Le Patriote
Depuis quelques semaines, la passion sportive en Côte d’Ivoire est caporalisée par la prochaine élection du président de la fédération de football. En effet, au sortir de l’AG mixte (suite) le week-end à venir, les clubs doivent décider de la date de l’AGE. C’est à partir de ce conclave que la date du dépôt des candidatures sera connue et naturellement la liste de tous ceux qui iront à l’assaut de la maison de verre de Treichville. Mais avant cette date, les choses bougent déjà dans la cité. Des candidatures annoncées à celles supposées en passant par celles qui sont attendues, tout y passe. Anzouan Kacou, ex-lieutenant de Dieng et d’Anouma, a officiellement annoncé sa volonté de devenir calife à la place du calife. L’ancien patron de l’organisation des compétitions de la FIF veut mettre son empreinte sur le football ivoirien. Avec lui, il faut citer Séré Williams. Ce dirigeant d’un club de la côtière, FC San-Pedro, veut aussi la FIF pour apporter sa vision. Si ces deux ont eu le courage ou l’empressement d’annoncer leur candidature, d’autres restent encore dans l’omerta total. Eugène Diomandé, le président du Séwé, plusieurs fois annoncé, n’a toujours rien dit sur son ambition de diriger le football ivoirien. Quant à Gnizako Antoine, ce dernier, selon ses proches, aurait renoncé à la FIF.
Dieng-Anouma acte 2 ?
Mais les ivoiriens ne sont pas dupes. Ils savent et sentent que deux gros bras du football ivoirien n’ont encore rien décidé officiellement mais qu’ils seraient, sauf cataclysme, dans le starting-block. Il s’agit du président sortant, Jacques Bernard Anouma et l’ancien président, Dieng Ousseynou. Il suffit de voir le jeu de cache-cache que se livrent ces deux personnalités de notre football pour se convaincre de leur future candidature. Président en exercice jusqu’à présent, Anouma n’a toujours pas dit officiellement s’il briguera un troisième mandat. Idem pour Dieng Ousseynou qui, non plus, n’a pas affiché publiquement sa volonté de retrouver son bureau qu’il a quitté en mars 2002. Ça, c’est ce qui est officiel. Car sous cape, les deux hommes travaillent pour la même chose. Le poste de président de la FIF. Anouma veut un troisième mandat et Dieng veut revenir à la tête du football ivoirien. Chacun y va de sa stratégie préélectorale. Ces deux hommes se connaissent bien pour s’être affrontés en 1999 dans une élection explosive qui a finalement tourné à l’avantage de Dieng Ousseynou. Le deuxième duel qui devrait avoir lieu en 2002 entre les deux «frères ennemis» n’a plus eu lieu. Faute de combattant. Dieng a été contraint à la démission après l’humiliation de la CAN 2002 (16ème) et surtout une pression politique sauvage. Finalement, Anouma est passé haut les mains. Ces élections à venir ressemblent bien fort à ce match retour entre deux personnes qui ont pris la FIF ensemble (Anouma était le président de la ligue sous Dieng avant de démissionner en 1998) en 1991. Dieng et Anouma multiplient les actions de séduction au niveau des clubs et des Ivoiriens. Le tout soutenu par une campagne de presse qui est en train de virer à la poubelle.
Dans le camp de l’ancien président, Dieng, on avance masqué. L’homme consulte en silence les électeurs et prend le plus d’attaches politiques possibles pour son projet de retour à la maison de verre. Sa récente visite au président Bédié à Daoukro est interprétée dans ce sens. Dieng serait allé informer le président de son parti, le PDCI, de sa volonté de briguer la FIF et si possible négocier son soutien. A cela, il faut ajouter les articles de presse défavorables à Anouma dans les journaux proches du PDCI. Selon certaines langues, ces articles auraient été suscités par Dieng. Vrai ou faux ? En tout cas, son entourage dément toute implication dans les sulfureux pamphlets passés il y a quelques jours dans certaines publications. Mais ces derniers ne confirment ni n’infirment la prochaine candidature de celui qui a tenu la FIF pendant 11 ans (1991-2002) le football ivoirien. Mais personne n’est dupe et tous ceux qui vivent le football ivoirien au quotidien savent que Dieng manœuvre pour son retour.
Jacques Anouma, le président en exercice, a toujours botté en touche la question. Sa réponse n’a quasiment pas variée depuis quelques mois. « Je vais d’abord consulter les clubs et en fonction de ce qu’ils me diront, je prendrai une décision», répète très souvent Anouma. Mais sur le terrain, les choses semblent autres. Anouma, depuis quelques semaines multiplient les rencontres avec les clubs. Comme Dieng, il les reçoit et échange avec eux. Aujourd’hui, il entame une série de rencontres qui lui permettra de voir les clubs de L1, L2 et la D3 en trois jours. Officiellement, il s’agit de préparer la suite de l’AG mixte prévue le 9 juillet prochain, mais tout le monde sait que ces consultations ont une forte odeur de précampagne. Sur le terrain politique, il est tout aussi actif que Dieng. Jacques Anouma a été reçu à deux reprises par le président de la République, Alassane Ouattara et, selon une source bien introduite, par le président Bédié. Inutile de dire que la FIF et le football ivoirien étaient au menu de ces audiences de haut vol. Dans la presse également, le président sortant est défendu bec et ongle par ceux qui pensent qu’il a le bon profil et que tout ce qui est dit par certains confrères n’est que pure méchanceté. Si jusqu’à présent Anouma n’a pas encore ouvertement déclaré sa volonté de se succéder à lui-même, son attitude et des confidences de ses proches laissent croire qu’il sera bel et bien dans le starting-block.
Comme on le constate, ceux des deux gros pachydermes qui sont pressentis pour animer la campagne à la FIF avancent quelque peu masqués. Mais pas très assez pour tromper le peuple qui est persuadé que la bataille entre Anouma et Dieng aura bien lieu. Sauf cataclysme de dernière minute.
Koné Lassiné
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