Deux mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo, ses partisans continuent de dénoncer sa détention et les raisons de son arrestation. Je voudrais ici m’adresser à quelques personnalités que je respectais beaucoup par le passé: les écrivains Calixthe Beyala et Gaston Kelman, le rappeur Franco-Togolais ROST, Dieudonné et d’autres intellectuels avec lesquels je me sentais proche idéologiquement.
Je ne reviendrai pas sur les élections, les manipulations de Laurent Gbagbo pour rester au pouvoir et se faire passer pour une victime de la françafrique.
Beaucoup d’intellectuels sont tombés dans sa « farine », le comparant même à Lumumba ou à Sankara, pour avoir osé « gueuler » contre la France. Mais gueuler ne sert à rien si l’on vend toutes les richesses de son pays à ses amis Français (Bolloré, Bouygues, Total…). Bref, Gbagbo est un boulanger et il a su utiliser les milliards détournés au détriment de son peuple pour acheter des armes et des consciences « moins chères ».
Si je passe ce message aujourd’hui, c’est en réaction à une vidéo récente d’Elie Domota, le leader antillais, qui vient lui aussi de prendre pieds dans le dossier Ivoirien. Et la paresse intellectuelle de tous ces gens qui se répandent en conneries sur le net m’oblige à leur apporter la contradiction. Avant toute chose, je tiens à dire que je combats la françafrique et m’oppose aux présidents comme Blaise Compaoré, Faure Gnassimgbé, Ali Bongo et autres « confiscateurs » de pouvoir. Je suis même farouchement anti-Sarkosy.
Mais l’honnêteté intellectuelle oblige à reconnaître le bien fondé d’un acte en toute objectivité, sans sectarisme. Je m’explique brièvement:
Il est vrai que la France a pour habitude de soutenir ses « valets » lors des élections, et de les reconnaître rapidement malgré les fraudes. Cette fois-ci, elle a choisit le camp de la démocratie en Cote d’ivoire. Pourquoi est-ce inimaginable en 2011?
L’armée Française est très souvent intervenue pour les intérêts exclusifs de la France en Afrique, au dépend du progrès de ses anciennes colonies. Mais ce qu’elle a fait, à la demande du président légitime et sous mandat de l’ONU, est une réussite. Oui, capturer ou faire capturer Laurent Gbagbo (on se fout de qui à fait quoi), avec tous ses proches vivants (seul un ministre est décédé de ses blessures), c’est une réussite. N’oublions pas que les Abidjanais commençaient à manquer de tout, de vivres, d’eau, de soins… et que la menace d’un enlisement dramatique était immense. Il faut du courage pour l’avouer et Alpha Blondy à eu ce courage, surtout après avoir chanté « Armée Française, allez vous-en de chez nous! ». Il a d’ailleurs chanté: « Tout change, tout évolue, seuls les imbéciles ne changent pas… »
Enfin, beaucoup d’intellectuels ont utilisé la crise Ivoirienne pour régler leurs comptes avec Nicolas Sarkozy. Certains de ses ennemis se sont permis de mettre en doute ses actions pour rétablir la démocratie au lendemain du hold-up électoral du camp Gbagbo. Dommage encore une fois pour les électeurs Ivoiriens qui ont vu leur combat, leurs années de sacrifices et leur choix réduit à peu de choses. Dans beaucoup de médias, leur vote est devenu un détail, balayé par des querelles politiciennes et mesquines sur la françafrique, la néo-colonisation et autres considérations qui ne se préoccupaient pas des suffrages exprimés lors de l’élection du 28 novembre 2010.Je ne désespère pas d’entendre un jour des excuses ou des regrets de la part de ces personnalités qui ont légitimé un dictateur. Certaines allant même jusqu’à s’afficher avec les bourreaux en pleine répression sanglante sur les bords de la lagune Ebrié. Je ne dirai pas comme Alpha Blondy que « les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains ». Je dirais plus simplement qu’avec des amis pareils, l’Afrique n’a pas besoin d’ennemis.
CONTRIBUTION – LIBRE OPINION
O. Oba
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