RFI
Par Frédéric Couteau
Ils sont nombreux dans la capitale économique ivoirienne à se poser la question… Et cette insécurité est souvent le fait de ceux-là même qui sont censés la combattre : à savoir les FRCI, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, la nouvelle armée nationale, dont certains éléments continuent de racketter et de piller les populations. Du coup, ce week-end, le Premier ministre Guillaume Soro a tapé du poing sur la table : « tout soldat qui rackette sera radié », a-t-il déclaré. Des propos repris en titre par le quotidien Le Mandat. « Face aux nombreuses plaintes des populations au sujet des agissements des éléments incontrôlés des Forces Républicaines, le Chef du Gouvernement est allé s’imprégner de la réalité sur le terrain, constate le journal. (…) Le cortège du Premier ministre a pu se rendre compte de la présence de barrages anarchiques, malgré les appels incessants du gouvernement. Des personnes en armes ont été prises sur le fait. »
Plus de contrôles donc et des vérifications, car certains hommes en treillis, auteurs d’exactions, n’appartiendraient pas aux FRCI, d’après Le Mandat. C’est pourquoi, précise le journal, de nouvelles tenues seront prochainement distribuées aux soldats, afin, dit-il, « de permettre aux militaires issus des rangs d’être mieux identifiables. »
La BAD ne veut pas revenir à Abidjan…
Le rétablissement de la sécurité à Abidjan est une priorité pour les populations, victimes potentielles, mais c’est aussi une priorité de politique extérieure. En effet, « Les FRCI portent un mauvais coup à Ouattara », s’exclame Soir Infos. Et pour cause, explique-t-il, en raison de l’insécurité chronique qui règne dans la capitale économique, « les gouverneurs de la BAD, la Banque africaine de développement, ont décidé que l’institution restait à Tunis, pour encore trois ans. Le retour de la BAD à Abidjan dépendra du ‘rétablissement des conditions de sécurité acceptables’ et de la ‘réhabilitation des bâtiments de la banque, endommagés’ », a affirmé l’un des responsables de l’institution financière africaine cité par Soir Infos. Soir Infos qui précise que le Président Ouattara aurait « accusé durement le coup. (…) L’onde de choc est d’autant plus forte à Abidjan, poursuit le journal, que le Premier ministre Guillaume Soro a entrepris, en compagnie du général Bakayoko Soumaïla, avant-hier, une tournée visant à ‘mettre de l’ordre dans les rangs des FRCI’. Dans les prochains jours, des mesures énergiques devraient être prises, pour mettre hors d’état de nuire ‘toutes les brebis galeuses’ qui sont en train d’écorner sérieusement, l’image du gouvernement Ouattara. »
Seulement voilà, certains militaires ne l’entendent pas de cette oreille… « Des soldats FRCI menacent de se révolter » : c’est la Une de L’Inter. L’Inter qui affirme que « si l’action vigoureuse de Guillaume Soro a été saluée par la population et les usagers, qui se plaignent de plus en plus des agissements de certains éléments des FRCI, ce n’est cependant pas le cas au sein de la nouvelle armée où des voix s’élèvent pour dénoncer l’initiative du Premier ministre. Des soldats des FRCI, qui ont tenu à garder l’anonymat, nous ont joints, poursuit L’Inter, pour exprimer leur ras-le-bol et leur intention de manifester bruyamment pour se faire entendre dans les jours à venir. »
Et le quotidien abidjanais de préciser que beaucoup de militaires attendent d’être payés. Parmi eux ,« des milliers de jeunes volontaires dont le sort n’est pas encore déterminé, au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo à laquelle ils ont contribué. Après avoir risqué leurs vies pour permettre à Alassane Ouattara de disposer de son pouvoir, ces jeunes, dont beaucoup rêvent de se voir intégrer à l’armée nouvelle, affirme L’Inter, attendent une reconnaissance des nouvelles autorités. »
Un mal nécessaire ?
Pour Fraternité Matin, il faut « reconnaître que malgré leurs défauts, les FRCI sont aujourd’hui un mal nécessaire. Sans elles, Laurent Gbagbo et les siens auraient commis plus de crimes et conduit le pays au chaos, estime le journal. Et compte tenu de l’arrogance des Refondateurs, du refus de certains d’entre eux de reconnaître le Chef de l’État, nous devons nous accommoder de leur présence. Le danger n’est pas totalement écarté, s’exclame Fraternité Matin. Imaginer des partisans de Laurent Gbagbo préparant quelque part un coup pour reprendre le pouvoir n’est pas faire preuve de paranoïa. »
Toutefois, reconnait Fraternité Matin, « ces forces républicaines, surtout certains de leurs responsables, devraient aussi cultiver l’humilité que nous demandons aux partisans de Laurent Gbagbo. Ils devraient savoir qu’ils constituent aujourd’hui l’épine dans le pied du Chef de l’État, en raison de certaines exactions qui leur sont prêtées. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme les accusent d’avoir commis des crimes contre l’humanité. Si leur rôle dans la libération de notre pays peut nous inciter à les défendre et à pardonner certains de leurs crimes et exactions passés, conclut le quotidien abidjanais, ils devraient commencer par se discipliner et à être moins arrogants. (…) Que ces chefs de guerre ne nous donnent pas le sentiment qu’ils ont pris notre président en otage. »
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