliste écrit ou passe une image, il y a derrière les hommes politiques. On profite des conditions précaires des journalistes pour les appâter avec des sommes faramineuses. Et quand untel a un problème existentiel, il est tenté. Il tombe dans la délation, dans la rumeur et les fausses informations. Nous avons de très bons journalistes mais l’environnement les corrompt. Il faut assainir cet environnement. A ce sujet, nous organisons un séminaire de formation en collaboration avec l’ambassade des Etats-Unis, jeudi prochain, sur le rôle des hommes de médias dans la réconciliation nationale.

Quelles actions menez-vous pour régulariser la situation actuelle des médias ?
Nous avons déjà posé de nombreuses actions. Mais dans ce genre de situation sensible et délicat, il faut aller doucement. Dès la fin de la crise, nous avons appelé nos amis de l’opposition à reprendre le travail. Ils sont dans les bacs. D’autres actions auprès des autorités pour la libération des rédactions encore occupées sont en cours. Comme avancées, de nombreux journalistes sont sortis de leur clandestinité et deux journaux de l’opposition sont nés. Ce sont des actions sans éclat. Je suis optimiste pour notre presse.

La commission paritaire d’attribution de la carte d’identité de journaliste professionnel dirigée par César Etou, sous sanction, n’est plus reconnue. Comment obtenir, aujourd’hui, une carte ?
Dans le fonctionnement de la commission, c’est le Cnca devenu Haca et le Conseil national de la presse (Cnp) qui nomment des membres en collaboration avec le ministère de la Communication. C’est en interne que le président est nommé. Les organisations professionnelles proposent des personnes. C’est ainsi que l’Unjci a donné trois noms dont celui de César Etou. Aujourd’hui, c’est un mouvement général entrepris par le gouvernement qui veut que toutes les personnes frappées par une sanction se mettent de côté. Les choses sont en train d’être réglées. Dans les heures ou jours qui viennent, les choses rentreront dans l’ordre.

Doit-on s’attendre à une démission de César Etou ?
C’est l’un ou l’autre. Il est dans une bonne disposition et comprend bien la situation. La question sera résolue avec élégance.

La nuit de la communication, soirée des Ebony 2010, n’a pas eu lieu. Qu’est-ce qui est prévu et quel sort pour l’édition 2011 ?
Il n’y aura pas d’édition 2011. Parce que, les journalistes n’ont pas eu le temps d’être évalués. La commission chargée d’évaluer les rédacteurs sur toute l’année ne pourra pas le faire. Donc, c’est celle de 2010 qui sera organisée. La soirée est prévue le 4 novembre. Les candidats à nominer sont connus, il ne reste qu’aux membres du jury de donner des notes.

Justement, certains membres du jury sont inculpés. Qu’est-ce qui est prévu pour pallier leur absence ?
Un membre du jury inculpé ou en résidence surveillée ou en prison, perd sa qualité. Tous les membres du jury qui ont un problème avec la justice seront remplacés.

Y a-t-il des innovations ?
Les acquis restent. Les prix spéciaux aussi. Nous aurons le prix de la réconciliation parrainé par Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Il y aura un volet humanitaire en collaboration avec Onusida pour contribuer à travers nos actions médiatisées à attirer l’attention sur la transmission mère-enfant.

Entretien réalisé par Sanou A.

Commentaires Facebook