Par Norbert Navarro – RFI
Le nouveau gouvernement trône en majesté à la une de la presse ivoirienne présente en kiosque ce matin (à l’exception donc, toujours, de la presse dite « bleue », c’est-à-dire la presse d’opposition). « Nouvelle armée, reconstruction, lutte contre la corruption, réforme administrative, les 36 ministres sont au pied du mur », lance le quotidien gouvernemental Fraternité matin. « Qui sont-ils ? » interroge en manchette Le Patriote. Tout comme L’Intelligent d’Abidjan, le journal proche du RDR, le parti du président Alassane Ouattara, publie en une la photo de chacun de 36 ministres. Et affirme que « Tous les groupes ethniques et les régions administratives» sont représentés au sein de ce gouvernement et que les femmes « n’y font pas de figuration ». Tel n’est pas l’avis du Nouveau Réveil, quotidien du PDCI, l’ancien parti unique, allié du nouveau président ivoirien… le Nouveau Réveil qui regrette la « sous-représentassions des femmes » au sein de ce gouvernement et qui note l’absence de deux autres partis que sont le FPI et le PIT.
Quand aux quotidiens indépendants l’Inter et Soir Info, ils complètent cette analyse critique du gouvernement en déplorant aussi l’absence des jeunes en son sein. « Le RDR et le PDCI ont nettement ignoré (…) ces jeunes leaders qui étaient pourtant au devant de la lutte, au plus fort du bras de fer avec l’ancien régime de Laurent Gbagbo », se récrie ainsi L’Inter. « Kouadio Konan Bertin (PDCI), Karamoko Yayoro (RDR), Blé Guirao(UDPCI) pour ne citer que ceux-là parmi tant d’autres, auraient pu faire partie de l’équipe. Que non ! » regrette L’Inter, qui ajoute « En ce qui concerne la gente féminine, la moisson est à la baisse. Elle devra se contenter de cinq portefeuilles contrairement au défunt gouvernement du chef d’Etat déchu Laurent Gbagbo, qui comportait sept femmes ministres ».
De son côte Guillaume Soro, lui, a bien manœuvré pour ‘‘caser’’ ses lieutenants de tous âges au sein de sa nouvelle équipe, souligne le journal. C’est également à L’Inter qu’un un élu du FPI s’est confié, étant rappelé que le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo brille par son absence dans le nouveau cabinet. « Nous ne pouvons pas participer à un gouvernement, alors que nos camarades sont dans la souffrance.», explique cet élu à L’Inter.
Le cri d’alarme de Human Rights Watch
Le site Guinée Conakry info exprime sa vive préoccupation : « Le président Alassane Ouattara était certainement loin d’imaginer que les lendemains de son investiture seraient aussi amères, avec toutes révélations des organisations de droits de l’Homme qui lui collent à la peau, comme des sangsues affamées ». Le site évoque le corps retrouvé de Stéphane Frantz di Rippel, le directeur français du Novotel d’Abidjan et les massacres de Youpougon « où ses forces sont sérieusement indexées, pour des représailles macabres ».
« Cette avalanche de révélations inquiétantes sur les terribles exactions commises selon le dernier rapport de Human Rights Watch, par les forces pro-Ouattara qui ont torturé et tué des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, sont de nature à compromettre dangereusement l’énorme espoir soulevé par l’avènement du nouveau pouvoir » poursuit Guinée Conakry info qui conclut : « Pour ne pas que la Côte d’Ivoire devienne ingouvernable, il est urgent que le nouveau gouvernement de Guillaume Soro, aide à la recherche de la vérité sur tous ces crimes, afin que la cohabitation entre Ivoiriens se consolide sur les fondements de la confiance réciproque et de la conscience collective d’un avenir commun ».
Tristesse et désolation à Bobo-Dioulasso
« Fini l’exception bobolaise », constate ainsi l’Observateur Paalga. L’exception en question, c’est celle de la 2e région militaire qui était restée sagement dans ses casernes depuis le déclenchement des mutineries au Burkina. Et bien cette exception « relève maintenant du passé », rapporte le journal, après que la soldatesque de Bobo-Dioulasso soit sortie dans les rues pour y semer « la tristesse et la désolation », déplore l’Observateur Paalga.
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