Ce que le pouvoir envisage
La Commission électorale indépendante (Cei), version Linas Marcoussis, va changer de visage. L’information n’est pas encore publique. Des sources fiables indiquent que pour les élections générales à venir, l’Institution dirigée par Youssouf Bakayoko va faire sa mue. Elle va sortir de l’état d’une ‘’Cei des partis politiques pour entrer dans celui d’une ‘’Cei normale’’. En clair, la nouvelle Cei ne tiendra plus compte de la clé de répartition des sièges, telle que prescrite par la table ronde de Linas Marcoussis (banlieue parisienne) du 23 janvier 2003. Pour mémoire, cette rencontre regroupait les principaux protagonistes de la crise armée du 19 septembre 2002. A savoir le Pdci d’Henri Konan Bédié, le Fpi de Laurent Gbagbo (Chef d’Etat d’alors), le Rdr d’Alassane Ouattara, le Pit de Francis Wodié, l’Udpci de Mabri Toikeusse, le Mfa d’Anaky Kobena, l’Udcy de Mel Eg Théodore, ainsi que le Mpci, le Mpigo et le Mjp, regroupés plus tard au sein des Forces nouvelles. Toutes les entités citées avaient des sièges dans la commission électorale, en fonction de leur représentativité au plan politique. La répartition décidée à Marcoussis a été, par ailleurs, entérinée par les différents accords internationaux et par l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) qui a conduit les Ivoiriens à l’élection présidentielle du 31 octobre puis du 28 novembre 2011. C’est donc la clé de répartition de Marcoussis qui va sauter. En lieu et place, précise nos sources, le Gouvernement ivoirien envisage de mettre en place une Cei de techniciens et de technocrates peu ou non marqués politiquement. Le régime Ouattara estime qu’il a été élu à travers des élections démocratiques, et qu’il n’est plus obligé de fonctionner comme un pouvoir de transition ou d’exception.
Débats et déballages à l’horizon
D’ailleurs, le Premier ministre Guillaume Soro, à l’occasion du premier Conseil des Ministres du Vendredi 3 juin 2011, a subtilement donné le ton. ‘’Nous ne sommes plus dans le contexte où l’accord politique de Linas Marcoussis avait prévu une clé de répartition entre les formations politiques. C’est terminé’’, avait-il lâché, relativement à la formation du gouvernement.
Cette affirmation du chef du Gouvernement, comme l’indiquent aussi nos sources, traduit ‘’la volonté des nouveaux dirigeants ivoiriens, de normaliser la vie politique et de redonner aux Institutions ivoiriennes, leur fonctionnement réel’’. Pour la nouvelle recomposition de la Cei, a-t-on appris, des discussions ont lieu en ce moment entre le chef de l’Etat, le premier ministre et le président de la Cei. L’option qu’envisage le gouvernement Ouattara, faut-il le souligner, est différente de celle qu’entend proposer l’ex-parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo (ex-chef de l’Etat). En effet, selon Koulibaly Mamadou, le troisième vice-président de cette formation politique majeure de l’opposition, il faut revoir la composition de la Cei. Mais dans le sens d’équilibrer la présence des organisations et partis politiques. Pour lui, par exemple, les Forces nouvelles devenues une seule entité, ne doivent pas avoir des sièges au nom du Mpigo, du Mpci et du Mjp. Les propositions que le Fpi souhaite faire, prochainement au président de la République, pourront-elles amener celui-ci à revoir sa copie ? La question reste posée. Toujours est-il que l’organisation ‘’avant la fin de l’année’’ des élections législatives, municipales et des Conseils généraux, risquent d’entraîner des débats et déballages politiques intenses en Côte d’Ivoire. Au nombre de ceux-ci, la poursuite intégrale ou partielle de l’accord politique de Ouagadougou, les conditions de la tenue des différents scrutins, et même le maintien ou non de la cartographie électorale.
BAMBA Idrissa
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