Au-delà du déficit matériel à savoir le manque de treillis, de rangers, d’auto-phone, de véhicules d’intervention, d’armes…. Il se pose la question centrale des excès et exécutions sommaires commis depuis févier jusqu’au 11 avril où Gbagbo a été capturé par les forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci). Ces crimes ont été commis par les hommes du commissaire de première classe, Djédjé Gbagro Bertin, ancien commandant de la compagnie républicaine de sécurité(Crs1). Les conditions sécuritaires pour le retour des policiers à Williamsville préoccupent les responsables des Frci. Cissé Famoussa dit « Van-Damme », Zana Diabaté et Doumbia Hamed alias «Kafarou» respectivement commandant de la Crs 1, commissaires intérimaires des 11ème et 7ème arrondissements soutiennent que tout est fait pour assurer la sécurité des policiers. « Certains se sont signalés. On les a enregistrés et régulièrement ils se présentent au poste. Les populations doivent comprendre que personne ne doit se rendre justice. Elles doivent plutôt porter plainte. Nous sommes dans la dynamique de la réconciliation et les populations doivent tourner la sombre page de notre histoire. Des campagnes de sensibilisation sont menées dans ce sens », affirment en chœur les patrons de la sécurité à Williamsville. Pour preuve. Dans la nuit du lundi 7 mars, il était presque 20 h 15 quand Losséni rentrait à la maison. En traversant la cité universitaire, il est interpellé par une quinzaine d’étudiants, membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci). Ceux-ci encerclent le jeune militant du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), section 10 de Williamsville. Ils le dépouillent de son téléphone portable.
Losséni tente de résister. Son opposition lui sera fatale. Car, lors du contrôle de son identité, ses agresseurs découvrent son patronyme Koné. Les étudiants de la Fesci crient haro sur le baudet, le tabassent à sang. « Ils l’ont traité d’assaillant, de rebelle et de voleur. Ces étudiants l’ont conduit à la Crs en déclarant aux policiers en faction qu’ils venaient de capturer un rebelle », explique Karim, l’aîné de la victime. Il retrouve son frère criblé de balles et jeté sous le pont « ferrailles » non loin de la casse d’Adjamé. « Il avait été détenu dans une cellule de la Crs 1. Ils avaient exigé la somme de 40 mille Fcfa. Sur-le-champ, nous avons remis aux hommes en kaki la somme de 30 mille Fcfa. Le reliquat devait venir un peu plus tard. Mais ces tueurs à gages ont exécuté Losséni. Aujourd’hui, nous avons formellement identifié ces criminels », ajoute notre interlocuteur en nuançant l’appel au pardon et à la réconciliation lancé par le président de la République.
L’arrogance des bourreaux
Il soutient à demi-mot la loi du Talion. « Nous avons souffert dans la peau et dans l’âme. Nous sommes écœurés par l’arrogance de ces tueurs. Certes, nous avons entendu le message du chef de l’Etat mais nos blessures sont encore vives. Si les bourreaux continuent d’avoir du mépris envers nous alors… », prévient Bamba Ousmane blessé à la cuisse le 16 décembre 2010 par des éléments de la Crs 1 lors de la marche du Rhdp réprimée dans le sang. « Nous sommes sortis après l’appel du Premier ministre, Soro Guillaume, pour aller installer le nouveau directeur général de la Rti, Brou Aka Pascal. Un cargo de la Crs 1 rempli avait pris position devant le café « Téré ». Les policiers se sont mis à tirer dans notre direction. C’était la débandade générale. Ça courait dans tous les sens. Moi, j’ai reçu une balle à la cuisse et l’un de mes camarades est tombé sous les balles assassines des hommes de Djédjé Gbagro Bertin », raconte Ousmane le cœur meurtri. Selon lui, il a pu identifier l’un des policiers dont la cagoule est tombée lors des opérations. « Il était étudiant à la cité universitaire. Il a été le voisin de chambre de mon cousin. Donc, je le connais très bien », dit-il. Les cas d’exécutions sommaires de populations à Williamsville sont légion. Des crimes perpétués par ceux qui sont censés assurer la sécurité des civils. En plus des éléments de la Crs1, il y a aussi certains policiers du 11ème arrondissement de police. Nos sources sont formelles sur les excès et exécutions sommaires. « J’ai vu le commissaire Ossohou Léopold sur le terrain le 16 décembre 2010. Il était à la tête de quelques éléments. Ce jour-là, au niveau du carrefour Agban, nous étions en train de fuir les tirs lorsque l’un de nos compagnons a été grièvement blessé. Il gisait dans un mare de sang. Je suis venu le secourir. J’ai voulu le porter sur mon dos. Le commissaire Ossohou a sorti son pistolet automatique. Il a tiré à bout portant sur lui. Il est mort sur-le-champ. C’est bien Ossohou qui l’a tué. Ces crimes ne doivent pas rester impunis», soutient D. Ali, un habitant du sous-quartier « Bori », en précisant que le jeudi 31 mars après la libération de la Crs 1 par les Frci, les éléments de la Crs 1 ont commis plusieurs exécutions sommaires dans leur fuite. «Nous voulons tourner la page comme le président de la République l’a dit. Mais cela doit se faire dans la justice. Les policiers qui ont tué nos frères sont méprisants. Ce qui n’est pas normal », avertit Ali.
Ouattara Moussa
Nord-Sud
Commentaires Facebook