On entend dire, de ci de là, que le nouveau pouvoir fait des misères aux journaux proches ou appartenant à l`ancien régime. L`on parle de locaux saccagés, de journalistes poursuivis, d`imprimeries incendiées. En oubliant ce que tous les Ivoiriens ou de nombreuses entreprises ont subi à l`occasion de cette grave crise post-électorale, l`on présente les choses comme si le pouvoir en place avait organisé des expéditions contre les installations de ces organes de presse, ou avait lancé, spécialement à la trousse de ses animateurs, des chiens enragés pour les exterminer. Personne en Côte d`Ivoire n`est sorti indemne des violences dont tout le bilan n`a pas encore été fait. Personne ne doit se réjouir des malheurs arrivés à son voisin ou à son pire ennemi. Dans la profession, nous devons toujours être solidaires les uns des autres. Nous refusons de dire, ici, comme les confrères qui se plaignent aujourd`hui l`ont fait hier, que courte queue se paie avec courte queue. Plus d`une fois, devant témoins, nous avons interpellé ces confrères pour leur manière d`écrire, pour la haine qui transparaissait sous leurs écrits, pour le tort qu`ils faisaient à la profession, pour les dangers qu`ils faisaient courir à la nation toute entière. Ils parlaient des leaders de l`opposition de l`époque sans la moindre courtoisie, en des termes blessants. Sans aucun début de preuve, sans la moindre démonstration cartésienne, ils les accusaient de tout. Quand des femmes tombaient sous les balles assassines des soldats fanatisés, ils osaient écrire que c`était de la mise en scène. Même le charnier de Yopougon, le premier de l`ère Gbagbo a toujours été présenté comme un montage du RDR. Tout cela n`était pas bien. Leurs écrits ne traçaient aucunement les limites d`horreur que le régime qu`ils soutenaient, ne devait pas franchir. Alors, les membres de la FESCI tuaient à la machette, des étudiants qui osaient ne pas partager leur sublimation de Laurent Gbagbo. En toute impunité et sans aucun respect de la vie humaine, l`on brûlait vif des hommes ou des femmes accusés de ne pas être du bon côté. Tout cela n`était pas bon. Mais nos confrères proches de ce pouvoir continuaient d`accompagner ces dérives ou les couvraient. Aujourd`hui, il est malsain de tenter de se présenter comme des victimes, des innocents que des méchants loups se sont mis à dévorer. Si aujourd`hui, des pans entiers de l`économie nationale ont été détruits, ils y ont une très grande responsabilité. Si des entreprises ont brûlé dont leurs imprimeries, ils y sont pour quelque chose. Cela, ils doivent d`abord le reconnaître. Alors, comme tous les autres Ivoiriens, ils doivent retrousser les manches pour remettre en marche leurs machines, entreprendre des démarches administratives auprès des nouvelles autorités, comme le font les autres, pour rentrer en possession de leurs biens. Ce n`est pas en engageant des campagnes de presse qu`ils parviendront à résoudre leurs problèmes. Ils savent très bien que c`est Alassane Ouattara qui est au pouvoir. La plupart d`entre eux l`ont pratiqué quand il était Premier ministre. La répression massive de journalistes, la casse des rédactions et la destruction des imprimeries ne font pas partie de ses méthodes de gestion. S`il avait cet esprit de vengeance et de cruauté, Laurent Gbagbo ne serait pas en résidence surveillée dans la maison présidentielle de Korhogo et son épouse Simone, dans celle d`Odienné. Jouons donc franc jeu pour une réconciliation et pour que la paix règne à nouveau dans notre pays !
Raphaël Lakpé
Le Patriote
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