Source: Soir Info
Plus d’un mois après l’arrestation de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, le chef de Mama, Kouassi Bertin, raconte l`arrivée des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Il plaide aussi pour la libération du fils de Mama.
Tchiffy, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs?
Kouassi Bertin : Je suis Kouassi Bertin, chef du village de Mama, village natal de Laurent Gbagbo.
Le 30 mars dernier, le département de Gagnoa a été pris par les Frci. Comment Mama, particulièrement, a vécu cette nuit-là ?
K. B. : Le 30 mars 2011, je rentrais d’Abidjan. Au carrefour Lakota, j’ai vu plusieurs véhicules des Fds sortir de leur zone. Et les militaires m’ont confié que c’était pour une stratégie de défense. A 17 heures, je constate que la petite unité de Mama avait, elle aussi, déjà déserté les lieux. Armes et munitions traînaient par terre. J’ai aussitôt tenté de contacter le sous-préfet et le maire de Ouragahio pour avoir la conduite à tenir, mais en vain. Pendant ce temps, les 3/4 de la population étaient, à leur tour, sortis du village. Et je suis resté avec ma femme. C`était terrible.
A quel moment précis les Frci sont-elles rentrées dans le village ?
K. B. : Les militaires (Frci) sont arrivés vers 21 heures à Mama. Et de 21h à 2 h du matin, c`était des tirs nourris. Ils ont commencé à tirer depuis l`entrée du petit village vers le terrain de sport. Ma femme et moi sommes alors restés blotis comme des rats quelque part jusqu`au petit matin avant qu`on ne s`en aille, le lendemain 31 mars au petit matin, vers une destination inconnue. Nous sommes restés alors 16 jours en brousse.
Quand êtes-vous revenus chez vous à domicile ?
K. B. : J`étais en brousse lorsque Gbagbo a été arrêté le lundi 11 avril. C`était pendant le 16è jour de notre fuite. Je me suis dit qu`il n`y avait plus de raison pour moi de rester encore en brousse. Puisque j`avais pris un grand coup au moral avec mes 70 ans, je n`en pouvais plus. Et j`ai dit, je rentre à Mama, advienne que pourra.
Il faut dire qu`à Mama, mon retour a aussi rassuré les habitants, mes parents. Ils sont tous de retour aujourd`hui. Mais chez moi, à mon domicile, c`est la désolation. Ma maison a été saccagée, mes deux véhicules emportés. Mais, je voudrais tout de même préciser que le départ des Fds de notre village avant l`arrivée des Frci a été salutaire. Sinon, s`il y avait eu riposte de leur part, Mama serait rasé de la carte de la Côte d`Ivoire.
Quelles sont vos relations avec les Frci (Frci et populations de Mama) ?
K. B. : Depuis mon retour à la maison, je suis sous la protection des Frci. Les militaires et moi échangeons régulièrement. Je passe les saluer à Ouragahio et leur chef me rassure sur la sécurité du village. Mais ils n`habitent pas le village. Je profite pour faire une petite mise au point parce qu`on entend dire qu`à Mama, il y a des armes cachées. Ce n`est pas vrai. Il n`y a plus d`armes dans le village. Les armes qui étaient là appartenaient aux Fds. Elles ont été abandonnées par les militaires qui vivaient chez nous sous Gbagbo. Mais moi-même j`ai pris le soin de tout remettre aux Frci.
Par ailleurs, ce que je voudrais demander aux autorités des Frci, c`est de m`aider, vu mon âge, afin qu’on puisse me restituer l’une de mes voitures pour mes déplacements.
Un message au Président de la République ?
K. B. : Chez nous en pays bété, on dit que les jours se succèdent. Un président est parti, un autre président est arrivé. Unissons-nous derrière le nouveau sans rancœur pour continuer ensemble à construire la Côte d`Ivoire.
C`est pourquoi, au nom de la réconciliation et de la fraternité, Mama souhaite la libération de son fils Laurent Gbagbo et sa famille. Nous sommes tous engagés dans cette nouvelle dynamique de réconciliation et de paix dans notre pays.
Réalisée par Guy Nezo
Correspondant régional
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