Marine Le Pen, présidente du Front national français, et candidate déclarée à la présidentielle de 2012 en France, veut des poursuites judiciaires contre Alassane Ouattara, le nouveau président ivoirien, dont les troupes ont été épinglées par des organismes de défense de droit de l’homme comme auteurs de crimes de guerre en Côte d’Ivoire. Mme Le Pen, qui a tout hérité de son père Jean Marie Le Pen, notamment le Front National, parti d’extrême droite français, s’est ainsi invitée dans le débat politique ivoirien, précisément sur la question des poursuites judiciaires contre des auteurs présumés de crimes de guerre commis en Côte d’Ivoire. Dans une interview accordée samedi dernier à la chaîne française France 2, dans l’émission « Télé Matin », et reprise par le site Youtube, la présidente du FN s’est dite choquée par le deux poids deux mesures qu’elle dit avoir observé au niveau de la justice internationale, quand il s’agit des criminels de guerre. Invitée à se prononcer sur la récente arrestation de l’ancien chef militaire serbe, Ratko Mladic, arrestation saluée à travers le monde, voici la réponse de Marine Le Pen. « Vous savez, M. Mladic a sans aucun doute commis de très graves exactions, comme tous les camps d’ailleurs dans cette guerre de Yougoslavie. Mais moi ce qui me frappe, c’est que j’ai le sentiment dans la justice internationale qu’il y a de bons criminels de guerre et de mauvais criminels de guerre », a-t-elle dit d’entrée, avant d’établir un lien avec la crise ivoirienne où la justice internationale a été également mise aux trousses des criminels de guerre. « J’ai vu il y a quelques jours, que M. Sarkozy qui a contribué à mettre en place M.Ouattara, était à ses côtés pour son investiture, or Amnesty internationale considère que les armées de M. Ouattara se sont rendues coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. La question, c’est de savoir si M. Ouattara sera poursuivi, c’est-à-dire si nous ne sommes pas là encore dans la justice des vainqueurs, et si les intérêts qui sont en jeu correspondent réellement à des intérêts de justice. Nous verrons donc si M. Ouattara doit répondre des crimes qui ont été incontestablement commis par son armée ». L’héritière de M. Le Pen n’a cependant aucun doute sur la question. Pour elle, le nouveau président ivoirien doit être poursuivi, tout comme tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes de guerre en Côte d’Ivoire. Cela pour éviter de faire deux poids deux mesures. « Oui, je pense qu’il (le président Ouattara ndrl) doit être poursuivi, ou alors on considère qu’encore une fois, il y a des intérêts supérieurs qui font qu’il y a des gentils criminels de guerre et des méchants criminels de guerre, comme il y a des gentils dictateurs et des méchants dictateurs, cela dépend d’ailleurs des moments. Parce que les gentils dictateurs comme Ben Ali deviennent des méchants dictateurs en quelques jours. Donc j’appelle les Français à la prudence lorsqu’ils portent des jugements sur ces affaires internationales », a-t-elle conclu, non sans condamner les interventions militaires de la France en Côte d’Ivoire et en Libye.
Hamadou ZIAO
L’Inter
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