Musique ivoirienne – Ceux qui étaient en première ligne du zouglou et les autres acteurs qui ont suivi, auront droit à une reconnaissance. Mathématiquement, le zouglou moderne aura 20 ans, le 2 octobre prochain. Et l’anniversaire de la naissance de ce mouvement fait bouger des lèvres, avec en toile de fond, la récompense de ses acteurs au complet, en décembre prochain. Le projet est porté par Ivoire management, une structure de production, de promotion et d’événementiel dans le domaine des arts et de la culture. Ainsi, chanteurs, danseurs, percussionnistes, producteurs, arrangeurs, journalistes, managers, organisateurs de spectacle et supports médiatiques ayant contribué à la naissance et/ ou à l’essor du zouglou auront droit à une reconnaissance. Claude Bassolé qui pilote le projet est formel. Même s’il se montre prudent, quant à la date du 3 décembre prochain qu’il avance pour dérouler l’événement national dans la salle Anoumabo (le peu qui reste encore du pillage) du Palais de la culture de Treichville.
« Le zouglou ne s’est pas fait seul, c’est le produit d’une synergie. Au cours de cette cérémonie, il s’agira donc de dire merci, au-delà des chanteurs, à tous les autres acteurs du mouvement qui ont travaillé dans l’ombre. Il ne faut oublier. Personne. Dans certains secteurs, il y en a eu qui
Pour tous ces faiseurs et militants du mouvement zouglou, précise-il, « il ne sera pas prévu de trophée ni d’enveloppe mais quelque chose de symbolique. » Car pour Claude Basolé et le comité qui travaille à la réalisation du projet, « le plus important sera la reconnaissance nationale des efforts de chacun », à quel que niveau qu’il soit, pour avoir permis au zouglou de naître et de pousser des ailles qui lui permettent aujourd’hui de voyager hors des frontières ivoiriennes.
En effet, le zouglou est à la fois un style musical, chorégraphique et philosophique qui mêle l’humour à la satire politico-sociale virulente. Il est né au lycée de Gagnoa en tant que danse, mais a connu son éclosion au plan musical, dans le milieu étudiant en 1991, notamment dans les bouillantes Cités universitaires de Yop I et II, aux Toits-Rouges. Cette création qui a pour ancêtre « l ambiance facile » des années Lycée-Oissu (80), est une révolte face aux conditions de vie et de travail misérabilistes que vivaient les étudiants de Côte d’Ivoire, quelques années avant la fin du régime Houphouët qui se confond avec sa mort, en décembre 1993. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, ce n’est pas un étudiant mais un de leurs amis recalé par le bac, Poignon, qui sortira, le 2 octobre 1991, le premier album zouglou « Zomamazo » et ouvrit ainsi la voie à la quête vers une première identité musicale nationale de Côte d’Ivoire. Bien sûr, après Poignon et le Zougloumania, se révoltèrent un mois plus tard, Bilé Didier et les parents du Campus ambiance dans « Gboglo Koffi ».
Avec le soutien massif et qui apporta son appui à la Fesci de leurs camarades étudiants et élèves de Côte d’Ivoire qui se reconnaissent dans la Fesci crée en 1990, cet album produit par Diarra Ousmane (lui aussi étudiant), battit tous les records de vente, devint un tube. L’oeuvre servira surtout à l’ensemble des étudiants et élèves de puissant moyen de revendication et de pression qu’ils exercèrent sur le président Félix Houphouët-Boigny en vue de voir leur situation s’améliorer.
C’est donc ce puissant mouvement social de revendication et de dénonciation, avec un rôle subtile dans la lutte syndicale de la Fesci, qui a fini par gagner toute la vie ivoirienne, que s’apprête à célébrer Ivoire management à sa manière. On peut le dire. Après les producteurs-managers Angelo Kabila et Charles Blé Goudé qui lui consacrent déjà un festival de dimension internationale, suite d’une trilogie de soirées explosives de même goût, et une séminaire sur le rythme initié l’an dernier par le ministère de la Culture, la légende du zouglou continue de s’écrire.
Rendez-vous donc en décembre 2011 pour les 20 années, mathématiquement, du zouglou qui engendra Magic System, sa mascotte. Espérons que d’ici là, toutes les forces vives du mouvement, dont certaines se trouvent en exil, seront réunies autour de ceux qui seront honorés pour apporter leur chaleur à la fête.
Schadé Adédé
Notre Voie/04/07/2011
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