Quatre mois après sa chute – Dans les décombres du camp Crs-1 de Williamsville

L’Intelligent d’Abidjan

Adjamé, quartier Williamsville. Aux pieds des résidences universitaires se trouve la caserne de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs-1). Une unité de police spécialisée dans la protection des biens et des personnes. Ses missions s’étendent également à la sécurisation des institutions et des personnalités qui les incarnent. La cité aux murs orange, autrefois redoutée pour la particularité de la mission de ses pensionnaires, offre aujourd’hui, le visage hideux d’une belle dame visitée par le mauvais sort.

Le jour où le camp tombait aux mains des Frci
Pour comprendre le piteux état de cette cité policière naguère grouillante, il y a lieu de faire un retour en arrière. C’est le 22 mars 2011 à 17 h 27, précision de militaire, que le camp Crs-1 est tombé. Plusieurs assauts ont été nécessaires pour en arriver là. Les policiers ont au départ opté pour la défensive. La percée interviendra évidemment, après des ralliements à ‘’l’ennemi’’. Le témoignage du lieutenant Kra, commandant de bataillon et précédemment en fonction dans ce camp, nous situe sur l’âpreté des hostilités. ‘’Partis à la fin du mois de février sous les obus de mortiers et les balles assassines des mercenaires, nous avons trouvé refuge à Abobo. Nous avons été logés et nourris par le commandant Coulibaly Sindou’’, se rappelle-t-il, au cours d’un assaut avorté. Il fallait laver l’affront. Dans la soirée du 22 mars, rebelote. ‘’Vu le nombre croissant de morts et de blessés dans nos rangs, un seul choix se dressait devant le bataillon Palestine [groupe de combattants, ndlr], celui de prendre les armes pour déloger les miliciens et mercenaires du camp Crs-1. C’est ainsi que le mardi 22 mars 2011, après plusieurs heures de combats acharnés et beaucoup de victimes dans nos rangs, le camp Crs-1 est tombé dans nos mains à 17 h 27’’, révèle l’officier de police. Le lieutenant Bouan Raymond, commando parachutiste des ex-Fds et instructeur chargé des opérations militaires chez les Frci, éclaire quant à lui, sur la stratégie employée pour prendre le contrôle du camp. ‘’Comme l’a signifié Lieutenant Kra, le camp Crs 1 est tombé dans nos mains le 22 mars, au terme d’atroces combats qui nous ont opposé aux ex-fds pro-Gbagbo. Nous avons utilisé ici des tirs de roquettes. Si vous voyez les bâtiments décoiffés, c’est le résultat de ces roquettes pour déloger ceux qui étaient là. Tous les bâtiments en hauteur étaient tenus par des snipers [tireurs d’élite, ndlr]. On avait du mal à avoir accès à l’enceinte du camp. Quand nous avons délogé la grande partie des hommes qui étaient là, on a procédé par infiltration simple pour neutraliser les éléments, qui étaient à notre portée’’, explique Lieutenant Bouan, par ailleurs formateur à l’Ecole des forces armées (Efa) de Zambakro. Un témoignage qui achève de convaincre sur l’ampleur de l’hécatombe.

Un camp à reconstruire
Le visiteur habitué aux lieux, tombe des nues après un petit tour. Il ne reste plus grand’ chose de la mythique cité policière, au cœur de Williamsville. Les logements, l’infirmerie, la poudrière, les moyens généraux, la place d’armes, la logistique…tout se conjugue désormais au passé dans cette caserne. Seules les maisons basses ont été épargnées. Ce qui a permis à quelques rares familles de revenir. C’est le cas de la famille Coulibaly qui avait déserté au moment des combats. ‘’Il n’y a pas longtemps que nous sommes revenus et tout se passe bien’’, nous dit une des filles Coulibaly. Si les impacts de balles sont rares à observer, il y a, à désespérer devant la déliquescence des locaux. Des murs et des toits calcinés prêts à céder à la moindre secousse. Des étangs se sont créés à certains endroits avec les fuites d’eau donnant l’occasion aux moustiques, grenouilles et autres amphibiens de proliférer et de cohabiter avec les nouveaux locataires. Une cohabitation gênante à laquelle le commandant Kra n’est pas indifférent pour le confort de ses hommes. Il en appelle à la diligence des autorités. ‘’Force est de reconnaître que malgré tous nos efforts, nous rencontrons assez de problèmes sur le terrain, à savoir : le problème de soins avec notre infirmerie complètement détruite, le problème d’équipements et le problème de salubrité’’, déplore-t-il. Des déboires au quotidien, combinés à la préoccupante question de la ration alimentaire des éléments. Même si le calme est revenu et que les populations n’ont plus rien à craindre pour leur sécurité comme le soutient Bamba Idrissa, chef du service informatique et communication, il est necessaire de se pencher sur les besoins urgents et élémentaires. Sinon le retour des policiers n’est pas pour maintenant. Tout sera également compromis avec l’éventuel retour des voisins de tous les temps, les étudiants, dont les résidences ont sombré dans la déconfiture, depuis le ‘’tsunami’’ destructeur artificiellement monté par la barbarie humaine.
S. Débailly

Encadré
La Crs 1 se dote d’un nouvel organigramme

Les nouveaux maîtres de la compagnie républicaine de sécurité sont les Frci. Ils ont bien voulu distribuer les rôles dans un environnement général où pullulent des commandants. La nouvelle organisation comprend trois compagnies, toutes sous les ordres du Commandant S. Il est aidé dans sa tâche par un adjoint dont les collaborateurs directs sont les commandants des trois compagnies. Dans leur configuration, les compagnies comprennent des sections, des groupes et des équipes. Section, groupe et équipe sont dirigés par des chefs dont les supérieurs hiérarchiques directs sont les commandants adjoints des compagnies. Le commandant S dispose d’un secrétariat pour les contraintes administratives.
SD

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