Je suis venu pour régler les problèmes. Il faut que la machine tourne». Ce sont là, les premiers mots que le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie a prononcés, après avoir pris connaissance des difficultés qui minent le secteur de l’énergie. Ces problèmes, c’est la directrice générale de la Société de gestion du patrimoine du secteur de l’énergie (Sogepe), Mme Bouedy Chantal, qui les a égrainés en premier, le 23 juin, lors de la visite effectuée par le ministre dans cette structure sous sa tutelle. Elle a été suivie en cela par les responsables de la Société d’opération ivoirienne d’électricité (Sopie) et de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité (Anaré), le lendemain. Pour la Sogepe, on retient que son fonctionnement est plombé par l’inadaptation de la structure tarifaire en vigueur ; le non-paiement de la consommation de l’Etat ; les difficultés de recouvrement dans les zones ex-Cno ; un niveau de créances évaluées à environ 100 milliards de Fcfa. Ce qui a pour conséquences un déséquilibre financier dans le secteur, ainsi que des pertes techniques sur le réseau. Quoique alarmante, la situation peut être sauvée car des solutions existent. Elles se trouvent selon Bouedy Chantal, dans l’obtention d’un fonds pour le règlement des factures des fournisseurs ; l’amélioration des recouvrements dans les zones ex-Cno ; la recherche d’un équilibre durable du secteur ; la maîtrise de la tarification ainsi que du coût du gaz naturel car la viabilité du secteur jusqu’en 2032 pour le cycle combiné d’Azito sera un élément important ; et enfin, la réalisation d’investissements soutenus, notamment le barrage de Soubré, pour permettre d’avoir un coût de production revu à la baisse d’au moins 30%.
Concernant la Sopie, son directeur général, Kouamé Valentin, a indiqué que le système électrique a un fort besoin d’adaptation, de fiabilisation pour faire face à la demande d’énergie électrique, tant au plan national que régional, aussi bien quantitativement que qualitativement. Résumant les problèmes auxquels sa direction est confrontée, Kouamé Valentin a insisté, au niveau des infrastructures électriques, sur l’insuffisance de la capacité de production depuis 2006, due à l’absence d’investissement de 2000 à fin 2009. La quasi-absence d’alternative au thermique, sur lequel repose 70% de la production d’énergie ; le coût très élevé du combustible, lequel explique en partie le déficit du secteur ; l’obsolescence des équipements majeurs ; les vols et actes de vandalisme perpétrés sur le réseau ; la démultiplication des branchements anarchiques et les difficultés de raccordement en raison de l’insuffisance des puissances dans les postes de distribution. Ce sont toutes ces faiblesses que le ministre des Mines, du pétrole et de l’Energie, Adama Toungara, a promis de corriger très rapidement. «Je viens de visiter successivement la Sogepe, la Sopie et l’Anare. Mon premier constat est que toutes ces sociétés regorgent de cadres compétents qui nous permettrons de relever des défis. Ces défis sont importants et nous allons y travailler pour proposer au Gouvernement des solutions très court terme, pour éviter à la Côte d’Ivoire toute situation désagréable qui ferait naître un éventuel délestage», a-t-il assuré. Adama Toungara se dit optimiste quant à la relance du secteur, car il a l’appui du Président Alassane Ouattara et des partenaires au développement de la Côte d’Ivoire. «Je voudrais également attirer votre attention sur l’ambition que le Président Alassane Ouattara a pour la Côte d’Ivoire. C’est un beau pays avec des cadres compétents. Et le rêve d’en faire un grand marché pétrolier et un pôle vigoureux, dynamique en matière d’énergie électrique va se réaliser. Il se réalisera, car nous avons le soutien du Gouvernement, l’appui de la communauté internationale et avec les cadres du secteur, il n’y a pas de raison que nous ne réalisions pas nos ambitions», a-t-il déclaré. Il reconnaît cependant, qu’avec les problèmes d’infrastructures et l’important déséquilibre financier que connaît le secteur, la Côte d’Ivoire est sur la corde raide. Aussi a-t-il annoncé que «dès cette semaine, nous allons commencer à régler le problème du prix du gaz naturel. Si nous solutionnons les problèmes de pertes techniques en remplaçant les ampoules actuelles par des ampoules économiques, je pense qu’avec cela déjà, on ne sera pas loin d’une centrale selon les calculs».
Nées de la réforme du secteur de l’énergie impulsé par le décret n° 98-725 du 16 décembre 1998, la Sogepe s’occupe de la gestion administrative, comptable et financière des actifs et immobilisations de l’Etat dans le secteur de l’électricité ; la Sopie de la maîtrise d’œuvre des travaux relevant de la responsabilité de l’Etat dont le suivi était assuré par l’ex-Eeci. Enfin, l’Anaré a en charge la régulation du secteur.
David Ya
Fraternite-Matin
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