Abdoulaye Wade a décidé de renvoyer Hissène Habré dans son pays, le Tchad. L’ex-dictateur doit arriver à N’Djamena lundi, par vol spécial. Une décision qui surprend les plus fins connaisseurs du dossier, mais qui enlève une épine du pied du président sénégalais, très violemment critiqué dans son pays.
Confronté aux critiques des associations de victimes et des ONG internationales, Abdoulaye Wade ne voulait déjà plus entendre parler du dossier Hissène Habré, dont il souhaitait, disait-il, « se débarrasser ». Après plusieurs semaines d’hésitation, il a désormais opté pour la solution la plus radicale et la plus rapide. Dans une lettre reçue ce vendredi à N’Djamena, le président sénégalais a averti son homologue tchadien Idriss Déby Itno avoir décidé de renvoyer l’ancien dictateur dans la capitale tchadienne lundi, dans un vol spécial affrété par Dakar, sans l’avoir jugé.
« Le gouvernement de la République du Tchad porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale ce qui suit : par lettre (…) du 5 juillet 2011, le président Abdoulaye Wade informe son ami le président (Idriss) Deby (Itno) de sa décision de renvoyer dans son pays d’origine M. Hissène Habré le lundi 11 juillet par un vol spécial affrété par le gouvernement sénégalais, indique le texte du communiqué du gouvernement qui prend acte de cette décision. » Teodoro Obiang Nguema, chef de l’État équato-guinéen et président en exercice de l’UA, ainsi que Jean Ping, président de la Commission de l’UA, ont également été informés du prochain retour d’Hissène Habré dans son pays.
Un procès à N’Djamena ?
N’Djamena avait précédemment indiqué qu’elle ne s’opposerait pas à ce retour, se disant prête à organiser le procès de l’ancien président. « On ne peut pas refuser un compatriote », a réagi une source proche de la présidence tchadienne, interrogée par jeuneafrique.com. L’avocat de l’État tchadien, Me Jean-Bernard Padaré, indique de son côté que les autorités tchadiennes ne s’attendaient pas à un tel revirement du président sénégalais. « Nous nous réjouissons que Wade prenne en compte les souffrances des victimes du régime d’Hissène Habré », a-t-il déclaré à jeuneafrique.com.
Reed Brody, porte-parole de Human Rights Watch et grand spécialiste du dossier, s’avoue quant à lui extrêmement surpris de la décision sénégalaise. « Abdoulaye Wade voulait se débarrasser d’Hissène Habrè depuis un moment, mais nous nous sommes toujours opposés à son transfert vers le Tchad car les conditions ne sont pas réunies pour qu’il y ait un procès impartial. En outre, Hissène Habrè est déjà condamné à mort par contumace, au Tchad. Sa sécurité n’est pas garantie. Évidemment, nous nous battons pour qu’il soit jugé depuis des années, mais dans des bonnes conditions. Cette décision du Sénégal, nous ne la comprenons pas. »
Le cas de l’ex-dictateur tchadien avait été évoqué à Malabo lors du dernier sommet de l’Union africaine. Abdoulaye Wade, qui n’avait pas fait le déplacement dans la capitale équato-guinéenne, avait cependant fait parvenir à Jean Ping, le président de la Commission de l’UA, une lettre expliquant son envie de mettre fin au rôle du Sénégal dans l’affaire Habré. Et qu’il était donc inutile d’y revenir. Un projet de résolution de l’UA prévoyait en effet d’accorder à Dakar un délai supplémentaire de six mois pour préparer le procès.
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