Par Denis Kah Zion – Le Nouveau Réveil
Grogne par-ci, grogne par-là au Pdci-Rda, après la formation du gouvernement du 1er juin 2011. Nos premiers mots, dès l’entame de cet éditorial, c’est de demander aux militants du plus ancien, du plus national, sociologiquement parlant, des partis politiques de Côte d’Ivoire, le Pdci-Rda, de savoir raison garder. Toutefois, pour que le linge sale se lave proprement en famille, pour apaiser les grognons qui critiquent avec foi, forte conviction et force-arguments, il est de bon aloi de restituer la véracité des faits. En l’espèce, la collusion des faits qui a causé confusion, trouble, amertume et grogne. En fait de faits :
– Dr Adolphe Konan Saraka, pharmacien de profession, membre du Bureau politique du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), ex-député-maire de Béoumi, membre actif de l’Association des élus et cadres du Grand centre, accorde une interview (« Le Nouveau Réveil » le republie intégralement ce jour pour éviter toute interprétation) au quotidien « Soir Info ». Nous citons quelques passages poignants de cette interview dont le caractère à la fois tribal et injurieux n’échappera à personne: » Le Pdci-Rda n’a pas voté Ouattara, ce sont les Baoulé, et à quelques exceptions près, qui ont suivi les consignes de vote de Bédié… Les Baoulé sont des hommes de parole, dignes et honorables. Ils ne sont pas demandeurs… Ce n’est que le ‘V Baoulé ‘ qui s’est mobilisé pour soutenir Bédié et, par la suite, faire élire Alassane Ouattara… En réalité, c’est donc l’électorat baoulé qui est fondé à prétendre à la Primature, pas le Pdci-Rda « . C’était le lundi 30 mai 2011.
– Le mercredi 1er juin 2011, soit 2 jours seulement après l’interview de Saraka Adolphe, le gouvernement Ouattara est formé. Le Pdci-Rda hérite de 8 portefeuilles ministériels : Me Jeannot Kouadio Ahoussou, M. Daniel Kablan Duncan, M. Patrick Achi, Pr Thérèse Aya N’dri-Yoman, M. Kobenan Kouassi Adjoumani, M. Dagobert Banzio, Mme Raymonde Goudou Coffie, et M. Rémi Kouadio Allah. Sur les 8 ministres, divine surprise, 7 sont Akan et un de l’Ouest ; et sur les 7 Akan 4 sont Baoulé, répartis autour de la zone de Yamoussoukro.
Quelle magistrale collusion entre une interview d’un cadre baoulé et la formation d’un tel gouvernement ! C’est politiquement maladroit. Ca sent, quelque part, du service commandé.
Et, il est bon de le souligner avec courage. Il n’est pas inutile de rappeler à Adolphe Konan Saraka que le Pdci-Rda n’est pas et n’a jamais été une affaire des seuls Baoulé, et que son attitude est tribale. Ne pas dénoncer l’attitude d’Adolphe Konan Saraka, c’est faire preuve de lâcheté. Pis, c’est jouer contre les intérêts du Pdci-Rda, c’est affaiblir ou vouloir casser le parti. Et ça, tout militant sincère ne saurait le cautionner. Car ceux qui ont payé le lourd tribut au cours de la récente crise post-électorale, ce sont les populations autochtones militantes de la zone forestière. Qui ont accueilli et encadré les militants Pdci Baoulé installés chez eux.
Si les derniers ont voté massivement, c’est certes grâce à la mission de sensibilisation des élus et cadres du grand centre mais aussi parce que les militants Pdci des régions d’accueil ont fait au quotidien un travail d’encadrement qu’il ne faut pas occulter. Il faut arrêter de provoquer, d’insulter et de payer en monnaie de singe ces nombreux cadres et élus qui continuent de souffrir le martyre au Centre-Ouest, au Sud-Ouest et à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Il est d’ailleurs heureux dans ce débat que tous les militants de l’Est, du Sud, du Centre, du Nord, de l’Ouest, en soient affectés et aient réagi pour condamner ce qui a tout l’air d’une mission commandée (de l’intérieur ou peut-être de l’extérieur). Et, à l’heure où nous parlons, nous en sommes convaincu, la grogne des militants est parvenue au 1er d’entre nous, le président du parti qui, assurément, est tout autant affecté que les militants. Et, comme à son habitude, le président Henri Konan Bédié, aujourd’hui, doit être en pleine réflexion profonde pour trouver la parade contre les ennemis du Pdci-Rda à l’image de Saraka Adolphe. Bientôt, il arrivera de Daoukro, procédera ici à Abidjan à des consultations, et bien évidemment, trouvera les mots justes pour apaiser, réconcilier, et remettre la machine Pdci en ordre de bataille. Pour l’heure, des multiples réactions qui nous sont parvenues, nous en tirons les enseignements suivants qui peuvent être des solutions à cette crise passagère, nous l’espérons vivement, au Pdci-Rda.
En premier lieu, il faut dire aux militants qu’il faut savoir raison garder. Des batailles futures, les législatives, les municipales et les conseils généraux attendent le parti. Toutes ces batailles nécessitent sérénité, unité, mobilisation, organisation et discipline. Le Secrétaire général, le professeur Alphonse Djédjé Mady, l’a dit devant les jeunes du parti (Forum Pdci version Koné Issa) il y a quelques jours : » On peut perdre la présidentielle et gagner les législatives « . De telles échéances doivent être, aujourd’hui, les priorités du parti. En second lieu, il faut traduire Adolphe Konan Saraka, membre du Bureau politique, donc, qui n’est pas un militant quelconque, devant le Conseil de discipline du Pdci-Rda pour qu’il s’explique sur les motivations réelles de sa sortie » tsunamique » aux antipodes de la philosophie du Pdci-Rda. Cela découragerait tous ceux qui tenteraient encore de ramer à contre-courant des intérêts du parti du président Henri Konan Bédié. En troisième lieu, quand on ne possède pas une chose en quantité, la sagesse ne commande qu’on entretienne avec grands soins le peu qu’on a. Le Pdci-Rda n’a seulement que 8 postes ministériels dans le gouvernement Soro IV, lui qui a pourtant sacrifié « sa » Primature (qui lui revenait légitimement) pour des questions sécuritaires et de paix dans notre pays. Même si c’est un gouvernement intérimaire, de transition, provisoire, tout ce que l’on veut, l’adage nous enseigne que » un tiens vaut mieux que deux tu l’auras « . Surtout qu’il ne faut pas rêver d’un remaniement avant les prochaines législatives parce que ça grogne dans un parti politique et encore moins à un retrait des ministres Pdci du gouvernement. Au nom de la cohésion au sein de la dynamique et gagnante alliance politique Rhdp, il faut faire avec ce qui a été octroyé au Pdci en attendant.
Toutefois, les quelques ministères Pdci doivent être gérés avec parcimonie, avec justesse, tact et équité. Il faut vivement recommander donc, au sein du parti, un Comité de gestion des huit (8) cabinets ministériels Pdci. Pour éviter ce qu’on a déjà vécu, de 2000 à 2010, à savoir, confier des postes de directeur de cabinet (Dircab), de direction administrative et financière (Daf), de directeur général (Dg) d’importante structures sous tutelle, de président de conseil d’administration (Pca) ou de simples administrateurs, etc. à nos adversaires, sous le prétexte qu’ils sont des frères, des beaux parents, des amis d’école ou des militants qui ont honte de porter la tenue Pdci au grand jour. Alors que le Pdci regorge de cadres compétents professionnellement et qui ont fait tous leurs classes politiques au sein du parti. Le Comité de gestion des cabinets ministériels Pdci et même des postes de conseillers économiques et sociaux à venir, qui doit être placée bien évidemment sous la supervision directe du président du parti, aura pour mission de collecter les curriculum vitae des militants (si ce n’est déjà fait), et d’instruire les ministres sur les choix à faire pour éviter de frustrer les militants. L’injustice généralisée est, dit-on, justice.
Les grognons qui dénoncent légitimement ou parfois aussi illégitimement, les sages qui conseillent, les militants de base dans toutes les contrées du pays n’ont qu’un seul souci : faire du Pdci-Rda, le plus grand parti de Côte d’Ivoire, le parti de tous les Ivoiriens en attendant les conclusions des travaux de l’unification des partis du Rhdp. Le président Henri Konan Bédié, que les Ivoiriens de tous bords ont qualifié avant, pendant et après cette crise post-électorale de « Héros National » parce qu’il aura permis à la Côte d’Ivoire de rester debout, saura comme il l’a toujours fait, avec sagesse et justice, trancher et remettre de l’ordre dans la maison Pdci. Alors, braves et courageux militants du Pdci-Rda, sachons raison garder. Oublions les broutilles. Tournons-nous vers l’avenir. C’est le plus important.
De grandes échéances nous attendent pour donner une majorité parlementaire confortable à notre parti et par ricochet au Rhdp, et au Président de la République Alassane Ouattara aux fins de gouverner en droite ligne de ce que feu le Président Félix Houphouët-Boigny nous a toujours enseigné : le dialogue, la concorde et la paix pour un développement harmonieux de la Côte d’Ivoire.
Par Denis Kah Zion
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