Interview Doumbia Major, ancien leader de la Fesci parle: « Ceux qui refusent de voir Ouattara exercer le pouvoir ne sont pas seulement au FPI »

Retiré en France après la chute de Laurent Gbagbo, pour ses occupations personnelles, Doumbia Major s’est ouvert à l’Intelligent d’Abidjan. Une fois de plus, il passe au peigne fin, les discours qui ont occasionné la fracture sociale entre ivoirien. De son nouveau combat après la chute de Laurent Gbagbo et de ses relations avec Anaky Kobenan. Sans omettre de tirer à boulet rouge sur certains politiciens qu’ils taxent de ‘’haineux et d’hypocrites’’.

Un mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo, vous êtes toujours en France. Peut-on savoir l’objet de votre séjour dans l’Hexagone ?

Merci pour cette occasion que vous me donnez de m’adresser à vos lecteurs et au peuple de Côte d’Ivoire. Après cette longue et grave crise que nous notre pays vient de traverser, je voudrais avant tout propos m’incliner respectueusement devant les morts survenues du fait direct ou indirect de cette crise. Laurent Gbagbo a certes quitté le pouvoir, mais je ne considère pas le changement que nous avons obtenu comme une victoire, car il ne saurait y avoir de victoire d’un camp sur un autre dans un conflit fratricide qui oppose les fils d’un même pays.

Pourquoi ?

La guerre a été le résultat de notre échec collectif. Elle démontre qu’on n’a pas été habité par la sagesse et qu’on a échoué collectivement à résoudre nos mésententes par la voie du dialogue. Je considère donc la guerre et les violences qui se sont ensuivis comme un échec collectif, car nous n’avons pas pu trouver en nous même les ressources affectives et intellectuelles suffisantes pour régler ce qui nous opposait. Cela est regrettable. J’ai moi-même participé à ce combat fratricide, mais il faut dire que c’est à mon corps défendant, car intérieurement je suis un pacifiste. Mais parfois on est obligé de faire certaines guerres qui s’imposent à nous.  Nous avons mené ce combat qui au-delà de ce qu’on peut en dire, était en réalité un combat contre l’ethnicité et contre des ultranationalistes haineux qui pillaient l’économie du pays, en prenant les populations en otage avec un discours nationaliste tribal et religieux : il s’agissait de l’idéologie de l’Ivoirité devenue patriotisme auquel Gbagbo avait ajouté une dimension religieuse et une dimension populiste à travers le discours souverainiste creux. C’est vrai que nous avons chassé Gbagbo et obtenu le changement, mais nul ne peut être fier du chemin par lequel on a été obligé de passer pour atteindre notre objectif. Il a en effet fallu qu’on se batte, à notre corps défendant, contre nos propres frères qui défendaient ceux qui les manipulaient et qui leur faisaient croire qu’ils étaient supérieurs à d’autres ivoiriens qu’on leur désignait comme inférieurs ou souillant, sur la base de leurs appartenances politiques ou simplement sur la base de caractéristiques ethniques, religieuses ou culturelles. Après une telle bataille, comprenez que je ne suis pas particulièrement pressé de venir sabler le champagne ou me pavaner en victorieux, car je sais que le prix pour y arriver a été un vrai gâchis pour notre pays. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que ça fait 10 ans que je suis engagé dans ce combat contre le régime Gbagbo de manière constante ! C’est d’ailleurs pour rester dans la logique de ce combat et en cohérence avec moi-même que je me suis physiquement rendu à Abidjan au cours des mois d’octobre et novembre passés, au risque de ma vie, pour apporter mon soutien clair et sans ambages à la candidature du président Ouattara. Ce combat a mon niveau personnel a été sans répit, j’ai fait partie de toutes les batailles contre ce régime et je ne me suis pas reposé un instant durant tout ce temps. Je n’ai vraiment pas pu consacrer de temps à moi-même, car mon esprit et toute mon intelligence étaient focalisés sur comment faire chuter ce régime. Le combat ne s’est pas limité à l’élection, puisqu’après l’élection, le président de l’ancien régime a refusé de quitter le pouvoir malgré sa défaite. Face donc au refus de quitter le pouvoir de Laurent Gbagbo, on a été obligé de coordonner et d’organiser, avec certains camarades, l’action de nos camarades qui étaient parmi les résistants qui se sont battus dans les différents quartiers d’Abidjan, contre les soldats de l’ancien régime. Certaines personnes ont même tenté de récupérer ce combat mais, ceux qui nous ont soutenus savent ce que nous avons fait. Nous avons mené ce combat pour le respect de la démocratie et pour le peuple. Il s’agissait de faire en sorte que la volonté exprimée par le peuple en faveur de notre candidat, lors du scrutin du 28 novembre 2010 soit respectée. Nous avons atteint nos objectifs et nous avons demandé à nos camarades de rentrer dans les rangs à la fin du combat. Ceux qui sont intéressés par une carrière militaire sont allés se faire enrôler, les civils sont restés chez eux, ils attendent de pouvoir bénéficier des projets qui leur permettront leur insertion sociale. Après ce travail difficile que nous avons fait en passant des nuits blanches parfois à suivre les opérations, je crois avoir droit à un peu de repos. J’ai fait ma part, j’ai joué honnêtement et jusqu’au bout mon rôle sans tricher. Vous savez que j’ai même mis la soutenance de ma thèse de doctorat entre parenthèse pour mener ce combat ; maintenant que nous avons tourné une page, je veux consacrer un peu de temps pour mes affaires personnels et terminer des choses que j’ai mis en suspend ; c’est ce qui explique que je suis à Paris actuellement pour des raisons privées et professionnelles. Je rentrerai très prochainement, mais cela n’empêche que je continue quand même le combat par mes contributions intellectuelles et aussi dans les espaces de discours où je combats chaque jour les mensonges distillés par le régime Gbagbo. N’oubliez pas que cette guerre est aussi une guerre d’opinion et il faut des personnes qui connaissent l’ancien régime pour en parler ; je suis de ceux-là, car j’ai été une de leurs victimes vivantes qui a subi la torture et l’exil de leur fait.

 

Cette guerre n’est que le résultat de l’exacerbation du nationalisme qui, selon vous, prend sa source dans le discours ivoiritaire ?

Certains politiciens et intellectuels ont en effet poussé les citoyens à s’approprier un discours de haine des uns vis-à-vis des autres ; ils se sont laissés manipuler par le discours tribal qui hiérarchisait les Ivoiriens en présentant certains comme purs et d’autres comme impurs. Au nom de ce discours de pureté ethnique, certains refusaient que quelqu’un qui a été élu objectivement prenne le pouvoir. Au nom de ce discours, on a brûlé vivant des personnes, et au nom de ce discours on a tué des personnes qu’on voyait comme des envahisseurs ou des personnes qui n’ avaient pas le droit de nous gouverner parce qu’on les voyait comme hiérarchiquement inférieures. Toutes ces abominations se sont passées dans notre pays sans que les intellectuels et des personnes qui se prétendaient démocrates ne lèvent le petit doigt pour les condamner, et tout ceci avec la complicité de certains de nos religieux. Nous étions en plein dans le racisme et la ségrégation par la qualité du sang, une sorte de nazisme tropical, entretenu par un discours populiste et religieux. Car certains croyaient qu’au nom de ce qu’ils appelaient l »‘éternel des armées », ils avaient le droit d’exclure ou de tuer leurs frères qu’ils considéraient comme souillés ou comme indignes d’être Ivoiriens. Il faut avoir le courage de se dire la vérité : ces haineux dont je parle et qui refusent de voir le président Ouattara exercer le pouvoir malgré son élection, ne sont pas uniquement des pontes du FPI ; il s’en trouve même au sein de certains partis alliés.

 

Dans des partis alliés ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous les connaissons, puisque par mépris, certains ont fait leur aveu devant nous-mêmes, en présence de témoins. Qu’ils sachent que leurs faits et gestes sont surveillés, et qu’en temps opportun nous pourrons dévoiler leurs identités aux ivoiriens qui comprendront que notre classe politique est truffée de haineux et surtout d’hypocrites. Par honnêteté, il ne faut pas omettre de dire aussi que ceux qui s’estimaient exclus ont eux aussi commis des exactions pour se venger de ce qu’ils avaient subi. Les citoyens se sont laissé embarquer sur le chemin périlleux de la division dont se sont servi certains hommes politiques pour les prendre comme bouclier ou comme chair à canon, alors que leur seul objectif était de piller les ressources publiques. Je condamne donc Laurent Gbagbo qui n’a pas su résister à la voie facile d’accès au pouvoir

qu’était le tribalisme, la xénophobie et le populisme.

Vous ne pensez pas un instant, être trop dur avec l’ex Président de la République, Laurent Gbagbo ?

Il est vrai que ce n’est pas lui qui a allumé le feu de l’usage du tribalisme et du nationalisme dans le discours politique en Côte d’ivoire, mais il n’a pas été sage de le reprendre en 2000 après la chute de Bédié. Il s’en est servi pour récupérer une partie de la population qui avait été formatée à la haine et à l’ultranationalisme contre Monsieur Ouattara. Je comprends que c’était pour lui une voie rapide d’accès au pouvoir à la suite du Président Bédié qui venait de perdre le pouvoir à la suite du coup d’Etat de Guéï Robert. Mais, en temps qu’historien, il devrait comprendre que le ségrégationnisme et le nationalisme qui à l’intérieur d’un pays exclut une partie de la population, conduit toujours à la guerre. Il n’a pas allumé le feu, mais il a voulu s’en servir pour cuire son plat et ce feu, mal maîtrisé par lui, a brûlé tout le tissu de l’unité nationale. Ayant moi-même une conscience des dégâts que peut entraîner ce genre de discours, je ne pouvais pas rester en dehors du combat contre lui, même si par ailleurs je reste conscient que certains de nos associés ne le combattaient pas pour cette dérive idéologique dangereuse, mais uniquement pour le pouvoir et les bénéfices qu’on peut en tirer. J’ai donc participé au combat contre lui, par principe et au nom de la sauvegarde de l’unité nationale. D’ailleurs depuis 1993 je mène ce combat contre ces idéologies divisionnistes, car j’estime que c’est pour l’élite tribale qui s’enrichit illicitement en pillant les ressources du pays, une façon de détourner les citoyens des vraies préoccupations économiques et sociales.

Vous vous êtes engagé dans ce combat depuis 1993, maintenant que Laurent Gbagbo a été capturé, votre combat prend-t-il fin ?

Maintenant que nous avons chassé Gbagbo du pouvoir, j’estime que le vrai combat à mener c’est celui de la sécurité sociale et économique pour les populations ivoiriennes sans distinction d’ethnie, de religion ou d’origine sociale. Pour nous, après la chute de Gbagbo, la véritable bataille qui reste à mener c’est celle de faire en sorte que les richesses du pays soient redistribuées aux citoyens sous forme de réalisation de projets de développement, sous forme d’investissement dans l’ éducation et la formation,  sous forme de la démocratisation de l’accès à la santé et sous forme d’assistance aux citoyens qui ne travaillent pas indépendamment de leur volonté. Il s’agit, en fait, du respect du droit à la vie et aussi de l’instauration d’un Etat de droit, d’un Etat moderne et réellement démocratique.

Quel commentaire suscite en vous la fermeture de l’université ?

Je regrette que l’université soit toujours fermée. Pendant la crise post- électorale, j’ai moi-même demandé aux vrais étudiants de vider les résidences universitaires, qui étaient devenues des caches d’armes et des nids de miliciens à la solde de l’ancien régime. Maintenant que la ville d’Abidjan est sous contrôle, il faut rapidement réhabiliter les cités « u » et mettre en place une commission de logement qui va examiner les dossiers pour l’attribution rapide des chambres aux vrais étudiants qui en ont besoin. Il faut nommer un nouveau Directeur du Centre régional des œuvres universitaires; il faut que ce directeur soit quelqu’un qui maîtrise ces dossiers. Je pense aussi qu’en attendant que les associations Estudiantines s’organisent de manière démocratique, il faut les écarter des commissions d’attribution de chambre pour cette année. Il faut éviter de faire perdre aux étudiants une année scolaire, ce serait préjudiciable à l’image du Président. Il doit tout faire pour sauver prioritairement l’école, du primaire à l’université.

 

Il y a aussi la question récurrente du syndicalisme à l’école. Quelles sont vos solutions pour un syndicalisme plus responsable dans les universités ?

Le syndicalisme en milieu universitaire ne peut être responsable que s’il existe une pluralité syndicale sur le campus. Les organisations syndicales doivent faire leur mue pour s’adapter au nouvel environnement politique.

Avez-vous aujourd’hui des contacts avec les leaders de la FESCI qui ont pris à un moment donné fait et cause pour le Président sortant Laurent Gbagbo ?

Je suis aujourd’hui un politique et à ce titre tout le monde me contacte et je discute avec tout le monde sans complexe, y compris avec mes adversaires. En ce qui concerne les leaders de la FESCI qui ont pris fait et cause pour Gbagbo, j’étais déjà en rupture avec eux depuis 2000 sur la question de l’inféodation du syndicat des étudiants au parti de Laurent Gbagbo. Il y a donc entre eux et moi une divergence notable, mais ils restent cependant des frères. PousséS par l’appât du gain facile, certains ont soutenu Laurent Gbagbo qui prônaient une idéologie tribale similaire au nazisme de l’époque hitlérienne. J’espère qu’ils se réveilleront de la subjugation sous le coup de laquelle, ils étaient. Il faut qu’ils renoncent à la violence et qu’ils adoptent un comportement républicain en se débarrassant du nationalisme tribal pour emprunter le chemin du nationalisme civique, qui met en avant l’idée d’unité nationale et de vivre ensemble. J’espère qu’en temps opportun l’accalmie nous permettra d’ouvrir le débat démocratique sur ces questions qui sont essentielles pour l’avenir de la nation.

Que devient après la victoire d’Alassane Ouattara, votre alliance avec le MFA ?

Vous me donnez là l’occasion de saluer mon aîné M. Anaky Kobenan, qui est un homme droit et sans ambiguïté, qui respecte toujours sa parole donnée. Sur le champ politique ivoirien ce genre de personne est une espèce en voie de disparition. C’est un homme intègre et d’honneur à qui je voue respect et admiration pour ses qualités. Avec son parti le MFA, nous avons signé une entente pour faire triompher la démocratie, en nous engageant ensemble à soutenir le changement contre Laurent Gbagbo, à travers le soutien que nous devrions apporter au candidat le mieux placé du RHDP qui défendait les aspirations du peuple au changement. En l’occurrence ce candidat était le Docteur Alassane Ouattara et nous l’avons soutenu sans hésitation et sans calcul. Au-delà de ce soutien politique, le Président Anaky qui a une très bonne connaissance de Laurent Gbagbo, avait averti que Gbagbo ne quitterait pas le pouvoir même s’il venait à perdre l’élection. Il nous a donc confié de manière anticipée un travail d’organisation que nous avons fait proprement sous sa supervision. Le résultat de ce travail est là, même si le Président Anaky n’est pas du genre à crier tout ce qu’il fait pour le pays, je dois avouer que ce Monsieur n’a pas croisé les bras après l’élection, c’est un homme dont je salue le courage. Notre partenariat s’est montré efficace et gagnant dans la mesure où il a été un cadre qui nous a permis d’apporter ensemble notre modeste contribution dans le changement que nous vivons actuellement en Côte d’Ivoire, même si nous reconnaissons que cette action aurait eut une efficacité limitée sans l’appui significatif des FRCI qui étaient placées sous la conduite intelligente du Premier ministre et Ministre de la Défense, Monsieur Soro Guillaume. Ce pacte républicain MFA-CPR tient toujours ; le Président Anaky est pour nous un parrain auprès duquel nous apprenons beaucoup, c’est une amitié et une confiance que nous comptons lui rendre sans discontinuité.

Avez-vous des projets en vue pour la réconciliation nationale ?

Comme je vous l’ai démontré en début de propos, le mal qui a retardé le progrès social en Côte d’ivoire depuis 1993, c’est le fait que les hommes politiques qui pillaient tranquillement l’économie nationale, ont trouvé le moyen d’occuper et de détourner le regard des citoyens de leurs forfaits en créant des peurs ou en confrontant les citoyens les uns aux autres sur la base des différences ethniques ou religieuses. Ils ont mis en place un système d’altérité, dans lequel il fallait faire croire à certains qu’ils sont purs et qu’ils devaient se battre contre leur invasion ou leur domination par ceux qu’on leur présentaient comme des personnes souillées qui menaçaient de prendre leurs emplois, leurs terres, leurs femmes et qui risquaient même de diluer leur identité. Ce discours là c’est le discours fasciste dont s’est servi Laurent Gbagbo pour brûler le pays et l’unité nationale. Mais je persiste à dire et à redire que Laurent Gbagbo n’est pas celui qui a allumé ce feu qui a brûlé l’unité du tissu national. Il s’en est juste servi.

Il faudra bien sûr la réconciliation pour y remédier, quelles sont vos projets dans  ce sens ?

Pour éviter donc que notre pays ne retombe dans la même situation, il faut avoir le courage de s’attaquer à ce discours de haine ; il faut en faire le procès, il faut le pénaliser et le culpabiliser en un mot il faut faire une détribalisation du discours politique en Côte d’ivoire. Il faut avoir le courage de faire le procès moral de tous ces intellectuels qui ont démissionné de leur rôle essentiel pour l’avancée de la démocratie, en participant directement à la diffusion de ces idéologies de haine, ou indirectement par leur silence bruyant de complicité. Il faut aussi faire le procès de tous les crimes économiques et les enrichissements illicites. Il faut aller dans le sens de la justice et non de la vengeance. Car comme je le dis toujours, la justice est symbolisée par une balance qui comporte deux plateaux équilibrés. Si on ne s’acharne que sur un seul plateau de la balance en ignorant l’autre, on tombe dans l’injustice. Ce sont là quelques préalables nécessaires à résoudre avant de parler d’avenir et de développement, car on ne bâtit pas sur du faux, sur l’injustice et en fermant les yeux sur les vraies causes du mal qui a conduit le pays dans le chaos. Il y a des moments où il faut prendre à bras le corps une réalité et y faire face de manière responsable en dehors des stratégies politiques et des silences qu’imposent les alliances et coalitions politiques. C’est cela être un homme politique qui se veut un homme d’État, car un homme d’État doit avoir une vision globale et à long terme pour son pays, pour son continent et pour le monde. Il faut que les uns et les autres comprennent que le fait d’avoir soutenu le président Ouattara ne doit pas conférer une immunité, à ceux qui ont pillé des ressources publiques, ceux qui ont tenu des discours d’incitation à la haine ou ceux qui ont tué leurs concitoyens sur la base de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique. C’est à ces conditions et à bien d’autres que nous bâtirons un état de droit et un état démocratique. Nous avons obtenu le changement en chassant Gbagbo du pouvoir, mais nous devons garder en tête que la démocratie est une construction longue et difficile. C’est le véritable combat qu’il nous reste à mener. Si on ne passe pas par ce chemin et qu’on veut s’attaquer uniquement aux effets, on risque de créer d’autres frustrations. Pour ma part vous savez tous ceux dont j’ai été victime injustement dans ce pays. J’ai été torturé et contraint à l’exil, en violation de la convention internationale contre la torture que notre pays a ratifié et en violation de notre constitution dont j’ai participé à l’écriture et qui dit que nul ne doit être contraint à l’exil. J’attends les journées de dialogue, vérité et réconciliation pour m’exprimer. Sous le régime Gbagbo je n’avais pas été autorisé à m’exprimer pendant le forum de réconciliation, j’espère avoir cette fois l’occasion d’expliquer devant le peuple tout ce que j’ai subi.

Bientôt le Président de la République Alassane Ouattara aura son gouvernement au complet. Certains y voient là, l’heure de la rétribution… Selon vous. A-t-on droit forcément à un poste ministériel ou dans l’administration parce qu’on est militant d’un parti politique ?

Un président doit choisir comme collaborateurs des personnes imprégnées de son programme et de l’idéologie qu’il défend et qui ont des compétences éprouvées pour occuper les postes auxquels elles sont nommées. elles doivent, en plus des compétences, être dotées de qualités morales et éthiques pour occuper ces postes, peu importe qu’elles soient de son parti, qu’elles proviennent d’autres partis ou qu’ils proviennent de la société civile. Il faut que ce soient des personnes qui aient un sens élevé du patriotisme et qui mettent en avant l’intérêt supérieur de la nation. Ce doit être des hommes de confiance, ce qui peut pousser prioritairement à choisir à l’intérieur de son parti, mais l’appartenance au parti n’est pas une condition suffisante et indispensable.

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