Poursuivis par le ministère public pour vol, détournements de deniers publics, faux en écriture…le procès des ex-barons de la filière à peine débuté avait été reporté pour le 28 avril dernier. Malheureusement, la crise post-électorale est intervenue. Depuis lors, plus rien. Que sont-ils devenus ? Leur procès va-t-il avoir lieu un jour avec le changement de régime ? Autant de questions sur lesquelles le quotidien Le Temps a décidé de faire la lumière pour éclairer les Ivoiriens. Enquête.
Le procès des ex-barons de la filière café cacao va-t-il avoir lieu ? En tout cas, cette question mérite d’être posée. En effet, fixé au 28 avril dernier après qu’ils aient obtenu la liberté provisoire, ces femmes et hommes de la filière café cacao, détenus plus de 33 mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), n’ont pas pu se présenter devant le tribunal. A cause de la crise socio-politique que la Côte d’Ivoire a traversée. Le temps passé, il est bien de savoir ce que leur réservent les nouveaux maîtres du pays. En effet, ayant obtenu la liberté provisoire, les ex-barons ont répondu toujours présent à l’appel du tribunal. Mais, depuis la crise post-électorale qui a vu le départ du Président de la République, Laurent Gbagbo et l’arrivée de Alassane Dramane Ouattara, ces derniers sont libres de tout mouvement. Certains d’entre eux se sont retrouvés hors du pays pour se refaire une santé. Car, beaucoup d’entre eux, notamment Jacques Mangoua, membre du bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), par ailleurs Président du Conseil général de Béoumi, se trouve en ce moment sur les bords de la Seine, en France. Avant cette libération provisoire, il était interné à la Polyclinique Sainte Anne de Marie de Cocody (Pisam), pour cause de problème cardio-vasculaire. D’autres, en revanche, sont restés sur le territoire national à l’arrivée des Frci pour vaquer à leurs occupations familiales. L’ex-président du Fdppc (Fonds de développement pour la promotion des activités des producteurs café cacao), Henri Kassy Amouzou a par exemple organisé les funérailles de son géniteur, décédé alors qu’il était interné à la Maca. Il fait la navette entre Abidjan et Agnia, son village dans le département de M’Batto. Où, il s’occupe de ses nombreux hectares de plantation de café, cacao et des fermes avicoles et piscicoles. Son Secrétaire exécutif, Théophile Kouassi séjourne quant à lui à Paris en France.
Tous vaquent à leurs occupations quotidiennes
S’agissant du doyen Lucien Tapé Do, ex-président du Conseil d’administration de la Bourse café cacao (Bcc), ses proches indiquent qu’il est en lieu sûr. Avant la crise, il a été aperçu dans un grand magasin de vente de ciment dans la cité des antilopes, Daloa. Placide Zoungrana et de Gbogou Didier, respectivement président du Conseil d’administration et Directeur général de l’Arcc (Autorité de régulation du café et du cacao) sont à leurs résidences dans la commune de Cocody. Il en est de même pour Firmin Kouakou, ex-Directeur général du Frc (Fonds de régulation du café cacao). Bien que, bénéficiant d’un certificat médical pour aller se faire soigner, parce que, souffrant d’un problème cardiaque, l’homme a décidé de rester sur le territoire ivoirien, pour répondre à l’appel du Président du tribunal d’Abidjan. Au cas, où celui-ci aurait besoin de lui pour nécessité d’enquête. Quant à Bernard Kouassi Kouamé, ex-président du Conseil d’administration de Sifca-coop, il est retourné à Gabiadji, dans la région de San Pedro pour s’occuper de ses nombreuses plantations de cacao et de café. Président du conseil d’administration de la coopérative des producteurs de Gabiadji (Coopaga), il a distribué récemment, en collaboration avec une multinationale de la place, plusieurs centaines de millions de Fcfa aux membres de sa coopérative, comme commission au titre de la campagne commerciale en cours. Pour sa part, Jean Claude Bayou Bagnon, ex-Directeur général du Fdppc (Fonds de garantie des coopératives café cacao), est quant à lui dans la capitale économique du pays Abidjan. Il en est de même pour Mme Angeline Kili, ex-présidente du Conseil d’administration du Fonds de régulation du cacao café (Frc). Sa mise en liberté provisoire a été de courte durée. Puisqu’elle a été arrêtée le 11 avril dernier à la résidence du Président de la République, Laurent Gbagbo pour être conduite par la suite à l’hôtel la Pergola. Elle a été relâchée il y a quelques semaines en compagnie de 14 autres barons du Fpi.
La reprise de leur procès n’est pas à l’ordre du jour
Selon ses proches, elle est à sa résidence, à Cocody. Elle se consacre à plusieurs séances de prières avec certaines de ses amies chrétiennes. Pour le reste, les femmes, notamment Mmes Agbelessi, Joëlle Adou, Houssou Amenan et leurs autres co-détenues ont regagné leur époux respectif. Elles s’occupent en entendant à faire autre chose. « Pour le moment, nous nous occupons de nos enfants et de nos foyers respectifs », dit l’une d’entre-elles. Qui indique que de temps en temps elle appelle certaines de ses sœurs et frères avec qui ils ont vécu à la Maca pour s’enquérir de leurs nouvelles. « Nous nous appelons très souvent. Nous avons formé une famille depuis la Maca », dit-elle. Tout en ajoutant que la plupart est en bonne santé. S’agissant de leur jugement ou pas, pour le moment, le tribunal n’y songe pas. Poursuivis par le Parquet d’Abidjan pour vols, détournement de deniers publics, escroquerie, faux en écriture…ces ex-barons s’ils sont jugés coupables devraient purger des peines comprises entre 5 et 20 ans de prison. Pour un des avocats de la défense, les charges retenues contre eux ne sont pas encore annulées. Mais, il revient au ministère public s’il le veut, de les convoquer pour la réouverture de leur procès. En l’espèce, dit l’homme de droit, il est le seul maître à bord pour la poursuite de ce procès. S’agissant de l’avenir politique de ceux d’entre eux qui sont intéressés, l’homme de droit indique qu’ils sont libres de mener des activités politiques. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas reçu de condamnation. Leur casier judiciaire demeure selon lui toujours vide. « Ils sont tous des présumés accusés. Ils peuvent se présenter à toutes les élections. Car, ils n’ont jamais été condamnés. D’ailleurs, de leur cellule de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), ils ont accompli leur devoir de citoyen en participant à l’élection présidentielle de 2010. Un d’entre eux a d’ailleurs indiqué que si un jour ou l’autre, le tribunal a besoin d’eux, ils répondront présents comme ils l’ont toujours fait”.
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
Le Temps
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