Soir Info
L’attitude adoptée par Habiba Coulibaly, substitut du procureur de la République, face aux questions des journalistes n’a pas permis de se faire une opinion précise des poursuites engagées contre les pro-Gbagbo. Pendant la quinzaine de minutes qu’a duré ce « point de presse », Habiba Coulibaly a joué au chat et à la souris avec les journalistes, esquivant leurs questions. C’est d’ailleurs au pas de course qu’elle a quitté la salle après avoir mis subitement fin aux échanges. Sur la question relative à Blé Goudé,il faut le dire, Habiba Coulibaly a pris tout le monde à contre-pied. Pis, elle a donné une information qui tranche radicalement avec celle que le ministre d’Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Ahoussou Kouadio Jeannot, avait livrée solennellement,il y a peu. « On sait où Blé Goudé est. On sait comment il se comporte », affirmait-il le 6 juillet 2011 en marge de l’ouverture du séminaire gouvernemental. Habiba Coulibaly va dans la direction opposée à celle du ministre de la Justice. « Blé Goudé est introuvable. Nous ne l’avons pas encore localisé. Mais il le sera… Nous avons saisi Interpol, ça peut prendre le temps que ça va prendre, nous le retrouverons…Il faut qu’il soit localisé. Nous avons lancé nos mandats et nous attendons qu’il soit localisé. Dans tous les cas, il se trouve dans un pays, il n’est pas dans les airs », a dit Madame le substitut du procureur. La question de la localisation, de l’arrestation et de l’extradition de Blé Goudé est devenue un vrai casse-tête ivoirien, au point que le procureur et son ministre donnent des informations contradictoires. Pour ce qui est de l’autorisation préalable que devait requérir le parquet auprès du Conseil constitutionnel en vue de l’inculpation de Laurent Gbagbo, Habiba Coulibaly a avoué son incapacité à répondre à la question. « Permettez-moi de ne pas répondre à cette question. Pour le moment, nous ne sommes pas à ce stade », a-t-elle lancé. Laurent Gbagbo est assigné à résidence à Korhogo et n’a toujours pas été inculpé.
4 nouvelles personnes inculpées et arrêtées
Relativement aux enquêtes judiciaires diligentées par le parquet après la crise postélectorale, quatre (4) nouvelles personnes ont été inculpées et placées en détention préventive, a indiqué le vendredi 8 juillet 2011, Habiba Coulibaly, substitut du procureur de la République et porte-parole du parquet. Ce sont, dit-on de « gros poissons » issus des eaux de la Refondation qui viennent de tomber dans les filets du parquet d’Abidjan. Deux (2) des quatre personnes arrêtées sont inculpées « d’infractions contre les biens de la République ». Elles viennent s’ajouter aux 15 personnes déjà placées en détention pour les mêmes délits. En ce qui concerne les infractions contre la sûreté de l’État, deux (2) personnes ont été inculpées et placées en détention, en plus des 22 personnes qui croupissent déjà dans les prisons et à la Pergola. Les enquêtes relatives aux crimes de sang se poursuivent, a assuré Mme Coulibaly qui s’est refusée à dévoiler l’identité des nouvelles personnalités arrêtées, pour dit-elle, « des questions de sécurité ». « Pour les nouvelles personnes inculpées, je suis au regret de ne pas répondre à cette question… Je ne peux vous révéler leurs identités », a-t-elle déclaré. Mme le procureur s’est voulue rassurante quant à l’extradition de Blé Goudé mais a avoué que le leader des jeunes patriotes est jusqu’à ce jour « introuvable ». «Blé Goudé étant sous sanction des Nations unies, son extradition devrait, en principe, se faire plus facilement », a-t-elle indiqué. Habiba Coulibaly a souligné, par ailleurs, que d’autres mandats d’arrêt ont été lancés, mais s’est gardée de dire contre qui. Elle a indiqué, en ce qui concerne les crimes de sang, que compte tenu du nombre élevé des victimes, « une cellule spéciale a été mise sur pied pour permettre l’audition de ces personnes ou de leurs ayants-droit ». Cette cellule devrait être installée dans les prochains jours, a-t-elle ajouté. En ce qui concerne les personnes frappées par les mesures de gel des avoirs pour nécessité d’enquête, une autre cellule spéciale est ouverte au parquet d’Abidjan, visant à entendre les personnes concernées, pour éventuellement lever cette mesure. Pour ce faire, ces personnes peuvent saisir, dans l’enceinte du parquet, des officiers de police judiciaire « pour éventuellement demander la lavée de ces mesures ». Elle a ajouté que déjà 43 demandes présentées par des personnes dont les comptes ont été gelés sont en train d’être examinées. Selon des sources informées, le professeur Kata Kéké, ministre de la Recherche scientifique dans le gouvernement Aké Ngbo, et Sokouri Bohui, chargé des élections aux Front populaire ivoirien (Fpi) figurent au nombre des quatre personnes nouvellement inculpées.
Armand B. DEPEYLA
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