Cameroun: l’après-Biya, la guerre de succession et la crise postélectorale future – Par Franklin Nyamsi

REUTERS/Alessandro Bianchi

La guerre successorale de l’après-Biya: enjeu profond de la crise postélectorale future au Cameroun.
(2ème partie d’une série de trois)

Franklin Nyamsi – Professeur Agrégé – Docteur en Philosophie de l’Université de Lille 3

On ne comprendra jamais rien au Cameroun si l’on ne garde pas bien en mémoire que les héritiers de la puissance coloniale française à la fin des années 50, furent choisis au forceps, parmi les camerounais qui s’étaient opposés à la thèse indépendantiste de l’autonomisation réelle de l’Etat du Cameroun par rapport à la tutelle coloniale française. Or la thèse indépendantiste était la thèse majoritaire dans les populations camerounaises. La France et ses héritiers locaux opérèrent alors une manœuvre de contournement stratégique, qui consista à reconnaître formellement l’indépendance du Cameroun d’une part ; mais d’autre part à la vider de tout son sens en la faisant assumer par des camerounais acquis au principe de vassalité qui signeraient les fameux Accords secrets de Défense et de Coopération garantissant à la puissance française la « main basse sur le Cameroun ». Ainsi fut fomentée l’alliance oligarchique Beti/Nordiste qui tient la démocratie camerounaise en otage jusqu’à ce jour. Cet axe stratégique essentiel est reconnu et confirmé par les écrits publics de l’Etat Français, dont un rapport du Sénat datant de 1997, écrit noir sur blanc ce qui suit :

La stabilité du Cameroun repose sur un compromis implicite entre les ethnies de la mosaïque camerounaise : aux chrétiens bamilékés de l’Ouest (francophones comme anglophones) l’essentiel du pouvoir économique et commercial, aux ethnies du Nord et du Sud -principalement les Bétis- la maîtrise de l’autorité politique. Depuis l’indépendance du Cameroun l’alliance des Bétis chrétiens du centre sud, des Foulbès musulmans et des Kirdis animistes ou chrétiens du nord, répond au souci d’assurer un contrepoids au dynamisme économique des populations bamilékés. Au sein de cette alliance les équilibres peuvent certes varier sans que soit, toutefois, remise en cause une solidarité de principe.
Le Cameroun d’ Ahidjo et Biya, le Cameroun de l’UNC-RDPC tient donc son apparente légitimité politique, non pas d’ élections libres, justes et transparentes exprimant la volonté des populations nationales, mais fondamentalement du système répressif, prédateur et corrompu né des indépendances manquées des années 60, système que cerne bien le concept de Françafrique , mis en lumière par le maître-ouvrage de Francois-Xavier Vershave. L’une des choses essentielles dont la Françafrique a privé les camerounais à travers ses Accords iniques, c’est de la responsabilité d’apprendre de leurs erreurs, d’acquérir un art politique endogène et une expérience propre des affaires du monde. N’ayant à gérer ni leur monnaie, ni leurs armées, les Etats de la Françafrique ont pu être pilotés à vue par des élites irresponsables devant leurs peuples, peu enclines à la compétence de gouvernance et complètement insouciantes d’autre chose que la conservation du pouvoir d’Etat. La question politique centrale dans un Etat ainsi vassalisé n’était plus le bien-être des populations, mais le maintien de la stabilité du régime par toutes sortes d’arrangements explicites ou implicites imaginables.

I De la connivence postcoloniale au Cameroun

Cependant, on a trop vite oublié que le pire des systèmes de domination a besoin de la collaboration, du compromis, voire même de la connivence des dominés. Les héritiers de l’élite coloniale camerounaise ont donc dû mettre en place un mécanisme d’ancrage dans la diversité socioculturelle et géographique du Cameroun. Il est dans ces conditions, nécessaire et légitime de passer du concept d’Etat néocolonial au concept d’Etat postcolonial, pour mettre en lumière le réseau des complicités exogènes et endogènes qui traumatisent les populations camerounaises. Nous en sommes ici aux spécificités rugueuses de l’Etat en Afrique. La dictature ne tient pas que par le haut, elle a besoin, sur le long terme – malgré son pouvoir de massacrer à répétition, d’emprisonner et d’intimider- d’une adhésion populaire. La dictature vit ainsi de sa reproduction par le bas. A défaut de l’obtenir par le consentement du vote, la dictature l’obtient par la destruction acharnée de la mémoire de résistance, des valeurs morales, et l’appauvrissement organisé des classes sociales susceptibles de transformer les révoltes populaires en révolutions citoyennes conscientes et efficaces. Etudiant le déploiement de l’Etat postcolonial africain, Jean-François Bayart parle à juste titre du mécanisme de « l’assimilation réciproque des élites » par la réduction des questions politiques nationales aux négociations ethnicistes. On a parlé en ce sens d’équilibre régional au Cameroun pour désigner l’art géopolitique camerounais par excellence. Que cache cette expression en apparence généreuse ? La pire des impostures de l’histoire du Cameroun moderne. Sous couvert d’équilibrer l’accès aux prébendes étatiques à toutes les ethnies du Cameroun, on a en réalité organisé un système de recrutement de l’élite autocratique camerounaise parmi les antidémocrates de toutes les origines du pays. Les ennemis de toutes ethnies de l’indépendantisme camerounais ont été proclamés contrôleurs régionaux des comptoirs de distribution des prébendes de l’Etat colonial, chacun devenant seigneur en sa contrée, au nom du Grand Maître du Renouveau National, Paul Biya, qui lui-même n’a de comptes à rendre qu’à la Cellule des Affaires Africaines de l’Elysée.
Quel rapport avec la crise postélectorale camerounaise qui se prépare ? En réalité le rapport est d’une cruelle évidence. A défaut d’élections crédibles pour la dévolution du pouvoir d’Etat, le système politique camerounais assure la continuité à son sommet par un mécanisme de transmission d’héritage. Comme dans un lignage tribal africain traditionnel, le Cameroun connaît depuis la Tripartite de 1991, une querelle de succession à la tête de l’Etat, en lieu et place des procédures de compétition électorale de façade. Or la question de l’héritage de Biya se pose avec plus d’acuité que jamais, à la fois dans le système politique national camerounais et françafricain du fait de nombreux paramètres difficilement pondérables. Né en 1933, Paul Biya est un homme vieillissant et saturé par l’usure du pouvoir. Le syndrome de lassitude qui frappa Ahidjo au bout de 25 années d’autocratie vient de rejoindre Paul Biya. A de nombreux signes publics, tels le désarroi physique visible de l’autocrate camerounais lors d’un récent séjour en Guinée Equatoriale ou la main secourable de sa jeune épouse chaque fois qu’il perd ses repères spatiaux, les signaux sont partis dans au toutes les directions au sujet de la fin prochaine des carottes de l’Homme-Lion. A plus de 78 ans, Paul Biya est menacé autant par la sénilité que par sa santé régulièrement préoccupante. L’ ironie sarcastique de Paul Biya envers ses nombreuses fausses morts annoncées par ses détracteurs au public ne saurait cacher le désarroi qui s’empare de tout son sérail à la moindre alerte sur sa vie ou sa santé. L’onde de choc n’est pas que nationale. Elle mobilise les intelligences de Washington à Paris, de Pékin à Londres. Par de nombreux signes, les services diplomatiques français et américains, au plus haut niveau, ont signalé à Biya leur souhait de voir leurs intérêts préservés à travers une plus grande modernisation politique du pays. En d’autres termes, la France et les USA redoutent qu’une disparition brusque de Paul Biya, après ces nombreux tripatouillages électoraux dont ils redoutent tous le prochain, ne se paie d’un monstrueux vide politique au Cameroun. Ce serait pour tous, l’ouverture de la boîte de Pandore. La question successorale, élection ou pas, est donc la question première du système autocratique camerounais.
II
Les monstres du Parti des Flammes s’entredévorent

L’incendie a commencé dans la maison du Parti des Flammes. La première catastrophe destructrice du Cameroun est génétiquement liée à l’appareil d’Etat-RDPC. Les proches collaborateurs de l’autocrate Biya, du Secrétariat Général de la Présidence, les ministres-clés du Gouvernement (Premier-ministre et Vices Premiers-ministres, Ministres d’Etat), mais aussi les hauts responsables militaires de la Garde Présidentielle, des armées et police ont commencé à frémir d’impatience. Sous couvert de lutte contre la corruption, deux clans du RDPC se préparent à en découdre dès la première défection de l’Homme-Lion et nous pouvons prévoir qu’ils n’hésiteront pas, si l’occasion leur en est offerte, à pousser le président vieillissant dans les escaliers comme il l’a savamment fait contre son prédécesseur Ahmadou Ahidjo. L’alliance oligarchique qui a reçu le legs des colons français est en réalité constituée par un tandem d’élites sélectionnées dans les ethnies du Centre-Sud-Est Beti (auquel sont inféodées des élites issues de toutes les autres parties du pays) et dans les élites de l’Adamaoua- Nord-Extrême Nord (Où une certaine hégémonie oligarchique des peuls est de plus en plus contrebalancée par des élites dites Kirdis, inféodée au même tandem hérité des français.)
Globalement, comme le reconnaissent toutes les enquêtes des journaux d’intelligence que nous avons recoupées et comme le révèle une analyse scrupuleuse des faits, l’oligarchie postcoloniale des ethnies du Centre-Sud-Est contrôle les postes-clés de l’armée et verrouille les principaux lieux stratégiques du pouvoir de Paul Biya, en deux cordons pris en tenailles par des services de renseignement redoutés par tous. Le premier cordon, c’est un secret de polichinelle, c’est la Garde Présidentielle de Paul Biya dont l’outil antipopulaire est le désormais tristement célèbre BIR (Brigade d’Intervention Rapide) dont la violence sans cœur envers les citoyens camerounais est légendaire. A côté du grand banditisme que ces forces combattent sans succès durable, leur vraie raison d’être est le braquage des énergies citoyennes. Leurs derniers grands méfaits datent de la répression sanglante des manifestations citoyennes de février 2008. Biya non seulement a dévolu les meilleurs armements camerounais à ces unités fortement criminelles, mais il les fait en outre surveiller comme du lait sur le feu par des services secrets étrangers (la France, Israël) tout en interposant entre toutes ses courroies de commandement des hommes qui lui rendent directement compte des faits et gestes des hauts responsables de chacune desdites unités d’élite. L’oligarchie postcoloniale des ethnies de l’Adamaoua-Nord-Extrême Nord est la seconde en contrôle des moyens militaires dans le pays, par deux voies : d’une part, et notamment parce que tous les hauts gradés du Nord, encore moins tous les sous officiers du Nord n’ont pas conspiré contre Paul Biya, l’ancien socle militaire nordiste de l’armée pro- Ahidjo n’a pas été complètement détruit par le conflit issu du putsch manqué du 6 avril 1984 ; d’autre part, l’oligarchie nordiste contrôle encore des forces armées au Cameroun en s’adossant sur les franchises militaires préservées du colonat par les Lamibés du Nord , mais aussi sur la redoutable porosité criminelle des frontières septentrionales du pays qui voient régulièrement passer moult convois d’armes de guerre et de bandes armées.
Enfin, il convient de remarquer, pour comprendre le conflit interne que les héritiers de Biya se livrent en vue de sa succession, que le duel entre les Nordistes (Oligarques Foulbés, Kirdis et assimilés) et les Sudistes (Oligarques Beti et assimilés) est doublé d’un double duel interne à chacune des ailes de ces oligarchies. Dans l’oligarchie Sudiste des Beti et assimilés, se livre un duel à mort entre oligarques Boulous et non-Boulous (Ewondo, Eton, Sawa, et Cie) , mais aussi entre boulou pro-Biya et boulou-rivaux des pro-Biya. Le duel commencé en 1996 entre Paul Biya et Titus Edzoa, relais de l’ancien Duel entre Ayissi Mvodo et Paul Biya, se poursuit encore sous nos yeux, empruntant les déguisements mensongers de l’Opération anti-Corruption Epervier, dont les arrestations à tête chercheuse de certains oligarques Beti sont loin de blanchir la corruption massive du régime. De même, dans le pré-carré Boulou, le sort des Pierre-Désiré Engo, ou tout récemment de Rémy Zé Meka, n’est pas étranger aux querelles de succession en cours dans le sérail sudiste où ils affrontent les hommes d’Edgar Alain Mebe Ngo’o et de Jean Foumane Akame, aujourd’hui en position de force. Les oligarques issus des clans ethniques de l’Ouest, du Sud-Ouest ou du Littoral inféodés au clan oligarchique Beti se contentent de jouer les essuie-glaces en fonction des variations du rapport de forces entre les clans d’oligarques Beti. Dépourvus de capacités de nuisance militaire, ces oligarques de seconde zone s’efforcent simplement d’être dans le sillage de la faction gagnante, quand Biya s’en ira. Représenté dans l’Armée, dans la Garde Présidentielle et dans les Services Secrets, chacun des clans oligarchiques Beti mène résolument le duel des positionnements pour être sur la bonne ligne d’arrivée au final. La manœuvre consiste à placer des agents dans toutes les courroies de commandement, à retourner à coups de milliards, de promesses, voire de menaces, les plus vulnérables. Mais surtout à posséder en temps et heure toutes les informations stratégiques sur l’évolution du rapport de forces et des opportunités au sommet de l’oligarchie dirigeante. La messe officielle est bien sûr au soutien massif à Paul Biya, « candidat naturel du RDPC ». Officieusement, on l’appelle « le croulant d’Etoudi », le « paresseux », le « Vieux dangereux », « Le type qui dérange ». Coups bas, trahisons et fausses dénonciations prospèrent à foison, avec une instrumentalisation exacerbée de certains organes de presse pour ces batailles de tranchées à coups de révélation tonitruantes.
Dans l’oligarchie nordiste dont les têtes de pont sont côté peul les ministres d’Etat Marafat Hamidou Yaya et Bello Bouba Maïgari, et côté kirdi le Vice-Premier Ministre Amadou Ali et le Président de l’Assemblée Nationale Cavaye Yeguié Djibril, la bataille fait rage autant à l’intérieur du réseau des oligarques peuls du RDPC que dans le réseau des oligarques kirdis du même parti, sans oublier le duel central qui oppose peuls et non-peuls dans le Grand Nord du Cameroun depuis la pénétration musulmane d’Othman Dan Fodio au début du 19ème siècle. Comme en témoigne la recherche historique, la participation de lamibés peuls à la résistance anticoloniale fut à géométrie variable. Des peuls issus des lamibés de Ngaoundéré, de Banyo et de Maroua pointent souvent avec aigreur la part belle que les nouveaux pouvoirs coloniaux français firent au lamibé de Garoua, après le départ des allemands, alors que ce lamibé serait, selon certains historiens de la région , réputé pour sa collaboration fort précoce avec les envahisseurs occidentaux de tous poils, allemands comme français. Du côté des non-peuls du Nord, souvent désignés par le concept fourre-tout de kirdis, le duel se poursuit également entre les haoussa et les autres, moundang, kapsiki, etc. alliés au RDPC de Paul Biya ou à ses partis-satellites comme le MDR de feu Dakolé Daïssala. On le voit notamment dans les batailles pour l’allocation de lignes budgétaires importantes de l’Etat, comme l’affaire du chantage fait par des élites de l’extrême-Nord pour l’accès privilégié des ressortissants de Maroua à l’Ecole Normale Supérieure de leur contrée l’a récemment montré. La cohésion interne de l’aile nordiste de l’oligarchie postcoloniale au pouvoir au Cameroun tient donc à un équilibre de la terreur interne et externe à chacun de ces clans. Une telle guerre de nerfs peut-elle rester longtemps sans effets collatéraux physiques ?

III Des formes de la guerre successorale camerounaise

« Elections » ou pas, Biya partira peut-être plus tôt que nous ne pouvons l’imaginer : naturellement ou accidentellement, comme tous les autocrates de la terre. La guerre de succession est donc la seule actualité politique importante pour les cadres du RDPC et de ses partis alliés au pouvoir. Le duel Nord-Sud dans l’oligarchie postcoloniale qui gouverne le Cameroun se lit dans les mailles des filets très sélectifs de la lutte anti-corruption dite Opération Epervier. En 2009, on évaluait les sommes détournées du Trésor Public par les cadres du RDPC à près de 215 milliards de FCFA. A ce jour, alors que leur implication dans de nombreux scandales financiers d’Etat est régulièrement mise en évidence, aucun des poids lourds du Nord cité dans ces affaires n’est dans les geôles de la Prison d’Etat de Kondengui, ou captif dans les locaux du SED (Secrétariat d’Etat à la Défense) alors que Biya a parqué dans ces lieux de détention, sous le chef d’accusation de haute corruption, bon nombre de ses propres successeurs velléitaires issus de l’oligarchie postcoloniale Beti : Pierre Désiré Engo (ancien DG de la CNPS, créateur de la Fondation Martin-Paul Samba), Polycarpe Abah Abah (Ancien ministre de l’Economie et des Finances), Rémy Ze Meka (Ancien Ministre Délégué à la Défense, alias Bad Boy), Titus Edzoa (Ancien Secrétaire Général de la Présidence, candidat à l’élection présidentielle de 1997), Thierry Michel Atangana, Jean-Marie Atangana Mebara (Ancien Secrétaire Général de la Présidence), Jérôme Mendouga (Ancien ambassadeur du Cameroun à Washington), Joseph Edou (Ancien DG du Crédit Foncier du Cameroun), Emmanuel-Gérard Ondo Ndong ( DG du FEICOM), Urbain Olanguena Awono ( ancien ministre de la santé publique), Jean-Baptiste Nguini Effa ( ancien DG de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers, SCDP), Gilles-Roger Belinga (ancien DG de la Société Immobilière du Cameroun, SIC), etc. Chargé de la campagne d’assainissement du fléau de la corruption au Cameroun, Jean Foumane Akame, Conseiller Juridique Spécial du prince, fait tourner à merveille la machine de bouc-émissarisation opportuniste du pouvoir, non seulement contre les jeunes loups de l’oligarchie Beti rassemblés réellement ou fictivement dans le fameux G11, mais aussi contre la remontée en puissance des lobbies politiques du Nord qui ont reconquis une respectabilité notoire dans l’équation politique globale du régime RDPC.
La guerre successorale qui a commencé au Cameroun après l’ultime tripatouillage constitutionnel de 2008 peut prendre, outre la forme judiciaire dans laquelle elle se cristallise sous l’Opération Epervier, la forme d’un nouveau consensus au sommet de l’oligarchie Nord-Sud, comme ce fut le cas entre 1960 et 1982, puis entre l’après coup d’Etat 1984 et 1992 au moment des premières élections multipartites, et enfin de 1992 à 2011, ainsi qu’en témoigne le rapport des forces actuel de ce duo dans l’appareil d’Etat administratif, militaire et relativement économique. Mais si jamais les mécanismes du combat judiciaire et du partage des rôles dans l’Etat-autocratique venaient à frustrer durablement l’une ou l’autre des ailes de cette oligarchie duelle, il est à prévoir que les choses prennent la forme d’affrontements armés plus violents que ceux de 1984. Non seulement parce que les deux camps sont plus armés aujourd’hui que dans le passé, mais aussi parce qu’ils bénéficient respectivement des enseignements de leurs affrontements précédents. Il est donc à prévoir qu’autour du contrôle des Côtes, ports, aéroports, palais de gouvernement, stations de radios publiques et privées, axes routiers névralgiques du pays, places militaires à forte capacité de projection sur terrains d’opérations, lieux de stockage d’armes nécessaires au conflit, moyens de ravitaillement et de transport, du sang camerounais doive encore couler à flots dans les temps à venir. Cette hypothèque sanglante sur l’avenir du pays sera d’autant plus pertinente que des actes de belligérance ouverte se multiplieront dans chacun des camps du duo et entre les mousquetaires des deux camps du tandem oligarchique Nord-Sud qui tient la démocratie camerounaise en otage depuis 1955. La société civile camerounaise va-t-elle se payer le luxe mortel de servir de palais de porcelaine aux éléphants insatiables du RDPC ? Le péril est là.
René Sadi, Amadou Ali, Marafa Hamidou Yaya, Laurent Esso, Cavaye Yéguié Djibril, Foumane Akame, Mebe Ngo’o avec les Paul, Frank et Chantal Biya, continueront-ils de revendiquer longtemps un droit de vie ou de mort à la souveraineté démocratique du peuple du Cameroun ? Sommes-nous encore assez crédules pour attendre la démocratisation du Cameroun de ces cohéritiers sans foi ni loi ?

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