Ex porte-parole de Gbagbo, Gervais Coulibaly de retour au pays reconnaît Ouattara

Gervais Coulibaly est rentré en Côte d’Ivoire. L’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, qui avait tourné entre Ouaga et Accra durant la crise postélectorale est de retour au pays. Coopté par Laurent Gbagbo, en tant qu’administrateur civil, Gervais Coulibaly n’avait pas adhéré au FPI, se contentant de jouer la carte de la mobilisation des cadres non encartés dans les partis et issus de la société civile. La création de son mouvement CAP-URLG…., avait été mal vue et perçue par les caciques du camp Gbagbo. Lors de la crise postélectorale, celui-là même, qui était supposé porter la parole de Laurent Gbagbo, n’a pas été trop aperçu sur les plateaux locaux et extérieurs de télévision, ni sur les estrades de mobilisation des patriotes, que parcouraient Blé Goudé et les autres. Etait-il déjà soupçonné de trahison, ou bien, avait-il plutôt au fond, la conviction que le combat était vain, et que le candidat Ouattara était le seul et vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 28 Novembre 2010?

Communication à minima

Peu de personnes se souviennent encore que la seule prise de parole publique que Gervais Coulibaly avait effectuée, l’avait été dans un journal de la place. A cette époque, tout en se mettant dans le camp de Laurent Gbagbo, le porte-parole essayait de plaider le dialogue et la concertation entre les protagonistes de la crise. Par la suite, des milieux informés et plusieurs sources émanant du Golf Hôtel, ont assuré qu’il était en rupture de ban, et s’apprêtait à faire dissidence. Toutefois, en dehors des cas rares et isolés connus, le camp Ouattara et les stratèges du Golf-Hôtel, ont refusé les ralliements bruyants et tapageurs, pour éviter de mettre en danger la vie des proches, des collaborateurs et des leaders d’opinion du camp Gbagbo d’une part ; mais d’autre part, pour ne pas effaroucher la détermination des militants et cadres qui souffraient et luttaient.

Questions de stratégie

Si les désertions et les ralliements pouvaient rendre plus proche la fin du camp Gbagbo, ils pouvaient également refroidir l’ardeur des militants RHDP et les inquiéter, quant au futur partage du gâteau en cas de victoire, étant entendu qu’il n’y en avait pas déjà assez entre Houphouétistes. Alors qu’ils étaient déjà nombreux parmi les ambassadeurs, les préfets, les cadres, les militaires et autres cadres de l’Armée ou de l’administration qui avaient reconnu la victoire du Président Alassane Ouattara avant même le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo par le biais d’un de ses porte-parole, a pourtant pu encore affirmer récemment, qu’aucun corps constitué, ni aucune structure de l’Etat de côte d’Ivoire, n’avait fait dissidence. Et que de ce fait, il n’était pas le seul dans son combat, et ne pouvait pas être le seul à se tromper. Selon Laurent Gbagbo, tout ce monde qui l’avait soutenu, ainsi que toutes les autres

institutions qui l’accompagnaient, étaient les indices de ce que, son combat était juste. Cette déclaration ayant été signée par son porte-parole, qui n’a pas précisé son nom, (mais qui était en l’occurrence Koné Katina, et par ordre Bernard Houdin), des proches de l’ex porte-parole originaire de Katiola comme Katina Koné, ont opportunément réagi dans les colonnes d’un confrère, pour préciser que ce porte-parole en question, n’avait rien à voir avec Gervais Coulibaly.

Gervais Coulibaly désavoué par Gbagbo ?

A la suite de la désignation de son frère-ennemi (ah oui, ce n’est pas le grand amour entre les deux), Koné Katina, le préfet hors-hiérarchie a-t-il comme porte-parole de Laurent Gbagbo, la rupture de la confiance par Laurent Gbagbo à son égard ? En tout cas, Gervais Coulibaly est rentré au pays, avec la bénédiction des autorités ivoiriennes, à la disposition desquelles, il s’est aussitôt mis. Bien qu’il fut conseiller spécial chargé de la décentralisation, et porte- parole de Laurent Gbagbo, le retour de Gervais Coulibaly au pays, du doyen Blehoué Aka, et de bien d’autres…., tout comme la présence relativement tranquille (à la suite des premières heures et premiers jours chauds de la période post-Gbagbo), de Bleu Lainé, Siki Blon Blaise, et bien d’autres encore, sont des indices de ce que, le régime Ouattara ne pratique pas une chasse, ni une traque systématique contre les pro-Gbagbo.

Pas un Goulag, le pays d’Houphouët sous Ouattara

La Côte d’Ivoire n’est pas un Goulag. Près de deux millions d’électeurs ivoiriens ont voté LMP et Laurent Gbagbo. Ces deux millions n’ont pas été tués. Ils ne sont pas en prison. Environ cinq cent personnes font l’objet de procédures diverses : gel des avoirs, résidence surveillée, inculpation et détention provisoire….. A côté d’eux, il y’a quelques milliers d’exilés, qui ont choisi de quitter le pays pour se mettre les uns à l’abri, et beaucoup d’autres, pour être libres de continuer de combattre le régime Ouattara, selon leurs méthodes et leur agenda propre.

La question du sort des exilés, et l’enjeu de la réconciliation

Pour avoir bonne conscience et justifier la fuite, ainsi que leur éventuel maintien en exil, tous ceux qui sont à l’extérieur sont convaincus qu’ils auraient été tués, s’ils étaient restés au pays. Au niveau des cadres et des personnalités d’envergure du camp Gbagbo, seul Désiré Tagro est mort. D’autres cadres et personnalités sont restés au pays sans avoir été assassinés. Ce que beaucoup oublient de dire, c’est que de nombreux cadres et sympathisants du RHDP ont aidé les pro-Gbagbo à quitter le pays, sans forcement exiger des espèces sonnantes et trébuchantes. Pourquoi alors, auraient-ils laissé les FRCI les tuer ? Bon, on ne va pas refaire le match… Calmons le jeu et réconcilions-nous !

Charles Kouassi
L’Intelligent d’Abidjan

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Interview exclusive/Coulibaly Gervais (ex-porte-parole de Gbagbo) : « Le Cap-Ur-Lg devient un parti politique »

Soir Info

C’est la première fois qu’il parle dans la presse depuis l’arrestation du président Laurent Gbagbo dont il était le porte-parole. Rentré en Côte d’Ivoire depuis quelques jours, Coulibaly Delinpelnan Gervais dit presque tout. Le Préfet hors grade annonce surtout la transformation de son mouvement, le Cap-Ur-Lg en parti politique. Interview exclusive !
Vous êtes à Abidjan depuis quand ?

Coulibaly Delinpelnan Gervais : Je suis arrivé il y a une semaine, précisément le jeudi 7 juillet 2011. J’ai été absent pendant quelques mois non pas parce que je ne voulais pas être en Côte d’Ivoire, mais parce que j’étais en mission quand le pays s’est embrasé.

Vous étiez en mission pour qui ?
C.D.G : J’étais en mission pour la recherche de la paix dans le cadre de mon travail de Conseiller spécial. Je n’ai pas pu rentrer parce que l’aéroport d’Abidjan était fermé le jour prévu pour mon retour. Je me suis donc arrêté au Ghana.
Vous étiez dans quelle ville du Ghana ?
C.D.G : J’étais à Accra depuis le 31 mars 2011.

C’est donc depuis Accra que vous avez suivi l’arrestation de votre patron, Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier. Comment vous vous êtes senti en voyant ces images ?
C.D.G : Depuis Accra, j’ai suivi les événements qui m’ont profondément attristé tant pour la Côte d’Ivoire que pour mon patron, le président Laurent Gbagbo. Mais bon, c’est la vie.

Etes-vous en contact avec lui depuis son arrestation ?
C.D.G : Non, je n’en ai pas encore eu l’occasion.

Vous avez fait des démarches dans ce sens ?
C.D.G : Non, pas encore, je viens à peine d’arriver.

Depuis votre arrivée, quelles sont les autorités avec lesquelles vous avez échangé ?
C.D.G : Vous savez que je suis fonctionnaire relevant du ministère de l’Intérieur. C’est tout naturellement que j’ai rencontré mon ministre de tutelle, en l’occurrence le Ministre de l’intérieur.

C’est donc la seule autorité que vous avez rencontrée ?
C.D.G : Oui, c’est la seule autorité que j’ai rencontrée.

Que répondez-vous alors à ceux qui parlent d’allégeance que vous avez faite aux nouvelles autorités ?
C.D.G : Je suis fonctionnaire, je suis rentré, j’ai rencontré mon ministre de tutelle, est-ce cela faire allégeance ?

Qu’est-ce que le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko vous a dit pendant cette rencontre ?
C.D.G : Nous avons discuté travail, nous avons discuté administration et nous poursuivons les discussions.

Considérez-vous comme un désaveu, la nomination de Koné Katinan en qualité de porte-parole de Laurent Gbagbo ?
C.D.G : On ne peut pas parler de désaveu. Koné Katinan est mon jeune frère. J’ai lu quelque part que nous serions des ennemis. Non ! Nous sommes tous deux Tagbana et je suis son aîné. Donc, il n’y a aucune raison qu’il y ait une animosité quelconque entre mon jeune frère, Katinan et moi. Il l’a dit lui-même et je le répète après lui. Il me remplace dans une fonction et je ne peux qu’en être fier. Parce que si j’avais échoué et qu’on m’avait désavoué, ce n’est pas mon jeune frère qu’on prendrait. On irait chercher ailleurs. Prendre mon jeune frère est pour moi un signe d’une confiance renouvelée. Je voudrais dire que Koné Katinan est le porte-parole de Laurent Gbagbo parce qu’à un moment donné, pour une mission précise, on choisit la personne qui en a le profil. Pour cette mission actuellement, le président Laurent Gbagbo a estimé que celui qui en a le profil, c’est bien mon jeune frère. Alors, il est venu me voir, nous en avons discuté et je lui ai donné ma bénédiction. Je l’encourage et le soutiens dans le travail qu’il fait. Je suis à Abidjan et il le sait.

Pensez-vous comme certaines personnes que Laurent Gbagbo s’est accroché au pouvoir après l’avoir perdu ?
C.D.G : Je ne souhaite faire aucun commentaire. Je n’aime pas commenter les actes d’un supérieur hiérarchique et je n’ai pas à les commenter.

Pour vous Laurent Gbagbo a-t-il gagné ou perdu l’élection présidentielle ?
C.D.G : Ce n’est pas moi qui dit qui a gagné les élections ou qui ne les a pas gagnées. La constitution a désigné qui doit le faire. Je ne souhaite pas m’étendre sur cette question.

Que devient le mouvement de soutien appelé Conférence Cap Unir pour la réélection de Laurent Gbagbo, en abrégé Cap-Ur-Lg, que vous avez mis en place ?
C.D.G : Avec les camarades, nous avons décidé, après réflexion, de transformer en parti politique ce mouvement de soutien en vue de continuer le travail que nous avons commencé depuis un certain temps. Et dans les jours à venir, cela va se faire. Je profite de l’occasion pour demander à tous nos adhérents de se tenir prêts et de rester à l’écoute de la direction.

Quel sera le nom de ce parti ?
C.D.G : Ecoutez, je ne veux pas vider déjà de son contenu la prochaine rencontre que nous aurons vous et moi. Ce qu’il faut noter, c’est que le parti politique sera membre du Cnrd comme le Cap-Ur-Lg l’était.

Qui va dirigez ce parti ?
C.D.G : Cela va dépendre de l’Assemblée Générale et de mes camarades. Pour le moment, je suis le président du Comité ad’hoc.

Est-ce que ce n’est pas une trahison de votre part, de vouloir créer un parti politique alors que Laurent Gbagbo est dans les difficultés ?
C.D.G : Non ! Je n’appartenais à aucun parti politique. Je n’ai jamais appartenu à un parti politique. Maintenant, je décide d’appartenir à un parti politique qui sera membre du Cnrd, où est la trahison ?

Vous allez donc défendre les idéaux de Laurent Gbagbo ?
C.D.G : C’est bien ce que je dis. Il n’y aucune trahison. Nous sommes membre du Cnrd, nous le demeurons.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que Laurent Gbagbo, c’est fini ?
C.D.G : Ils sont libres de penser ce qu’ils veulent.

C’est vrai que vous n’êtes pas membre du Fpi, mais quels commentaires faites-vous du départ de Koulibaly Mamadou de ce parti ?
C.D.G : Au Fpi, il y a suffisamment de personnes compétentes pour commenter ce départ. Je ne suis pas membre du Fpi et je ne me permettrai jamais de faire un commentaire sur ce genre de situations.

Avez-vous des contacts avec Koulibaly Mamadou ?
C.D.G : Je n’ai aucun contact avec lui.

Et avec les autres cadres avec qui vous avez constituez l’ex-majorité présidentielle ?
C.D.G : J’ai des contacts avec certains amis tels que le ministre Mel Eg Théodore, le ministre Kabran Appiah, le ministre Kahé Eric et autres.

Partagez-vous l’argument de ceux qui parlent d’une justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire ?
C.D.G : Je pense que notre rôle va être d’aider à la normalisation de la vie politique en Côte d’Ivoire, de chercher à renouer le dialogue, de chercher à reunir tous les fils. Nous allons travailler à cela pour que la Côte d’Ivoire puisse aller de l’avant, il faut qu’il y ait une démocratie réelle dans ce pays. Et, cette démocratie réelle ne peut se faire que si les cœurs sont apaisés, si chacun accepte, comme le disait le président Laurent Gbagbo, de s’asseoir et de discuter. Nous œuvrons dans ce sens. Nous allons approcher tous ceux que nous pouvons approcher pour essayer d’aider à apaiser les cœurs. Nous allons approcher les autorités actuelles pour voir dans quelle mesure on peut aider ceux de nos camarades qui sont de l’autre côté et qui ont envie de rentrer, de revenir en Côte d’Ivoire. Nous allons voir dans quelle mesure, nous allons pouvoir apporter notre contribution à la réconciliation des filles et fils de ce pays. Nous allons jouer notre rôle de citoyen ivoirien qui recherche la paix et le bonheur du peuple ivoirien.
Selon vous, quelles sont les conditions d’une vraie réconciliation en Côte d’Ivoire ?

C.D.G : Il faut apaiser les cœurs, regardez d’abord l’intérêt de la Côte d’Ivoire, l’intérêt des populations. Une fois qu’on a vu cela, on pourra normaliser le pays. Il faut que la sécurité revienne. Il faut que nous désarmions nos cœurs. Et désarmer les cœurs signifie tenir un langage apaisé, responsable afin d’obternir une paix véritable.

Est-ce que pour vous, la libération de Laurent Gbagbo est une priorité ?
C.D.G : Il est souhaitable qu’il soit libéré. Je ne crois qu’il faille parler de priorité, de préalable. Il faut simplement discuter. Il faut simplement négocier. Il faut simplement apaiser les cœurs. Et, je pense que si on apaise les cœurs, si on a une véritable volonté de réconciliation, ça viendra avec.

Alors que vous souhaitez la libération de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara menace de le traduire devant la Cpi. Quelle réaction ?
C.D.G : Je souhaiterais que cela ne se fasse pas sous cette forme. Je souhaite qu’on apaise les cœurs.

Est-ce que pendant votre collaboration avec Laurent Gbagbo, vous avez été frustré ?
C.D.G : Ce n’est pas important.

Mais, selon nos informations, vous êtes un homme frustré.
C.D.G : Non. La preuve, je demeure sur ma ligne. Je ne m’arrête jamais sur ce genre de choses. Je profite de l’occasion pour dire que je suis reconnaissant au président Laurent Gbagbo de m’avoir révélé à la Côte d’Ivoire. C’est parce que le président Laurent Gbagbo m’a appelé à ses côtés, c’est parce qu’il m’a fait confiance, c’est parce qu’il m’a confié certaines missions que nous sommes là aujourd’hui en train de parler. Les administrateurs comme moi, il y en a à profusion, les cadres de mon niveau sont nombreux. Je voudrais le redire : je suis très reconnaissant envers le président Laurent Gbagbo de m’avoir permis de vivre et d’acquérir toutes ces expériences enrichissantes qui ont forgé ma personnalité.

Réalisée par SYLLA A.

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