Le Temps
Malgré les nombreux appels des nouvelles autorités ivoiriennes, le racket a pris une autre forme. Ici, ce sont les propriétaires des maquis bars, les résidents des quartiers qui sont obligés de se cotiser pour payer les éléments des Frci.
«On nous a dit qu’ils sont venus nous sauver. Mais, ils nous font subir beaucoup de méchancetés. Ils m’ont pris mes pièces et me demandent 10 000 Fcfa pour les récupérer.
Au temps de Gbagbo, c’est la somme de 500 Fcfa qu’ils nous prenaient». Cette grogne à l’encontre des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) est de Youssouf Traoré, chauffeur de taxi communément appelé “woro-woro”, faisant la ligne gare de Saint Jean-Riviera 2. C’était jeudi dernier devant le Commissariat du 8e arrondissement de police de Cocody. Ce dernier ne comprend pas pourquoi, ces éléments Frci basés dans ces locaux de la police qu’ils n’ont pas encore libérés lui exige cette somme. Il se demande dans quelle régie cette forte somme atterrit. A l’en croire, autrefois, lorsque les policiers de Gbagbo les arrêtent pour une infraction, ils leur donnent des papillons pour aller payer la somme de 2000 Fcfa au Trésor public. Comme Youssouf Traoré, plusieurs de ses collègues subissent les mêmes traitements par les forces loyales aux nouvelles autorités du pays. En effet, fait remarquer Abou F. un autre chauffeur de taxi woro woro assurant la ligne Riviera 2-Cocody Saint Jean, les nouveaux locataires abusent de leur pouvoir. Il explique qu’ils sont victimes de rackets par ces éléments. «Ils ne viennent pas sur la route. Mais, ils sont postés devant la cabine téléphonique à quelques mètres du commissariat pour opérer», dit-il. Tout en ajoutant que ces éléments refusent de prendre la somme de 500 Fcfa. «Leur taux est compris entre 2000 Fcfa et 10000 Fcfa. Si tu as le malheur de leur dire que tu sors du garage, ils bloquent tes pièces jusqu’à ce que tu viennes leur donner ce qu’ils t’ont exigé comme taxes», fait-il remarquer. Un autre chauffeur, Mohamed F. qui assure la ligne Cocody Saint Jean-Lycée Mahou se dit un peu déçu du mauvais comportement «des sauveurs» des Ivoiriens. «Ils (les éléments des Frci), peuvent surgir de nulle part et vous demander de leur donner 2000 Fcfa ou même 5000 Fcfa pour une infraction dont ils sont seuls à connaître le contenu. Dans la soirée du 28 juin, aux environs de 18 heures, explique-t-il, deux éléments des Frci, lui ont soutiré sans qu’ils ne lui disent l’infraction, la somme de 5000 Fcfa, sur la voie qui mène du 22e arrondissement au Lycée le Mahou”. Autre lieu, même situation. C’est dans la grande commune de Côte d’Ivoire, Yopougon. Ici, le racket se fait très souvent aux alentours des Commissariats du 16e à la Sicogi, au 17e arrondissement dans le quartier Niangon, au 19e, au Toit-rouge et au 23e arrondissement dans le quartier Andokoi. Cette technique est également utilisée dans la commune cher au Maire Adama Tounkara, par ailleurs ministre des Mines, de l’Energie et du pétrole. Comme à Yopougon, le racket est développé autour des commissariats du 14e, 15, derrière rail, au camp commando de la gendarmerie et de la cité universitaire. Où, sont basés les éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Germain Koffi, un taximan de cette commune indique que, le racket est toujours vivace malgré les nombreux appels du Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro et de son ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. Les chauffeurs des autres communes du District d’Abidjan sont aussi dans le collimateur des nouveaux maîtres en armes. A Bingerville par exemple, le seul barrage qui était érigé dans les environs de la cité Cnps a été sauté. Mais, juste à la sortie de la ville, un autre est fièrement tenu à quelques mètres seulement du village de Adjamé Bingerville.
Tous les véhicules (Renault 12) qui font office de camions de transport et qui désertent les villages, tels que Elokaté (où est implantée l’usine Palmci), Agban, Gbrebo, Koffikro… doivent payer à chaque passage la somme de 500 Fcfa. Les camions qui ramassent l’argile (Kaolin) ne sont pas en reste. Ils paient la somme de 2000 Fcfa voire 5000 Fcfa par jour à ces éléments comme frais de «traverse» avant de travailler.
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