Dakoury Tabley: « Les cadres du FPI doivent arrêter le brouhaha et faire profil bas »

Ancien militant du Front populaire Ivoirien, Louis-André Dakoury Tabley, connaît bien la maison bleue. Dans une interview qu’il nous a accordée, il fustige les actions de ses anciens camardes à qui il demande de faire profil bas. Pour lui, les raisons invoquées par Mamadou Koulibaly pour quitter le parti, ne sont pas convaincantes…
Le Patriote : L’actualité politique nationale est marquée ces derniers jours, par la démission de Mamadou Koulibaly du FPI. Vous attendiez-vous à sa démission ?
Louis-André Dakoury Tabley : Les avis que l’on donne dans ce genre de situation recommandent que l’on soit un peu mesuré. Nous sommes dans une phase de réconciliation. Cependant, on ne peut pas passer sous silence ce qui doit aider à y arriver. Ce que j’ai constaté dans la démarche de Mamadou Koulibaly, c’est qu’il est en difficulté avec ses camarades du parti. Je n’ai pas été convaincu par les arguments qu’il a avancés pour partir. Il en invoque principalement deux : il reproche au FPI d’avoir appliqué Marcoussis, alors que Marcoussis est un accord qui avait été voulu et par la Nation ainsi que le monde entier. S’insurger contre Marcoussis laisse quelque peu perplexe. Deuxièmement, il indique que le FPI ne devrait pas aller aux élections tant que les Forces Nouvelles n’avaient pas été désarmées. Là encore, je suis surpris. Parce que rien qu’à considérer le taux de participation aux élections, on comprend que le monde entier et la Côte d’Ivoire voulaient aller aux élections. On ne peut donc pas s’insurger contre la tenue des élections. Pour ma part, je pense que les vrais motifs de son départ sont à rechercher ailleurs.

L.P. : Pour vous, quelles sont ces raisons ?
L.A.D.T : Il aurait été judicieux pour lui de se prononcer sur les cinq mois d’enfer que son parti a fait vivre aux Ivoiriens. C’est-à-dire, reconnaître les résultats de l’élection du 28 novembre, donc la victoire du Président Alassane Ouattara, déplorer toutes les exactions, les tueries, les assassinats qui ont été perpétrés du fait du FPI. S’il prenait pour prétexte toutes ces atrocités pour justifier son départ, il aurait été plus crédible. Il nous laisse sur notre faim.

L.P. : Pour vous, Mamadou Koulibaly est-il un faux brave ?
L.A.D.T : Mamadou Koulibaly ne me pose pas de problème. Depuis le début, pour moi qui était au FPI, je connais sa trajectoire. Je n’en suis pas particulièrement impressionné. Je pense qu’il s’est servi du FPI pour se faire connaître. Il n’est pas un monstre sacré du parti. Il est devenu vice-président de son parti tout simplement parce qu’il était Président de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas une évolution interne au parti qui l’a mis là où il est. Dans le parti, il y a d’autres personnes qui sont plus légitimes. Ce sont elles qui font le contrepoids. Pendant ces dix ans, il s’est illustré par quelques escarmouches qui n’étaient pas dirigées contre Gbagbo mais qui étaient contre ses camarades au niveau de la direction du parti. On a pensé qu’il était un grand opposant à l’intérieur. Moi, je ne pense pas que ce soit le cas. Son silence sur les événements est la preuve qu’il n’est pas contre ce qui s’est passé. Il est même solidaire. En étant solidaire de ce que le monde entier réprouve, quitter les autres, qui eux à la limite continuent d’assumer, n’a pas de sens. Il n’est pas assez courageux. Il faut, pour ma part, qu’il aille un peu plus loin s’il veut se rendre crédible.

L.P. : Pour vous qui connaissez la maison, est-ce que ce départ peut être vu comme une révolution qui va bouleverser le parti ou est-ce que le FPI restera toujours fort ?
L.A.D.T : Je pense que le départ de Koulibaly va être oublié dans quelques temps.

LP : Part-il avec du monde ?
L.A.D.T : C’est à voir. Ce n’est pas un problème de Koulibaly ou de Miaka en tant que tel. C’est un problème de savoir quelle est la réaction que les uns et les autres ont, depuis les événements derniers. C’est un problème de tendance. Si la tendance de certains est de se raccorder au pouvoir en place, cela peut constituer un courant. L’autre courant pourrait être constitué de ceux qui disent : « nous y sommes, nous y restons ». Dans ce cas, Mamadou serait le leader de l’autre courant. Je sais qu’au FPI, les gens sont désemparés. La base est désemparée parce qu’elle n’a jamais su ce que la Direction veut. Les turpitudes de la direction agacent plus d’un. Je pense que les militants du FPI doivent avoir le profil bas. Parce qu’on ne peut pas avoir de camarades en prison et vociférer dehors, menacer les geôliers. Il y a quelque chose qui ne va pas. Les uns et les autres ne se rendent pas compte de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes. Ils n’ont pas conscience qu’on les regarde par rapport aux tueries. Tant qu’ils n’auront pas pris conscience de cela, il leur sera difficile de ressurgir. Des journaux comme «Notre Voie » profitent du trop plein du travail du gouvernement pour écrire n’importe quoi. En réalité, on devrait s’asseoir et demander à ces journaux et à certains partis politiques d’attendre encore avant d’entrer en activité. Parce qu’ils prônent la haine.

L.P. : N’est-ce pas une atteinte à la liberté garantie par la Constitution?
L.A.D.T. : Je ne dis pas d’interdire le journal. Mais je parle de l’activité du journal et du parti. Ce qu’ils font, va contre la population, contre les droits de l’homme, contre l’ordre public. C’est cela le problème.

LP : Une certaine opinion parle de la dissolution du FPI. Etes-vous de cet avis ?
L.A.D.T : Dissoudre ou pas, je pense qu’il faut aujourd’hui, alors que les plaies sont encore béantes, arrêter de leur donner l’occasion de parler comme ils parlent. Ils continuent d’attiser le feu. On ne les bâillonne pas. C’est un acte de liberté. C’est un acte de démocratie que d’empêcher ce qui vient polluer la démocratie. La démocratie n’est pas le laxisme. La démocratie c’est aussi de l’ordre. Le droit nécessite un arbitrage. Il ne faut pas tout amalgamer. Pour moi, ce ne sont pas des journaux de l’opposition, mais des journaux de réaction. La vraie opposition viendra après pour booster le gouvernement actuel en analysant les actes qu’il pose.

LP : En 2002, le Président Gbagbo n’avait pas pris ces mesures contraignantes contre l’opposition d’alors ?
L.A.D.T : La question est de savoir si à cette époque, les interventions de l’opposition participaient au retour à la cohésion. A cette époque, Gbagbo n’avait qu’à prendre ses responsabilités. Il ne faut pas imiter Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, nous, nous exhortons le gouvernement à prendre ses responsabilités s’il tient à ce que la réconciliation soit une réalité. Il ne faut pas que le gouvernement laisse torpiller les chances de cette réconciliation.

LP : A vous entendre, on dirait que ceux qui parlent de justice des vainqueurs n’ont pas tort ?
L.A.D.T : Je suis navré qu’on parle de justice des vainqueurs. Pour moi, il n’y a pas de vainqueur. Alassane Ouattara a dit dans un journal : « je ne dois rien à personne, sauf à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens ». C’est la Côte d’Ivoire qui est vainqueur. On nous a dit que chacun allait respecter le verdict des urnes. Les élections ont été organisées, des gens n’ont pas voulu respecter les résultats. Il a fallu les amener à respecter le verdict des urnes. C’est cela la victoire de la Côte d’Ivoire. Il n’y a donc ni vainqueur, ni vaincu.

LP : Pourquoi alors, de plus en plus, ces arrestations, ces mises en examen de cadres qui ne sont que du parti de M. Laurent Gbagbo ?
L.A.D.T : Je pense que le travail n’a pas encore commencé. Il y a des ministères qui n’ont pas encore de bureau. Je ne veux pas être indulgent. Par expérience, je sais que ces choses sont lentes. On met la main d’abord sur ceux qu’on a sous la main. Par la suite, on procèdera à l’arrestation de tous ceux qui seront mis en cause.

LP : Pensez-vous que le Président Ouattara aura la force de faire arrêter des gens comme les Commandants des FRCI ?
L.A.D.T : Je ne peux pas présager de sa force ou de sa faiblesse. Ce que je sais, c’est qu’il l’a dit. Pendant la campagne, il a dit des choses qui ont amené ses concitoyens à l’élire. Nous, nous comptons sur lui. Ce serait juste que cela soit ainsi.

LP : Parlant de la commission Vérité-Dialogue et Réconciliation, qu’est-ce qui, selon vous, bloque ses activités ?
L.A.D.T : Votre question coïncide avec la prise de l’Ordonnance qui était censée bloquer le démarrage des activités de la Commission. Si c’était le cas, je pense que maintenant la Commission devrait pouvoir démarrer. Puisque l’ordonnance parle du fonctionnement, des objectifs à lui attribuer. Logiquement, les choses devraient pouvoir démarrer dans les jours à venir. Je ne suis pas de ceux qui sont pressés et qui veulent faire les choses dans l’urgence. La réconciliation est comme un terrain en friche. Dans les quartiers, les gens n’attendent pas le président Banny pour se parler, pour se réconcilier. Déjà, le processus y est amorcé. Les gens organisent des cérémonies pour se parler. C’est vrai que l’attente est forte et tout le monde attend de pouvoir se parler. Il faut qu’on se dise les choses. En même temps, il faut qu’on sache préparer les esprits à tout ce qui sera dit. Après la prise de l’Ordonnance, il faudrait que le Président de la République mette à la disposition de la Commission les moyens pour travailler.

LP : Sous le modèle sud-africain de la réconciliation, êtes-vous pour l’amnistie ou pour l’emprisonnement des auteurs de crimes?
L.A.D.T : Je ne connais pas les détails de ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Ce que je sais, c’est qu’ils ont mis au point un principe qui est de se parler. C’est ce qui est important. A partir de ce moment, chaque peuple définit ce qu’il veut. En même temps, je pense qu’on peut coupler le travail de la Commission avec celui de la justice. Il faut, pour moi, que tout le monde passe devant la commission avant de passer devant la justice, le cas échéant. La justice n’a jamais été une maltraitance. Elle existe pour réparer les torts.

LP : Il y a quelques semaines, vous aviez effectué des tournées dans votre région d’origine qui est aussi celle de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, quels sont les échos que vous avez de votre région ?
L.A.D.T. : Je peux dire que je suis un homme heureux. Nos parents étaient dans le désarroi. Mais après plusieurs tournées dans la région, les chefs de la région ont souhaité rencontrer une autorité. Cela a été fait avec Charles Konan Banny. A Yamoussoukro où a eu lieu la rencontre, les gens se sont parlé. Ils ont affirmé qu’ils étaient dans la République. Ils ont dit qu’ils n’allaient pas faire d’amalgame entre la gestion d’un homme politique qui est Laurent Gbagbo et le peuple Bété. Le peuple Bété qui se reconnait en tant que citoyen de ce pays est prêt à participer au développement de ce pays. Depuis, leurs positions n’ont pas varié. Cependant, ils sont dans la même angoisse que tout le monde. Ils ont encore la présence des éléments des FRCI sur leur dos. Je tente de leur expliquer que les FRCI sont partout en Côte d’Ivoire et non pas seulement à Gagnoa. Une autre rencontre est prévue ici, demain, à Abidjan où les chefs vont demander au président Banny d’être leur courroie auprès du Président de la République pour lui dire merci de leur part et lui demander de confirmer l’invitation qu’ils lui ont faite, celle de le voir à Gagnoa.

LP : Une région peut-elle accepter, alors que son fils est en prison, d’enter dans un processus de réconciliation?
L.A.D.T. : Je vous ramène la question : où pensez-vous que ce peuple irait ?

LP : N’ont-ils pas de préalable à poser ?
L.A.D.T : Si vous vous souvenez du discours qu’ils ont fait à Yamoussoukro, vous comprendrez qu’ils n’ont pas posé la libération de Gbagbo en préalable. Ils ont tout simplement souhaité que la procédure se fasse dans les normes. Ce sont des citoyens ivoiriens, ils croient aux lois des humains. S’il est coupable, pourvu que la procédure soit propre, ils s’aligneront. Je pense que c’est responsable de leur part. On ne peut pas empêcher un parent d’avoir mal. Rappelez-vous qu’en 1999, il y a eu un coup d’Etat, les Baoulé auraient pu eux aussi poser des préalables. Ils sont restés dignes. Ils se sont inscrits dans la marche de la République. Leur fils était en exil, ils n’ont jamais posé de préalable.

LP : Il y a eu des nominations qui ont vu la promotion d’un ex-FAFN au poste de CEMA. Quelle lecture faites-vous de cette nomination ?
L.A.D.T : Cette nomination tient compte de la situation du moment. On dit que la politique c’est la saine appréciation des réalités du moment. Il me semble que c’est de cette façon que les choses se sont faites. Ils se sont basés sur l’Accord de Ouaga qui prévoyaient quelque chose de ce type. Cela étant, quand on regarde le terrain aujourd’hui, il faut reconnaître que nos souffrances, après les élections présidentielles ont pris fin grâce à l’intervention des militaires qui étaient confinés au nord. Au départ, ils avaient été applaudis, mais aujourd’hui, nous déplorons des actions regrettables. Pour y mettre fin, il était bon qu’on responsabilise des personnes issues de leur rang. La remarque que je peux faire, c’est que pour le moment, nous n’avons pas encore de Forces armées. Il faut donc qu’ensemble, ils participent à la mise en place d’une véritable Armée nationale.

LP : Y croyez-vous ?
L.A.D.T : J’y crois, parce que je crois au pays. Avec l’aide de tous, tout sera mis en place pour que cette armée se mette en place. Il faut un travail collectif.

LP : Des généraux démis, des soldats pourchassés par des mandats d’arrêt, ne pensez-vous pas qu’il faille redouter une révolte de leur part ?
L.A.D.T : Soyons réalistes. Quand Gbagbo est arrivé au pouvoir, dans les conditions qu’on connaît en 2000, pour tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec sa façon de faire, des bruits ont couru à l’époque. Il y avait des coups d’Etat à répétition tous les quinze jours. Lida, ministre de la Défense d’un côté, Boga, ministre de l’Intérieur de l’autre, parlaient toujours de coups d’Etat. Il ne faut pas rentrer dans ce cycle qui consiste à ne pas s’occuper des affaires de l’Etat. Tous ces bruits vont s’étouffer d’eux-mêmes. Je pense qu’il n’est pas bien de dire que les Généraux aient été démis. Ils ont eu à poser des actes qu’ils ne devraient pas poser. On aurait eu du mal à les voir en place en pensant à ces actes qu’ils ont posés. Ils sont toujours à la disposition de l’Etat.

LP : Les législatifs qui s’approchent semblent diviser le RHDP. Des sons discordants y sont entendus. Quelle est votre analyse sur la question ?
L.A.D.T : Dans le principe, je pense que ceux qui veulent aller en rangs dispersés, n’ont pas tort. Puisque depuis 2000 avec les agissements du FPI, les deux grands partis politiques que sont le RDR et le PDCI n’ont pas pu mesurer ce qu’ils valent vraiment sur le terrain. C’est une réalité. C’est à l’Assemblée nationale qu’on reconnaît qu’un parti est majoritaire. Il est normal qu’après la période de flou, chaque parti pèse sa popularité sur le terrain. Puisque ce que chacun vaut, se verra à l’Assemblée nationale. Il faut donc se battre pour qu’on sache sur le terrain qui est qui. D’un point de vue spirituel, je peux dire que le RHDP a été une invention divine. L’union de Bédié et de Ouattara a réglé une partie du problème. Il faut refaire le tableau de la représentation locale. Parce qu’en 2000, les élections ont été faussées. Ils peuvent aller de façon maîtrisée, séparément aux législatifs.

LP : Qu’entendez-vous par de « façon maîtrisée ? »
LADT : Chacun doit aller au charbon pour montrer qui il est. Après, ils peuvent former un groupe pour négocier le vote des lois à l’Assemblée nationale.

LP : La plate-forme a parlé de listes communes, à l’origine.
L.A.D.T : Moi, à mon avis, cela a été pensé à l’époque dans l’émotion. L’adversaire était tellement immense qu’il fallait tout voir en commun. Maintenant qu’ils ont vu une première partie en commun et que rien ne les gène désormais, ils peuvent décider de voir ce que chacun d’entre eux vaut sans heurts, sans conflits. Il serait bien pour la Côte d’Ivoire, qu’on sache ce que pèsent nos deux grands partis qui sont le PDCI et le RDR. Parce que pour l’instant, il n’est pas question que les deux partis fusionnent pour donner un seul parti. Le pays aux mains de l’alliance PDCI-RDR, il est bon qu’on sache quelle ligne est tenue par tel ou tel parti, quels sont les hommes d’influence de tel ou tel parti. C’est ce qui se fait dans toutes les démocraties. Pourquoi a-t-on peur de la différence ? Les différences sont faites pour créer une dynamique.

LP : En partant en rangs dispersés, n’est-ce pas une façon de faire le lit au FPI dans certaines circonscriptions?
L.A.D.T : Je ne crois pas que ces deux partis puissent faire le lit de quelqu’un. On connaît le paysage. C’est le FPI qui a des problèmes. Puisqu’ils ont remporté des élections dans les circonscriptions dans des conditions pas trop claires. Sans toutefois sous-estimer le FPI, je veux dire que ce parti n’est pas à craindre aujourd’hui. Comme conseils aux responsables du RDHP, c’est de choisir la politique du juste milieu, c’est-à-dire de laisser les comités de base, agir selon leur intérêts. Parce que dans les RHDP locaux, il y a des partis leaders. A Korhogo par exemple, le PDCI ne peut pas dire que son candidat doit être tête de liste, le parti leader là-bas, c’est bien le RDR. A Daoukro, le RDR ne peut pas vouloir avoir un candidat comme tête de liste, le parti leader, c’est le PDCI. Le fait d’aller séparément est un fait, c’est d’ailleurs ce qui est judicieux. Maintenant, on peut laisser la souplesse et l’initiative aux localités.

LP : N’oubliez pas les 44 % des voix de Laurent Gbagbo.
L.A.D.T : Prenez le cas du Front national en France. Ils ont parfois 12, 15 ou 20 % de voix. Ce sont des voix éparses aux présidentielles. Mais ces voix ne sont pas condensées sur une circonscription. Le score de Laurent Gbagbo ne doit pas effrayer les gens. Ce n’est pas parce qu’il a eu 44 % à la présidentielle qu’il vaut 44 % aux élections locales. Ce n’est pas vrai. Pour que ces voix représentent des députés, il faut qu’elles soient condensées dans une circonscription, ce qui n’est pas le cas. Je pense que ce score ne doit pas empêcher le PDCI et le RDR d’organiser tranquillement, chacun de son côté, les législatives. Cependant, ils doivent se mettre en tête que le Président de la République est leur Président et que c’est eux la majorité.

LP : Le PDCI majoritaire à l’Assemblée ne créerait-il pas des difficultés au Président de la République?
L.A.D.T : Est-ce pour cela que le RDR veut faire une fusion ? Il est du droit du PDCI d’avoir ses objectifs et ses intentions. Aujourd’hui, c’est le RDR qui est au pouvoir dans une alliance RHDP comme on le voit dans toutes les démocraties. C’est une majorité présidentielle. Il est normal qu’en allant aux élections locales, le PDCI ait envie d’exister. Cela doit pousser à travailler sur le terrain tout parti majoritaire. Exister, ce n’est pas être contre quelqu’un. C’est se donner les moyens pour faire l’union. Il faut éduquer la base à cela. Le fait d’aller à cette élection en rangs dispersés n’est pas un signe de division.

LP : Ne pensez-vous pas que pour avoir une opposition crédible, il faille donner le temps au FPI de se reconstituer avant d’organiser cette élection ?
L.A.D.T : Ce serait dangereux pour tout le pays entier que des gens qui ne se sont pas contentés de reconnaître une élection présidentielle, mais qui ont, en plus, payé des armes pour tuer, aient le temps de se reconstituer. Ils ont posé des actes. En démocratie, on rejette l’impunité. Il ne faut pas faire du laxisme. La vie politique doit continuer avec les enfants de Côte d’Ivoire qui sont prêts à créer des partis politiques. Le FPI n’est pas un parti d’Etat pour dire que sans lui, le pays ne doit pas exister. Le pays ne peut l’attendre. Nous sommes suffisamment en retard. Ils nous ont mis en retard. Ils ont tout détruit. Comment peut-on les attendre. Ils doivent subir leur sort. Ils doivent prendre le train en marche s’ils peuvent. En 2000, ils n’ont pas attendu le RDR pour aller aux élections. Il ne faut pas être frileux. En politique, il faut faire les choses objectivement et sans état d’âme.

LP : Etes-vous donc pour un Parlement monocolore ?
L.A.D.T : Je ne pense pas que notre Parlement sera monocolore. Vous aurez affaire à des députés indépendants. Constitutionnellement, il est demandé que juste après la présidentielle, on aille aux Législatives. On a trop tardé. Je ne vois rien au FPI qui empêche d’aller à l’élection maintenant.
Réalisée par Charles Sanga
(Coll. Thierry Latt)

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