L’Inter par Assane NIADA
Des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui se tirent dessus à Yopougon le vendredi 17 juin dernier, rappelant aux habitants de cette commune les traumatismes de la guerre. D’autres éléments des Frci qui refusent de déposer armes et treillis à Toumodi. Deux faits parmi mille qui montrent à quel point il urge de mettre de l’ordre au sein des forces armées ivoiriennes. Certes, le gouvernement s’en préoccupe, mais les choses semblent avancer au petit trot. L’urgence de la situation sécuritaire impose de mettre les bouchées doubles pour redonner un visage plus rassurant à l’armée. On ne sort pas, il est vrai, d’un chamboulement comme celui engendré par la crise post-électorale comme on sort d’un dîner gala. Mais, a-t-on le temps de voir les choses entrer progressivement dans l’ordre quand la relative accalmie peut être déchirée de temps à autre par des affrontements comme ceux de vendredi dernier à Yopougon ? Peut-on donner le temps au temps quand l’ivresse des armes peut pousser des éléments des Frci, comme c’est le cas à Toumodi, à refuser de déposer ces redoutables engins qui leur confèrent une certaine puissance ? A la vérité, plus le temps passe, plus il sera difficile de débarrasser les rues de ces jeunes volontaires qui s’habituent au fil des jours au pouvoir des armes. Quand ils se seront accoutumés à tous les gains faciles qu’on peut obtenir par la force des armes, à tous les vices qu’on peut s’offrir sous l’influence de la kalach, laborieuse sera l’entreprise de désarmement. C’est pourquoi il est plus qu’urgent de faire le grand nettoyage avant que ces jeunes gens en demi-saison qui paradent encore dans les rues et espaces de loisir ne sombrent dans cette espèce d’accoutumance aux armes. Comme le toxicomane au cannabis. Il faut rassurer davantage les populations et les investisseurs étrangers en soumettant au tamis tous ces hommes en armes dont fourmillent les commissariats, les cités universitaires et autres habitations tenant lieu de caserne de fortune. Plus le temps passe, plus il faudra dépenser de l’énergie pour faire rentrer dans les rangs les récalcitrants qui, entre-temps, seraient devenus accrocs aux faveurs que procurent les armes. Le Premier ministre Guillaume Soro semble du reste avoir pris la mesure de la nécessité d’aller vite, puisqu’il a fixé un délai de dix jours à la commission de redressement des grades pour rendre ses conclusions. Installée vendredi 17 juin dernier, cette commission livrera donc ses propositions le dimanche 26 juin. En attendant, des actions visant à donner un coup d’accélérateur au processus d’assainissement de l’armée doivent être mises en route parallèlement. Mais encore faut-il y mettre la manière pour éviter que des volontaires appelés en renfort quand il fallait chasser l’ex-président du pouvoir, ne se braquent et fassent à nouveau parler la poudre.
Assane NIADA
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