Par Félix D.BONY Source: L’inter
Le Front populaire ivoirien (FPI) traverse une période difficile depuis la chute du régime Gbagbo. Le parti, qui a amené l’ex-président de la République au pouvoir, joue sa survie, à la suite des événements qui ont vu le départ dans la déchéance, de son fondateur de la présidence. Traque aux cadres de cette formation politique, objets pour la plupart de poursuites judiciaires et réfugiés dans leur grand ensemble dans des pays voisins, restrictions diverses tel le gel de leurs avoirs… le FPI n’est pas à l’abri de ce que l’on peut qualifier de harcèlement de la part de ses adversaires d’hier devenus les hommes forts d’aujourd’hui. Décapité de ses premiers responsables détenus par les nouvelles autorités, l’ex-parti au pouvoir est dans une véritable traversée du désert. C’est dans ce contexte tumultueux pour les partisans de Laurent Gbagbo que s’annonce avec insistance la tenue des prochaines élections législatives. Scrutin qui constitue le baromètre des forces en présence et des leaders sur l’échiquier politique dans tout pays. Que peut peser le FPI au cours de ces élections? La question ne se pose même pas pour le moment dans le parti dirigé par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’guessan, lui-même détenu à la prison de Bouna, ainsi que ses deux vice-présidents, Sangaré Aboudramane et Simone Gbagbo, assignés résidence respectivement à Katiola et à Odienné, dans les zones tenues par l’ex-rébellion. Projeté au-devant de la scène par la force des choses, le 3ème vice-président du parti, l’iconoclaste président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a déjà annoncé les couleurs. Le désormais premier responsable du FPI, en attendant la libération de ses camarades ou l’organisation d’un congrès, est formel sur la participation de sa formation politique aux prochaines élections, notamment les législatives annoncées pour les mois à venir, d’ici, la fin de l’année. Pour le 3ème vice-président devenu l’intérimaire d’Affi N’guessan, il n’est pas évident que son parti prenne part à ces consultations électorales, aussi déterminantes soient-elles, si certains préalables ne sont pas levés. Mamadou Koulibaly pose comme condition la refonte de la Commission électorale indépendante (CEI) pour l’adapter à la donne du moment. Une sorte de catharsis, qui devait permettre d’établir un équilibre dans la représentation des forces politiques dont le FPI, au sein de cet organe en charge des élections. Outre la présence à l’extérieur des cadres de son parti, dont nombreux sont d’éventuels candidats dans leurs régions respectives, Mamadou Koulibaly pose en point de mire, la question sécuritaire, qui devra permettre à ces camarades non seulement de rentrer au pays, mais à tous de pouvoir faire campagne sans risque sur l’ensemble du territoire ivoirien. Dans le fond, le président intérimaire du FPI pose de sérieux problèmes, qui méritent qu’on s’y penche. Mais, mieux que quiconque, le chef du Parlement ivoirien sait qu’avec les législatives annoncées pour d’ici, la fin de l’année, l’on se trouve en plein sur le terrain politique. Là où les acteurs, sans état d’âme, ne font aucunement la moindre passe à l’adversaire. Le FPI a malheureusement en face, de nouveaux dirigeants issus de l’opposition, mais surtout d’une formation politique qui s’appelle le RDR. Famille politique qui ne manque pas l’occasion de rappeler à qui veut l’entendre, le martyr qu’elle a souffert depuis sa création. Les dirigeants du RDR murmurent encore leur vengeance sur l’élimination de leur leader aux élections de 2000, en particulier aux législatives auxquelles ils n’ont pu prendre part. Toute chose qui leur aura valu de ne compter aucun député formellement dans la 9ème législature en finition. Aujourd’hui, avec ou sans le FPI, Alassane Ouattara et ses partisans, pour qui il n’y aurait rien de nouveau sous les cieux, seront prêts à aller aux élections. Peu importe ce qu’on dira, pour ces nouveaux dirigeants, ce ne serait qu’un retour à l’envoyeur. Aussi, quoique fondées, les conditions que pose Mamadou Koulibaly ne semblent en rien préoccuper ses interlocuteurs, indifférents à ses appels et à ses démarches. Finalement, l’on s’achemine inexorablement vers le scrutin annoncé avec de fortes chances que le FPI opte pour une politique de la chaise vide. A moins de prendre le risque d’aller à ces élections et d’en sortir avec un fiasco qui sera assimilé à un cinglant désaveu du peuple et interprété comme à son poids réel sur l’échiquier politique ivoirien. Dans un cas comme dans l’autre cas, hélas, le parti de Laurent Gbagbo est en danger. L’on sait ce que la politique de la chaise vide a coûté au RDR les grands débats à l’Hémicycle durant ces 10 dernières années. L’on imagine ce que cela coûtera au FPI de ne pas être représenté au Parlement ou d’être sous représenté dans la prochaine législature, sous un régime dirigé par son adversaire. Quel poids la nouvelle opposition aura-t-elle face aux nouveaux dirigeants? Comment pourra-t-elle contrôler l’action gouvernementale? En tout cas, ce serait un chèque à blanc que l’ex-parti au pouvoir, qui rêve de reconquérir l’Exécutif perdu dans des conditions un peu désordonnées, aura donné au président Ouattara et à ses alliés politiques. Lesquels ne cracheront sur aucune manœuvre pour coincer autant que possible le FPI et ses dirigeants. Dur dur donc pour Mamadou Koulibaly et ses partisans, qui regardent l’horizon aujourd’hui sans avoir de prise sur la réalité politique à venir.
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