Grâce à la reprise économique, observée après cinq douloureux mois de conflit post-électoral, plusieurs secteurs d’activités comme l’importation et la vente d’outils informatiques et de mobiliers de bureau qui restent sensibles à la conjoncture, connaissent un retour progressif à la croissance.
Passé le trou d’air provoqué par cinq mois de crise post-électorale, de nombreux secteurs d’activités retrouvent progressivement une nouvelle dynamique. Signe certainement apparent d’un retour quasi-total à la normalité et de l’amorce de la reprise économique. Si les entreprises et l’administration publique, victimes de pillages et autres destructions de biens, ont désormais tendance à se rééquiper pour leur redécollage et leur remise à niveau, force est de constater que cela se traduit par une embellie à travers une demande accrue dans certains domaines comme l’importation et la vente d’outils informatiques, l’équipement en mobilier et matériels de bureau, l’achat de pièces de rechanges de véhicules, etc. Du moins, les opérateurs des différents secteurs susmentionnés-même si le moment n’est pas encore à la grande délectation-affichent désormais un espoir grandissant eu égard à la réaction spontanée du marché.
Les commandes pleuvent
D’autant plus qu’ils doivent satisfaire une flopée de commandes et de devis motivés de toutes parts du fait des besoins urgents des entreprises qui ont payé un lourd tribut aux évènements post-électoraux. Général matériel informatique (Gmi), structure spécialisée dans la commercialisation des ordinateurs et autres accessoires, efface lentement mais sûrement les taches noires laissées par le conflit armé. Installée en bordure du boulevard Valéry Giscard d’Estaing (Vge) à Marcory, non loin du groupe Comium, cette entreprise qui a pourtant perdu plus d’une trentaine d’appareils lors des pillages, retrouve, selon un des responsables, un certain équilibre. Des éclaircies dégagent la voie pour des opportunités d’affaires. «Nous som mes face à une forte demande en matériels informatiques. De nombreuses factures pro-forma sont régulièrement introduites par les entreprises. A telle enseigne que les commandes que nous recevons, avoisinent les 3 millions de Fcfa par jour. Ce qui équivaut à une sortie moyenne de cinq appareils (de marque Hp, plus demandée à côté des Dell et Acer) voire plus», se réjouit-il, ce mercredi 22 juin. Alors qu’avant novembre 2010, il n’écoulait à peine qu’un seul appareil tous les trois jours, souvent même au-delà. Un regain d’activités, caractérisé par un bond spectaculaire des ventes qui permet ainsi à Gmi de mieux s’équiper en France et à Dubaï afin de proposer de nouveaux ordinateurs aux grandes entreprises en situation de rééquipement et de relance. A l’en croire, les prix des appareils tournent autour de 480.000 Fcfa l’unité. Mais, il reconnaît que dans certaines structures, ils ont connu une hausse à cause de la forte demande. Le marché qui retrouve ainsi une autre vitalité, annonce de meilleures perspectives et amène par conséquent de nombreux importateurs à densifier leurs stocks. Tout semble aller à la vitesse du numérique dans ce secteur qui, visiblement, forme avec les matériels de bureau, pile et face d’une même monnaie dans le processus de rééquipement des entreprises. Puisqu’elles sont nombreuses celles qui ont pratiquement tout perdu. Mme Bertrand Melody, assistante du premier responsable d’Amobla (spécialisé dans l’import et la commercialisation des meubles et autres matériels de bureau) sur le Vge, a du mal à contenir son enthousiasme. Les cinq mois de crise deviennent un lointain souvenir pour cette opératrice économique. «Nous sommes très heureux parce que les activités reprennent petit à petit. Les clients commencent à venir pour faire des choix, demander des devis. On ne peut pas dire que c’est la grande affluence mais, on sent que les choses bougent. La période de turbulence devient un lointain souvenir», lance-t-elle, très détendue, au moment où des clients faisaient le tour de ce vaste et impressionnant magasin pour sélectionner certainement des articles. Un tableau qui force sa conviction selon laquelle la machine économique ivoirienne ne mettra pas trop de temps pour atteindre un niveau optimal. Synonyme de croissance, de création d’emplois et de richesses. A proximité de ce grand espace commercial, il n’y a qu’à effectuer juste quelques pas pour se retrouver dans les locaux de Papici-Pop bureau. Moins bavarde, une jeune employée, avec élégance et un sourire en coin, avoue que le marché connaît un certain frémissement. Dans la mesure où cette boutique doit satisfaire une dizaine de bons de commandes par jour en mobiliers et en fournitures de bureau. «Nous avons un portefeuille de clients spontanés qui utilisent généralement des bons de commandes dont le règlement intervient chaque fin de mois.
La détaxation des outils…
Nombreux sont ceux qui se signalent déjà. Nous attendons des arrivages de France et d’Italie pour inonder le marché et satisfaire les besoins des entreprises», prévient la jeune employée qui a requis l’anonymat. Ce n’est pas tout. Au niveau des pièces détachées de véhicules et des fournitures industrielles, les ventes connaissent une hausse notable après une période d’inertie suite aux effets dévastateurs de la crise. Kouadio Désiré, employé à Afi-technik, située en zone 4, visiblement heureux, affirme que les entreprises et les unités industrielles émettent des signaux très positifs à travers leurs intentions d’achat. Les articles déjà disponibles sortent comme de petits pains au grand bonheur de tous les agents de cette structure. D’ailleurs, un navire qui transporte d’importantes quantités de pièces, précise-t-il, est attendu à Abidjan d’ici un mois et demi voire deux mois. Mais il se garde de dévoiler tout chiffre confirmant la bonne remontée de leur société. «Notre secteur va atteindre le plein régime bientôt et les chiffres actuels réalisés sont vraiment performants puisque nous avons connu pratiquement cinq mois de léthargie», explique-t-il. En effet, en faisant le tour de plusieurs autres structures installées soit à Treichville, au Plateau ou à Cocody, la réaction des opérateurs économiques est la même quant à l’effectivité de la reprise économique. Mais encore qu’ils estiment que le gouvernement doit donner d’autres signaux importants notamment la détaxation du matériel informatique et d’autres outils qui permettent l’équipement rapide et à moindre coût des entreprises gravement sinistrées et très affaiblies. «Permettre de se rééquiper à moindre coût n’est que justice vis-à-vis des entreprises et il faudrait que ce rééquipement soit quasi-neutre et pour l’Etat, et pour le monde économique. (…) Il s’agit généralement de défiscaliser les moyens de transport, les outils informatiques et bureautiques, enfin, tout support qui permet à l’entreprise de travailler normalement ! Ce sont des mesures que l’on réclame depuis des années. Il serait temps de les mettre en œuvre pour le plus grand bien du pays», a insisté le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, dans votre parution du mardi 14 juin.
Cissé Cheick Ely
Nord-Sud
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