A Duékoué, les réfugiés ne sont plus que 12 500 à la mission catholique

Photo: Connectionivoirienne.net

Source: la-croix.com

En avril, au plus fort de la crise post-électorale de la Côte d’Ivoire, 30 000 personnes avaient trouvé refuge dans la mission catholique de Don Bosco à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Trois mois plus tard, ils sont 12 500 dans la cour de la mission.

« Plus de 17 000 réfugiés sont déjà partis. Il en reste 12 500 », constate le P. Cyprien, 43 ans. Le visage souriant, une énergie et un optimisme à toute épreuve, ce prêtre de Don Bosco, arrivé à la mission catholique de Duékoué en septembre 2010, se démène sans compter pour affronter la crise humanitaire qui déchire l’ouest de la Côte d’Ivoire. En avril, au plus fort de la crise post-électorale, sa mission était submergée par 30 000 réfugiés, des Guérés, dans des conditions d’extrême insalubrité.

Trois mois après, selon le prêtre, le climat est moins tendu dans la ville. « Le gouvernement a installé huit camps militaires pour sécuriser la région, explique-t-il. Les tensions entre communautés sont moins fortes. Chaque jour, on encourage les Guérés à rentrer chez eux, dans leur quartier de Duékoué, dans les villages environnants, ou à rejoindre un camp plus adapté à l’accueil des réfugiés, à quelques centaines de mètres de la mission, ouvert par une cinquantaine d’ONG internationales. Huit cents d’entre eux l’on fait », raconte-t-il.

Les Dozos, l’ethnie de chasseurs redoutés par les Guérés, qui servent de supplétifs aux forces d’Alassane Ouattara, sont désormais plus contrôlés. Les nouvelles autorités leur ont demandé de rassurer les populations et de montrer « le côté positif de ce qu’ils sont : des hommes loyaux et courageux », et non des tortionnaires à la solde de petits truands profitant du chaos pour s’approprier les biens et les terres des Guérés. « Il y a encore quelques éléments incontrôlés, mais ils sont rares », affirme le prêtre de la mission catholique.
Malinkés et Guérés

Depuis la fin des années 1990, les Guérés, l’ethnie historique de la région, réclament la restitution des terres qu’ils ont vendues à des étrangers, les « allogènes » (essentiellement des Malinkés, une ethnie du nord de la Côte d’Ivoire, mais aussi des Burkinabés et des Maliens).

Encouragés depuis 2002 par Laurent Gbagbo, les miliciens guérés ont mené la vie dure aux Malinkés jusqu’en 2010. Après la victoire d’Alassane Ouattara, le 28 novembre 2010, les Malinkés ont rendu la pareille aux Guérés, avec l’appui des Dozos.

Lorsque la ville est tombée, le 28 mars, entre les mains des FRCI, les forces d’Alassane Ouattara, les Guérés se sont réfugiés en masse dans la mission catholique. Beaucoup venaient de Carrefour, un quartier de Duékoué victime d’une razzia des Dozos et des éléments « incontrôlés ». Cette offensive a fait des centaines de morts.

Les Guérés survivants disent avoir été victimes d’une purification ethnique. Les Malinkés affirment que seuls les miliciens guérés ont été exécutés. Aujourd’hui, avec l’aide de la Caritas et d’un don de 32 millions de francs CFA offerts par Benoît XVI, le P. Cyprien réhabilite les maisons de Carrefour afin de faciliter le retour des réfugiés.
Retour des réfugiés

Dans deux mois, le P. Cyprien espère voir 12 500 réfugiés de la mission de retour chez eux. L’un des obstacles à ce retour complet est la présence dans la mission d’anciens miliciens guérés. Ces derniers se cachent derrière les réfugiés.

Avec l’aide de l’Onuci, des nouvelles autorités politiques et des FRCI, le prêtre compte trouver une solution négociée avec ces miliciens afin de les soustraire à la vengeance des extrémistes malinkés.

« Si tout va bien, nous allons pouvoir rouvrir notre école d’ici à la fin du mois de septembre. Pour cela, il faudra tout remettre en état : le sol est défoncé, les bâtiments abîmés, les livres de la bibliothèque partis en fumée, nos sources d’eau épuisées… Mais nous avons confiance. Les élèves, les familles, les professeurs ont hâte de reprendre les cours. La formation technique que nous dispensons ici permet aux jeunes de trouver un emploi, de s’insérer dans le tissu économique de la Côte d’Ivoire. Désœuvrés, ils sont facilement enrôlés par les bandits ou les politiques peu scrupuleux. » Une issue que beaucoup veulent éviter.
LAURENT LARCHER

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