Par Denis Kah Zion in Le Nouveau Réveil
Depuis septembre 2002 où, par la faute de l’ancien régime, des éléments des Forces armées ivoiriennes (Fanci), exilés au Burkina Faso après avoir fui leur pays pour échapper à une exécution certaine, devenus rebelles malgré eux, selon les termes de Soro Guillaume, ont pris les armes aux fins de rétablir la démocratie en Côte d’Ivoire, l’armée est devenue l’objet de toutes les controverses, et de toutes les convoitises. En fait, suite à la crise politico-militaire du 19 septembre 2002, les Fanci se sont retrouvées divisées en deux camps antagonistes: les Forces de défense et de sécurité (Fds), loyalistes à l’ancien président, Laurent Gbagbo, et les Forces armées des Forces nouvelles (Fanfn), fidèles à Guillaume Soro, chef de la rébellion. Pendant 10 ans, il y a eu des avancements dans l’armée, c’est-à-dire que les militaires ont avancé en grades, aussi bien chez les Fds que chez les Fanfn. L’on se souvient qu’on a parlé de » grades Gbagbo » et de » grades Soro « .
Beaucoup d’encre et de salives ont coulé à propos de grades immérités, pour ne pas dire pas fantaisistes, distribués tels des décorations, par l’ex-chef de l’Etat, à des militaires dont les faits d’armes n’étaient point avérés. A titre d’exemple, un lieutenant-colonel qui, en 6 ans, est passé général, et surtout général de corps d’armée. C’est un fait insolite de par le monde des armées. On pourrait même affirmer, sauf méprise de notre part, que c’est du jamais vu dans la hiérarchie militaire, sauf en Côte d’Ivoire sous la refondation ou sous les régimes des dictateurs. Un air d’injustice planait, donc, quelque part avec la mise en place du Centre de commandement intégré (Cci) après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo), en mars 2007, sous l’égide de Sem Blaise Compaoré, président du Faso.
Le Centre de commandement intégré (Cci), faut-il le souligner, était l’échantillon d’essai de la future armée ivoirienne. Il comprenait autant d’éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds) que d’éléments des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn). Il est aussi bon de signaler que c’est le Cci, dirigé de mains de maître par le Général Nicolas Kouakou appuyé des forces onusiennes, qui a effectué tout le travail de sécurisation qui a permis des élections propres, transparentes, crédibles, et démocratiques. Acceptées par tous, sauf par le président sortant. Attitude inconséquente qui va aboutir à la crise post-électorale. Au plus fort de la crise, le président démocratiquement par les Ivoiriens, et reconnu par la communauté internationale, Sem Alassane Ouattara, a pris, le Jeudi 17 mars 2011, à Abidjan, à l’hôtel du Golf, une ordonnance qui décrète la fusion des deux armées, les Forces de défense et de sécurité et des Forces armées des Forces nouvelles, en une nouvelle institution : les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI). C’est cette nouvelle armée qui a capturé l’ancien chef de l’Etat, mettant ainsi fin à la crise post-crise. Le président de la République, vu la nouvelle donne de l’armée, a pris la résolution d’apporter ordre, justice, et assurance au sein de cette institution. C’est ainsi que » Monsieur le Premier ministre a informé les membres du Gouvernement de la signature, le 14 juin 2011, par Monsieur le Président de la République, d’un décret portant institution d’une Commission de Redressement des grades dans les Forces Armées Nationales…A ce titre, elle doit examiner la nomination et la promotion dans chaque grade des officiers, des sous-officiers et des militaires du rang ; relever les anomalies constatées « . Cette annonce a été faite au cours du conseil des ministres du mercredi 15 juin 2011. En clair, le président Alassane Ouattara voudrait que la Grande muette, nouvelle formule, puisse travailler dans la sérénité.
Car, la Grande muette, quand elle devient bavarde (comme elle l’est depuis quelques années), on sait ce qu’il en coûte à l’ordre public. L’autre innovation majeure que le chef apporte, c’est que désormais, le commandant supérieur de la gendarmerie, et le directeur général de la police nationale, ne seront plus sous les ordres du chef d’état-major des Forces armées nationales, comme au temps des présidents Houphouët-Boigny, et Bédié où les trois corps étaient nettement cloisonnés.
Le moins qu’on puisse écrire, c’est que le président de la République s’attaque là à un autre grand dossier national. Car, comme le disait le président Henri Konan Bédié, quand il arrive que la chaîne de commandement dans l’armée est déréglée, où il n’y a plus de discipline, où il n’y a plus de respect de l’autorité, c’est toute la société qui s’en trouve affectée. En mettant une commission en place pour le redressement des grades aux fins de corriger les anomalies constatées, le chef de l’Etat, Sem Alassane Ouattara, non seulement va réparer une injustice de taille, mais pose indubitablement les jalons des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), une armée républicaine, forte de son unité retrouvée, et gage de paix, préalable à tout développement, dans une Côte d’Ivoire véritablement une et indivisible où le » Vivre ensemble » ne sera pas un vain mot, mais un comportement. » Grades Gbagbo » et » Grades Soro « , le président Alassane Ouattara vient de couper la poire en deux. Définitivement. Et au nom de la paix !
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