Alassane Ouattara veut gouverner autrement la Côte d`Ivoire. Le successeur de Laurent Gbagbo tient en effet à marquer son règne de son empreinte. Obstinément. Et ce souci de rompre avec l`ancien régime, il l`a réaffirmé au cours de ses deux interventions lors du séminaire gouvernemental organisé les 5 et 6 juillet dernier. Mieux, cela transparaît dans certains projets que le gouvernement entend mettre en oeuvre dans les six mois à venir. « Les enjeux sont tels que nous devons rompre avec les pratiques antérieures », a-t-il annoncé les couleurs. Et le chef de l`Etat d`insister, de façon presque obsessionnelle, sur la nécessité d`opérer la rupture d`avec le régime de la Refondation. « Nous sommes appelés à insuffler un nouvel élan qualitatif à la vie politique, économique et sociale de notre pays », a-t-il souligné à l`ouverture du séminaire, avant de renchérir: « Nous avons l`ambition d`apporter des changements qualitatifs notables dans la vie de nos concitoyens ». Le nouveau locataire du palais présidentiel entend faire de la bonne gouvernance son maître-mot. « La rigueur et l`efficacité doivent constituer le socle de toutes les actions que vous aurez à entreprendre », a-t-il lancé à l`endroit des membres de son gouvernement. A la cérémonie de clôture, Ouattara a encore laissé transparaître sa détermination à changer les pratiques qui avaient cours sous le régime Gbagbo. Ce changement, a-t-il répété, devra être marqué notamment par l`obligation de résultat pour chacun des ministres: « J`attends de chaque ministre qu`il(ou qu`elle) sache clairement ce qu`il a à faire, comment il compte le faire et dans quel délai ». Mieux, il a promis de soumettre leur rendement à une évaluation. « Les ministres du gouvernement seront évalués », a-t-il lâché, achevant ainsi de montrer qu`il veut imprimer une nouvelle dynamique à la gestion du pouvoir. Les ministres seront donc évalués non pas sur leurs bonnes intentions mais sur les actes qu`ils posent dans l`exercice de leur fonction en vue d`influer positivement sur le quotidien des Ivoiriens. Fini donc les ministres incompétents qu`on maintient au gouvernement. Tous sont soumis à une obligation de résultat. « Les six mois à venir seront une période d`actions. Je veux que ces actions soient visibles et profitables à tous nos concitoyens », a ordonné Ouattara aux 36 membres du gouvernement. Mais l`ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international(Fmi) ne veut pas se contenter de changer la méthode de travail, il entend aussi mettre l`accent sur le respect des valeurs morales. Aussi a-t-il fait élaborer une charte d`éthique et de déontologie des membres du gouvernement, à laquelle il semble particulièrement tenir. Chacun des ministres, a-t-il insisté, sera également jugé sur sa capacité à se plier à cette charte, censée règlementer la conduite des membres du gouvernement. Autant d`initiatives qui témoignent d`une volonté de gouverner autrement avec pour souci d`influer significativement sur les préoccupations pressantes des Ivoiriens. La volonté de rupture se voit par ailleurs aux chantiers que le gouvernement Ouattara envisage de lancer d`ici à la fin de l`année 2011. Entre autres: la lutte contre le racket sous toutes ses formes, la moralisation du milieu judiciaire, la régulation de l`activité syndicale, la publication des résultats de l`audit sur la filière café-cacao et des chiffres sur la production et la commercialisation des ressources pétrolières et minières du pays. L`engagement à lutter contre le racket perceptible ces derniers temps est en soi un signal fort, vu que ce phénomène était en passe de devenir une maladie incurable. Est également à saluer l`intention de moraliser le milieu judiciaire, réputé être miné par la corruption. La publication régulière des recettes issues du pétrole viendra mettre fin à l`opacité qui entourait jusque-là l`argent des ressources pétrolières. Autres innovations significatives: la proposition d`appel à candidature à généraliser pour le recrutement dans les sociétés d`Etat et l`adoption d`un guide de prix de référence pour l`acquisition de l`équipement et du matériel de bureau. La première proposition de Guillaume Soro a pour avantage de mettre désormais à la place qu`il faut les compétences qu`il faut, sans clientélisme ni régionalisme. La seconde a pour mérite de réduire les dépenses de l`Etat en luttant contre la surfacturation à laquelle donne lieu l`achat de matériel dans l`administration publique. On le voit, Ouattara veut tout chambouler.
Assane NIADA
Photo: Les ministres à la table du séminaire
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