Général Palasset (Ex Commandant de Licorne) avant son départ: « Seul l’emploi d’une force mesurée nous honore »

Le général Jean-Pierre Palasset de la Force Licorne (DR)

 

Le général Jean-Pierre Palasset commandant de la force française Licorne en Côte d’Ivoire magnifiant mardi, à Abidjan, le militaire, estime dans un discours d’adieu que seul l’emploi de la force mesurée honore la corporation en treillis. Un propos bien à propos et fort descriptif de l’engagement sans faille dans la résolution de la crise post-électorale ivoirienne.

« Seul l’emploi d’une force mesurée nous honore, car elle épargne des souffrances à la population civile et se concentre sur ce qui permet la résolution de la crise. Loin de susciter haine et revanche elle provoque le respect. Faut-il que cet emploi soit limité dans le temps et l’espace », a-t-il retenu, selon lui, face à la presse de son service en Côte d’Ivoire.

Quoi que « cinquième enseignement » appris à la tête de Licorne, cette leçon retenue par le général n’en demeure pas moins la plus importante, illustrant parfaitement et éloquemment l’implication de l’armée française dans la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril.

D’autres enseignements enrichissent le commandement du général Palasset en Côte d’Ivoire au nombre desquels il cite trois points essentiels à ses yeux.

« Le premier concerne la politique qui est la fonction primo inter pares de tous ceux qui gèrent une communauté d’hommes. Donc, elle prime sur tout et ce n’est pas pour rien qu’on lui associe les termes politiques, les termes économiques, sociales etc », dit-il.

La moralité de cette première leçon, est « que sans consensus politique on ne peut résoudre une crise », selon le général français, convaincu aussi que « seule la politique permet de résoudre » une crise.

« Le deuxième enseignement pour moi, c’est l’extraordinaire complémentarité entre les actions diplomatiques et militaires et c’est un cas, je pense, qui fera école. J’ai rarement vu durant une crise une telle solidarité dans l’action. Et je pense que cela a aidé beaucoup de choses dans la résolution de nombreux problèmes », poursuit le commandant.

Et enfin, « le cinquième enseignement, c’est qu’après la politique, le temps des médiations, le temps de la force armée, vient le temps de la justice. Ce temps a commencé très rapidement et sera long, implacable, inexorable ».

Le général Jean-Pierre Palasset embouchant à la limite la trompette des nouvelles autorités ivoiriennes, de l’ONU militants de la formule paix égale justice et vérité avant, admet que « l’impunité n’a pas lieu d’être et la recherche de la vérité se fait par la conjugaison de l’action des organisations internationales, des ONG, de la justice ivoirienne ».

Jean-Pierre Palasset quitte le commandement de la force Licorne, il est remplacé par le Colonel Stéphane Pau.
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Général J. Palasset (Ex-chef de la Licorne) : «Nous avons apporté assistance à un peuple en danger»
L’intervention de la force Licorne, l’arrestation de Laurent Gbagbo, la réunification de l’armée, la lutte contre l’impunité etc. Ce sont les points abordés hier par le général Jean Pierre Palasset lors de son conférence de presse hier au 43ème Bima.

Changement de képi à la tête de la force Licorne. Le général Jean Pierre Palasset rejoint sa base au terme d’un an de commandement de cette opération militaire. Avant de faire son paquetage, le Comanfor a fait ses adieux à la presse hier au 43ème Bima, à Port Bouët. Il a profité de cette tribune pour se prononcer sur l’intervention de ses troupes dans la bataille d’Abidjan qui a abouti à l’arrestation de Laurent Gbagbo. Selon lui, ses soldats ont sauvé la Côte d’Ivoire d’une mauvaise passe. « Nous avons apporté assistance à un peuple en danger. Nous avions le devoir de le faire. Ne pas le faire serait une faute », a-t-il répondu.

Puis d’enchaîner : « Nous sommes heureux d’avoir ramené la paix dans la rue et la joie sur les visages », s’est satisfait le général. L’accueil chaleureux réservé à ses hommes au cours des patrouilles mixtes, même à Yopougon, considéré comme le fief de l’ancien président, en rajoute à sa conviction que le travail a été « bien fait ». Il rejette du revers de la main les accusations « gratuites » qui mettent l’arrestation du président déchu sur le compte des éléments de la Licorne. « C’est une polémique vaine. Ce sont les Frci qui ont arrêté le président sortant et dans aucune des images, vous ne verrez les soldats de la Licorne participer à cette arrestation », a insisté l’ex-patron des forces françaises. Le militaire dit ne pas partager les analystes « alarmistes » de ceux qui disent que le pays a frôlé le pire avec la crise postélectorale. Il se fonde pour cela sur la maturité des Ivoiriens qui ont réalisé un taux de participation record, aux deux tours, qui ferait « pâlir » les grandes démocraties. A ses yeux, le peuple n’était pas prêt à se laisser entrainer dans une aventure qui plongerait le pays dans le gouffre. « Cette maturité politique était un signe avant-coureur que jamais le peuple ivoirien ne se perdrait dans quelque catastrophe que ce soit. Le fait de dire qu’on a frôlé la catastrophe est une expression que je ne reconnais pas », a-t-il soutenu. Ceux qui ont prédit une guerre civile ne connaissent pas bien les Ivoiriens et ont fait de l’exagération du « catastrophisme », a fait remarquer le prédécesseur du colonel Stéphane Pau qui prend les commandes de la Licorne à partir d’aujourd’hui. Le général Jean Pierre Palasset dit avoir tiré cinq leçons d’un an de présence sur la terre d’Eburnie. Le consensus politique est la clé de résolution de toute crise ; ensuite « l’extraordinaire » complémentarité entre les actions diplomatiques et militaires au cours de la crise postélectorale fera école, reste-t-il convaincu.

L’ancien patron de la Licorne a gardé un mauvais souvenir d’un certain journalisme où la diffamation et le mensonge prenaient le pas sur la réalité qui entraine des conséquences « funestes ». Autre leçon, « C’est qu’au paroxysme d’une crise, le militaire est seul. Cette solitude peut aboutir à des dérives et à des emplois inconsidérés de la force. Seul l’emploi d’une force mesurée nous honore car elle épargne des souffrances à la population civile et se concentre sur ce qui permet la résolution de la crise ». Le général part avec la conviction que le temps de la justice est arrivé en Côte d’Ivoire. Il sera « long, implacable, inexorable » et ceux qui se sont bercés d’illusions apprendront que « l’impunité n’est pas de mise », a mis en garde le Français.

Nomel Essis
L’Expressioni

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