Ouestafnews – Des millions d’Africains sont concernés par la question sensible de la nationalité, parfois utilisée par les politiques à des fins de discrimination, selon une chercheuse qui relativise toutefois ses propres chiffres du fait de l’impossibilité d’avoir des résultats fiables sur un sujet sensible.
« On ne peut pas avoir de statistiques précises concernant le nombre de personnes concernées par les problèmes liés à la nationalité », a précisé Bronwen Mandy, qui vient de produire deux ouvrages sur la question présentés devant la presse à Dakar ce mercredi 18 juin 2011.
La question de la nationalité réside au cœur certains conflits en Afrique avec en prime des cas de discriminations fondées sur la race ou l’ethnie, a expliqué la chercheuse, auteur de deux ouvrages portant l’un sur « La nationalité en Afrique » et l’autre sur « les lois sur la nationalité en Afrique ».
La Côte d’Ivoire, pays ouest africain qui vient de vivre une violente crise postélectorale qui a fait 3.000 morts et des milliers de déplacés selon des chiffres officiels, constitue une des cas ayant servi de bases aux études, à côté de la Zambie, du Swaziland, du Kenya et de la République démocratique du Congo.
La « nationalité » a été au cœur du conflit ivoirien », a affirme Mme Many rappelant une phrase de l’un des protagonistes de la crise ivoirienne et actuel premier ministre Guillaume Soro qui, selon la chercheuse, disait « donnez nous nos cartes d’identité et nous rendrons nos kalachnikovs ».
« On a vu où cela a abouti », a-t-elle regretté avant d’ajouter qu’aujourd’hui « on peut espérer que ce pays va saisir la crise qu’elle a vécu pour construire un nouveau concept de l’Etat ».
Pour la chercheuse, le problème n’est pas spécifiquement africain et il est urgent « de changer les textes sur la nationalité partout où ils continuent d’alimenter des politiques d’exclusion et de susciter des révoltes ». Sur ce chapitre, « il y a des tendances positives, notamment au Kenya avec l’adoption de la nouvelle constitution et la réforme du code de la nationalité ».
Pour sortir de l’impasse, il va falloir que la nationalité ne soit plus fondée « sur l’ethnicité ou une relation traditionnelle avec un territoire donné mais sur des critères objectifs qui incluent dans la communauté nationale tous ceux qui peuvent apporter leur contribution à son devenir », plaide Bronwen Mandy.
« Malheureusement , il y a 30 ans quand l’Afrique se dotait d’une Charte des Droits de l’homme et des peuples, la nationalité a été oubliée », a de son côté déploré Ibrahima Kane, membre de l’Open Society Foundation, ONG mise en place par le milliardaire américain George Soros et qui mène plusieurs activités relatives à la promotion de la démocratie et de la gouvernance dans diverses parties du monde, dont notamment en Afrique.
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