Lu Pour vous Libre Opinion
Les cadres et élus Fpi ainsi que tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir collaboré avec l’ancien régime continuent de broyer du noir. La chasse aux proches et sympathisants du président Gbagbo se poursuit et les Ivoiriens se demandent jusqu’où iront les nouveaux tenants du pouvoir.
Malgré les pressions des organisations des droits de l’Homme sur le nouveau régime, la chasse aux proches et sympathisants du président Gbagbo, assigné à résidence à Korhogo dans le fief de la rébellion pro-ouattara, prend de l’ampleur au fil des jours. La libération d’une poignée de personnalités et proches de Laurent Gbagbo maintenus sous la contrainte à l’hôtel Pergola est peut-être un bon signe mais ne saurait être interprétée comme un gage de bonne volonté du nouveau pouvoir.
Celui-ci n’a pas l’intention de renoncer à la traque des cadres ayant travaillé avec le président Laurent Gbagbo. Ouattara et son gouvernement avaient besoin d’un répit et c’est cela qui a motivé la libération des 17 prisonniers de la Pergola. La campagne de «dégbagboïsation » à grande échelle de l’administration, lancée au lendemain du renversement du régime démocratiquement élu, suit son cours. Sous différentes formes.
De nombreuses personnalités – cadres du parti d’Affi N’Guessan ou simples technocrates ayant servi à des niveaux de responsabilité au sein de l’administration et des sociétés d’Etat – sont encore maintenues injustement dans les liens de détention. A la Pergola, à Bouna, Odienné, Korhogo, etc. D’autres sont contraintes de prolonger aujourd’hui encore leur exil forcé, plus de deux mois après l’arrestation du président Gbagbo, pour échapper à la furie du pouvoir Rdr, animé par un sentiment de vengeance que même ses soutiens extérieurs supportent de plus en plus mal. Des membres de la societé civile sur la liste noire Les premiers résultats de cette opération d’épuration sont déjà visibles. En témoigne la révocation de nombreux maires indésirables, contraints à abandonner leurs postes pour avoir la vie sauve. Outre ces postes politiques, les Ivoiriens s’indignent des déboires de Gadji Céli, dont les biens ont été pillés par les Frci de Ouattara, et qui a été remplacé par un cadre Rdr à la tête Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) dont il était le président du conseil d’administration. Il s’agit pourtant d’un poste électif. Avec lui, le directeur général de la structure a dû quitter son poste. Aucun secteur d’activité n’est épargné en réalité et les méthodes usitées pour faire payer aux Ivoiriens leur soutien à Gbagbo sont innombrables. Dans la filière café-cacao, des producteurs tels que Sansan Kouao et Bléhoué Aka, pour ne citer que ceux-là, ont été placés sur la liste de sanctions du régime Ouattara. Leurs avoirs – fruit de durs labeurs dans leurs plantations – ont été gelés. Au grand étonnement de tous, des membres de la société civile, notamment des leaders des associations de défense des droits des consommateurs dont Marius Comoé Brou de la Facaci et Doukoua Godé de la Fac-Ci ,figurent sur cette liste noire.
En mai dernier, plus de 300 agents de banque ont été licenciés, avec la caution des nouveaux tenants du pouvoir, pour avoir travaillé à sauver les Ivoiriens d’un désastre humanitaire, alors que Ouattara avaient obtenu des patrons de la Bicici et la Sgbci leur fermeture. La situation est plus sérieuse dans l’armée où les Forces de défense et de sécurité (Fds) sont clairement stigmatisées et menacées de poursuite devant les tribunaux nationaux et internationaux.
A la Garde républicaine par exemple, le prétexte d’une infiltration de miliciens sert de prélude à une opération d’épuration. Quand on ajoute à cela la liberté de parole retirée à l’opposition dont les têtes fortes sont détenues dans des conditions inhumaines, l’on se rend compte qu’on est en train de mener la Côte d’Ivoire tout droit vers une dictature qui ne dit pas son nom. Signe des temps : même Jeune Afrique, qui soutient aveuglément Ouattara depuis plus de quinze ans, le qualifie d’hyper-président et met en garde contre le fait que le président du RDR «concentre aujourd’hui la plupart des pouvoirs entre ses mains». Et continue : «Une situation inédite depuis la mort d’Houphouët-Boigny. Et qui n’est pas sans dangers.»
O.S.
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