Le débat malsain sur la tribalisation ou l’ethnicisme dans les nominations refait surface. On tente insidieusement de faire croire qu’Alassane Dramane Ouattara ne fait que la promotion des membres de sa tribu. Ce qui est une grossière contrevérité à la lumière des nominations qu’il a faites depuis qu’il est président de la République. L’Expression a décidé de rouvrir ce débat pour qu’il soit vidé une bonne fois pour toute par tous les intellectuels. Place à la méritocratie !
Depuis l’avènement d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême, certains confrères tentent de faire croire que c’est l’ère des Dioula. Le nouveau président ne ferait que la promotion des ressortissants de sa région et même de sa religion. C’est Fraternité Matin, sous la plume Ferro Bally, qui a été le premier à écrire que Ouattara faisait du Tokenisme en ne nommant que ses parents. Il en voulait pour preuve les premiers ambassadeurs nommés à l’Onu, en France et aux Etats Unis qui sont d’origine malinké. En son temps, L’Expression a démontré que l’auteur de l’article était dans le faux et refusait d’ouvrir les yeux parce que le régime de Gbagbo qu’il défendait était foncièrement tribalisme et exclusionniste. Comme argument, nous avons montré que dans toute la chaine de commandement de l’armée, par exemple, il n’y avait pas un seul nordiste parmi ceux qui décidaient. Le ministre de la Défense, le Chef d’état-major des armées, le commandant supérieur de la Gendarmerie, le directeur général de la police, le commandant de la Garde républicaine, le commandant du Gatl, le commandant de la Marine, le commandant du Cecos, le commandant des Forces terrestre, le Com’théatre, le commandant militaire du Palais, etc. Pas un seul parent de Ouattara dans le lot, même pour faire de la figuration. Le débat a été clos après cette réplique. Mais depuis le retour des journaux bleus dans les kiosques, ce débat malsain est repris à travers des insinuations à peine voilées avec des termes comme le palais qui serait devenu « Dioulabougou ». Mais dans sa parution d’hier, notre confrère le Nouveau Réveil, proche du Pdci, a remis le couvert à travers un billet qui indique qu’au Burkina, au Mali, au Liberia, en Tunisie, en Iran, au Cameroun il n’y a que des diplomates originaires du septentrion ivoirien. Et de conclure : « Est-il besoin de rappeler que les compétences dans tous les domaines existent au sein de toutes les communautés et dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Attention ! »
Tant, c’est dans les maquis que se tient ce débat, il n’est pas opportun de nous y attarder. Mais lorsqu’un canard sérieux comme le Nouveau Réveil s’en fait l’écho ça pose problème. En principe, la question ethnique ne doit pas être au centre du débat quand il s’agit de construire une nation qui se veut civilisée. Mais puisque certains Ivoiriens veulent tirer le débat dans ce sens, il est bon de le clarifier, au-delà de l’émotion et de la passion. A travers la vérité et les faits.
Rien que les faits
Lorsque notre confrère du Nouveau Réveil cite les Touré qui remplace Kodjo, Ouattara qui remplace Ahipeaud, Idrissa qui remplace Yapo, Dosso qui remplace Allou, nulle part il ne dit qu’un Cissé remplace un Coulibaly ou un Traoré remplace un Koné (son esclave). C’est parce qu’en une décennie tous les Soro, Sidibé, Bamba, Konaté, Palenfo et Yéo ont été dégommés et mis à la fourrière. Ce n’est pas gai de le rappeler mais c’est ça qui est la vérité. Mais là, n’est pas le plus important puisque le président Ouattara n’est un justicier venu au pouvoir avec l’intention de se venger ou réparer les torts faits à ses parents. On constate simplement que notre confrère évite de citer les ambassadeurs Ehui Bernard au Ghana, Jean Vincent Zinsou à Bruxelles, Yao Yao Odette en Espagne qui ne sont pas nordistes. En les citant, ça discrédite la thèse que tout le monde vient du Nord.
Si on jette un regard sur l’ensemble des nominations faites par Ouattara, nul ne peut lui coller l’étiquette d’un tribaliste. Dans deux des grandes institutions de la République, il a chassé ses parents. Ainsi Zadi Kessy Marcel a remplacé Dona Fologo au Conseil économique et social. Henriette Dagri a remplacé Youssouf Koné à la Grande chancellerie.
Pour ce qui concerne les membres du gouvernement, les responsables des partis politiques ont donné des ministres. Sur les 14 ministres proposés par le parti de Ouattara qui a gagné l’élection, toutes les régions et toutes les ethnies de Côte d’Ivoire sont représentées. De même, les chrétiens et les musulmans sont représentés. A contrario, sur les 8 ministres proposés par le Pdci pour faire partie du gouvernement. Il n’y a aucun ressortissant du Nord et aucun musulman. Cela avait même provoqué l’ire de certains militants nordistes de ce parti qui ont dénoncé l’exclusion faite par le président Bédié.
Pour la nouvelle Côte d’Ivoire, il est bon que chacun se débarrasse du réflexe tribal qui veut que quand on nomme successivement 5 Malinké c’est anormal mais quand on nomme dans le même temps 30 Akan c’est normal. Vivant tous dans ce pays, et connaissant tous notre histoire, chacun doit savoir raison garder. Lorsque Gbagbo a formé son dernier gouvernement de 34 membres avec quatre nordistes (Ouattara Gnonzié, Touré Amara, Issa Malick et Koné Katinan), on n’a entendu personne crier au scandale dans ce pays. Il est donc bizarre que Ouattara dont le gouvernement de 36 membres compte 8 Baoulé, 1 Agni, 1 Attié, 2 Yacouba, 1 Abron, 2 Guéré, 1 Bété, 3 Kroumen soit traité de tribaliste.
De même, personne n’a été choqué en Côte d’Ivoire de noter que dans le gouvernement de 34 membres de Gbagbo, il n’avait fait appel qu’à 2 musulmans et à 32 chrétiens là où Ouattara a appelé 14 musulmans et 22 chrétiens. Ce sont là des chiffres qui parlent et qui devraient en principe suffire à clore le débat. Que non !
Quand on jette un coup d’œil, même furtif, sur la liste des directeurs nommés Alassane Ouattara, à moins d’être de très mauvaise foi, personne ne peut dire qu’il ne s’entoure que de ses frères. A titre d’exemple, au département des Mines, de l’Energie et du Pétrole, tenu par un ministre Rdr , la plus grosse structure sous tutelle, la SIR qui a un chiffre d’affaires de plus de 1.000 milliards de Fcfa, a pour Pca, Akossi Benjo et pour DG Joël Dervain. De même, la Petroci est dirigée par Daniel Gnangni et la Gestoci par Célestin Akoua Nanou. Peut-on dire que ses hommes placés à ces postes sont-ils des porteurs de longs boubous ? Quand on s’attarde sur le système financier, on constate que la direction nationale de la Bceao a été confiée à un Akan tout comme certaines banques comme la Versus où Ouattara a fait placer un proche de Mme Bédié, Guy Koizan. ( Voir la liste des nominations).
Le même constat peut se faire au ministère de la Communication tenu par un élu du Rdr. La Télévision nationale a pour DG Brou Aka Pascal, tout comme le quotidien Fraternité Matin qui est entre les mains de Venance Konan qui ne sont pas originaire du Nord. Les exemples sont légion.
A la lumière de toutes de ces nominations, de tous ces postes offerts à ses alliés par reconnaissance de leur soutien, que doit encore faire Alassane Ouattara ? Contre le gré de ses partisans qui l’ont jugé trop large, il a cédé des secteurs clés à ceux qui l’ont aidé. S’ils ne vont pas le remercier, il est contreproductif de l’insulter. Comme quoi, il ne faut pas demander au bon Dieu sa barbe !
Traoré M Ahmed.
Les nominations de Ouattara qui parlent
– Commission Vérité-réconciliation : Charles Konan Banny (président) (ancien Premier ministre, Gouverneur honoraire de la Banque centrale)(Akan)
– Conseil économique et social : Marcel Zadi Kessy (Président) ( Bété)
– Conseiller au Conseil Constitutionnel : François Guéi, Magistrat hors hiérarchie(wê)
– Grande Chancelière de l’Ordre national: Henriette Dagri-Diabaté (Akan)
– ATCI (Agence des Télécommunications de Côte d`Ivoire): Arthur Alloco (DG)( Akan)
– Agence nationale de la BCEAO: Jean Baptiste Aman Ayayé (DN)( Akan)
– District d`Abidjan: Robert Beugré Mambé (Gouverneur, ancien patron de la CEI)
– District autonome de Yamoussoukro: Dr Nanan Augustin Houphouët Thiam (Gouverneur, chef de la tribu des Akoué)
– SIR (Société Ivoirienne de Raffinage): Akossi Bendjo (PCA)( Akan)
– Quotidien progouvernemental « Fraternité Matin »: Venance Konan (DG)( Akan)
-Télévision Ivoirienne : Brou Aka Pascal( DG)( Akan)
– Tribunal de Première instance du Plateau: Kouadio Koffi Simplice (Procureur de la République)( Akan)
– SIR (Société Ivoirienne de Raffinage): Joël Dervain (DG)( wê)
– BNEDT (Bureau national d’études techniques et de développement): Kra Koffi Pascal (DG)( Akan)
– PETROCI: Daniel Gnagni (DG)( Akan)
-Gestoci :Célestin Akoua Nanou( Dg)( Akan)
– Direction de l’Economie et des Finances: Narcisse N’Dri (DG)(Akan)
– Versus Bank: Guy Koizan (DG)( Akan)
– BNI: Kassi N`da (DG) (Ancien DAF de la BNI)( Akan)
– Impôts: Abinan Pascal (DG)( Akan)
– SOTRA (Société des transports abidjanais): Bouaké Méité (DG)( malinké)
– CNCE (Caisse Nationale des Caisses d’Epargne): Mamah Diabagaté (DG)
– ACCT (Agent comptable central du Trésor public de Côte d’Ivoire): Kader Coulibaly
– Port d`Abidjan : Sié Hien (DG)
– Port de San Pedro: Hilaire Marcel Lamizana (DG)
– Poste de Côte d`Ivoire: Konaté Mamadou (DG) (ancien DG de la poste de San Predro)( malinké)
– Banque pour le Financement de l’Agriculture (BFA): Lacina Coulibaly (DG) (ancien DG de la BHCI)( malinké)
– Conseiller au Conseil Constitutionnel : Hyacinthe Cabogo Sarassoro, Avocat (senoufo)
– Cour suprême : Mamadou Koné, Magistrat hors hiérarchie (Président) (malinké)
– Haca (Haute autorité de la communication audiovisuelle) : Ibrahim Sy Savané ( Malinké)
– Lonaci: Issiaka Fofana (DG)( malinké)
– CGFCC (Filière Café-Cacao): Massandjé Touré-Litse (DG)
– Douane: colonel-major Issa Coulibaly (DG)( malinké)
– Trésor: Adama Koné (DG)( Malinké)
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