Les traditions, on le sait, ont la peau dure. Et les traçabilités négatives de l’ancien régime, durant 10 ans, sont en train de faire leurs effets : Nul ne fait confiance à quelqu’un dans ce pays qui aura été dirigé par un « boulanger », pour reprendre l’expression du général Robert Guéi. Le « boulanger », on ne le sait que trop, n’a jamais respecté la parole donnée. Pis, il a démontré en paroles et en actes que la politique, c’est l’art de mentir. Chat échaudé craint l’eau froide. Les militants du Pci-Rda, à partir de ce que tous les Ivoiriens ont vécu durant ces 10 dernières années, sont devenus, pour beaucoup, des Saint Thomas.
Le samedi 20 novembre 2010, au sortir d’une réunion du Conseil politique du Rassemblement des houphouétites pour la démocratie et la paix (Rhdp), à la Maison du Pdci-Rda, baptisée pour la circonstance de l’élection présidentielle, en siège du Rhdp, à Cocody, en présence du président du Rhdp, M. Henri Konan Bédié, le candidat Alassane Ouattara a déclaré à la presse ce qui suit, en cas de victoire : » Nous avons donné des instructions au Directoire du Rhdp pour rédiger les annexes concernant le statut du parti unifié et les questions de poste de responsabilité. A cet égard, j’ai proposé au Conseil politique, après accord du président du Rhdp, que le poste de Premier ministre sera confié au Pdci-Rda, à l’issue de ces élections « .
La victoire acquise, MM Ouattara, Bédié et leurs compagnons se sont retrouvés reclus au Golf hôtel. Vu la situation fragile créée par l’ancien locataire du palais présidentiel, et vu l’urgence, M. Ouattara, toujours en accord avec le président Bédié, a nommé temporairement Guillaume Soro Premier ministre pour achever les deux élections nationales (présidentielle et législative). Le président Alassane Ouattara rassure, chaque fois que l’occasion se présente, les militants du Pdci-Rda, en leur demandant de lui faire confiance. A l’occasion de son investiture, le samedi 21 mai 2011, à Yamoussoukro, et dans l’attente de la future équipe gouvernementale, la question de la primature au Pdci-Rda est revenue sur la table. Le président Ouattara, ayant annoncé qu’en accord avec son aîné Bédié, il reconduira Soro Guillaume, Premier ministre, voici la réponse qu’il a donnée au journaliste à qui il n’a même pas donné le temps de terminer la question :
Est-ce qu’il y aura un jour un Premier ministre Pdci ou est-ce que finalement cette promesse…
» Ecoutez, je tiens toujours mes engagements. Au Pdci, on le sait. Je tiendrai mes engagements le moment venu. Mais, ce n’est pas le moment. »
Oui, Monsieur le président, les militants du Pdci-Rda savent que le moment n’est pas venu. Si la présidentielle est terminée, ce n’est pas le cas des législatives. Les militants du Pdci-Rda, qui ont répondu massivement à l’appel de leur président, M. Bédié, pour vous porter au pouvoir, sont conscients que » la situation est encore fragile « , comme vous le dites si bien. C’est faire mauvaise presse au Pdci de répandre que ses militants ne vous font pas confiance. Un nouvel Ivoirien est né, qui doit tirer un trait sur la malhonnêteté et la roublardise. Les traditions ont la peau dure, comme nous le disions plus haut. Les militants du parti doyen ont besoin d’être rassurés car tout le monde n’est pas dans le secret des dieux, et tout le monde n’est pas au même niveau d’information. Pour notre part, nous ne saurions, un seul instant, imaginer, même en rêve, qu’une promesse d’Alassane Ouattara ne soit pas tenue.
Militants du Pdc-Rda, rassurez-vous, et surtout faites le vide dans votre tête : le temps de la parole donnée non respectée, est révolu depuis le lundi 11 avril 2011. Après la capture de Gbagbo
Par Professeur Serge Ekra
membre Bureau politique du Pdci
Le Nouveau Reveil
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