Les dommages directs et indirects cumulés subis par le secteur privé durant la crise post-électorale, avoisinent les 1000 milliards de francs cfa. C’est l’information que le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), Jean Kacou Diagou, a donné, ce jeudi, à la mission conjointe FM/Banque mondiale qui séjourne en Côte d’Ivoire depuis quelque temps et aux représentants du ministre de l’industrie ; et de l’Economie et des finances. Dans une estimation préliminaire (en attendant le résultat définitif des évaluations qui se poursuivent), le secteur bancaire enregistre au moins 10 milliards de francs cfa de pertes directes et 500 milliards de dommages indirects. Ceux-ci concernent les créances compromises, du fait de la disparition des personnes physiques ou morales débitrices, ou d’entreprises incapables d’honorer leurs créances eu égard aux dommages qu’elles ont elles-mêmes subis. Aussi, le secteur privé se pose-t-il la question suivante «Oui ou non, l’Etat va-t-il les dédommager ? ». Le président de la Cgeci justifie cette question par le fait qu’en 2004, les entreprises qui ont subi les mêmes dommages n’ont pas reçu l’aide qui leur avait été promise par l’Etat. «Seules quelques-unes ont eu des facilités fiscales », qu’il juge insuffisant pour le cas d’espèce. « Les dégât sont plus importants et s’étendent à tout le pays. Des machines lourdes ont été démontées et emportées, ce qui ne fut pas le cas dans la crise antérieure », soutient-il.
Pour l’heure, et en attendant que toutes les évaluations soient achevées, la Cgeci demande qu’un accent particulier soit mis sur la sécurité des biens et des personnes. Condition sans laquelle la reprise est impossible, selon lui. La question lui paraît si importante que Jean Kacou Diagou a préconisé que de nouvelles tenues soient allouées, de toute urgence, aux forces de sécurité régulières, afin de les distinguer des bandits en treillis qui pillent et braquent les personnes et les entreprises.
En outre, la Cgeci demande au gouvernement de différer la déclaration et le payement des impôts. Car des entreprises ont perdu leur mémoire ou n’ont plus de trésorerie. Elles ne peuvent donc pas, dans ces conditions, faire des déclarations d’impôts et surtout, les honorer. Concernant le cas spécifique des banquiers, le président Diagou veut que le gouvernement saisisse la commission de l’Uemoa pour une révision temporaire du ratio prudentiel pour la Côte d’Ivoire. Faute de quoi, plusieurs banques pourraient se retrouver en faillite du fait des pertes subies pendant la crise. Les banquiers sollicitent également l’intervention de l’Etat, à travers la prise d’un décret, afin de les protéger contre les poursuites judiciaires que des clients pourraient mener contre elles du fait de la fermeture des banques pendant la crise. Il faut rappeler que après le braquage de la représentation de la Bceao en Côte d’Ivoire par le gouvernement Gbagbo, la Banque centrale (le siège) a ordonné la fermeture immédiate de toutes les banques commerciales nationales. Enfin, le racket, le payement de la dette intérieure, l’amélioration de l’environnement des affaires, la création d’un guichet unique de création des entreprises, etc. ont été passés en revue.
Au total, le secteur privé demande un signal fort de l’Etat à travers un dédommagement substantiel des victimes et la prise de mesures fortes pour la relance des entreprises.
David Ya
Fraternité Matin
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