Si Sarkozy était le seul chef d’État occidental venu s’afficher le 21 mai en Côte d’Ivoire à la cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara, il n’était pas le seul représentant français. On y retrouvait également les chefs de file des principaux trusts présents dans le pays, comme Martin Bouygues, dont le groupe occupe une place prépondérante dans les travaux publics, Vincent Bolloré, dont le groupe contrôle les activités portuaires et les transports, et Michel Roussin pour le groupe Veolia.
Dans son discours, Ouattara n’a pas économisé les louanges vis-à-vis de son « ami » de longue date et de la France. Il est vrai que son clan doit beaucoup aux troupes françaises, dont le rôle a été déterminant dans la guerre civile qui l’opposait au clan de Laurent Gbagbo pour la présidence de l’État ivoirien.
Profitant de ce voyage, Sarkozy a de son côté tenu à rassurer les quelque 600 entreprises et 15 000 ressortissants français, travaillant pour le compte des grandes entreprises ou venus faire rapidement fortune dans ce pays. Il leur a affirmé que, contrairement aux engagements de retrait pris en 2009, il maintiendrait des troupes françaises sur le sol ivoirien. « Nous garderons toujours une présence militaire en Côte d’Ivoire pour protéger nos ressortissants », a-t-il déclaré.
En fait, depuis des décennies que les troupes françaises interviennent en Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire, leur présence a toujours été liée, que ce soit sous la présidence d’Houphouët-Boigny ou de Gbagbo, à la défense des intérêts de l’impérialisme et des grands trusts français. Le nouvel accord de défense entre les deux pays va dans le même sens : la France devrait aider à la reconstruction de l’armée ivoirienne et Ouattara sera flanqué d’un conseiller militaire français.
La Françafrique, ce réseau de complicités liant les dirigeants africains aux trusts et aux représentants de l’impérialisme français, a de beaux jours devant elle. Quant à Bouygues, Bolloré et autres, ils peuvent être rassurés : le nouveau président ivoirien, qui doit tant à Sarkozy, ne devrait rien leur refuser.
Roger MEYNIER
lutte-ouvriere-journal.org
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