Éditorial, par Charles Kouassi Strauss-Kahn ou comment l’homme politique africain doit cesser d’être un intouchable et de tout se permettre….

Photo de Reuters, A handcuffed IMF chief, Dominique Strauss-Kahn, facing charges he sexually assaulted a hotel maid, was escorted from a New York Police Department unit late on Sunday

L’Intelligent d’Abidjan

Une carrière brisée ? Une espérance politique laminée et assassinée ? Certains parlent de piège et de complot. Au profit de Nicolas Sarkozy par les Américains et par des services français pour écarter un sérieux rival de l’élection présidentielle en France. Dire que c’est un piège, c’est prêter une trop grande capacité de manipulation aux services secrets. Est-ce les services secrets français ou américains qui ont créé le désir du sexe dans l’esprit du directeur général du FMI? Est-ce eux qui l’ont conduit à oublier son téléphone et des effets personnels à l’hôtel même si ce seul fait ne peut constituer une preuve irréfutable ? L’employée de l’hôtel a-t-elle pu mentir ? Est-elle en mission commandée pour nuire au directeur général du FMI ? Si elle a menti, sait-elle qu’elle risque la prison pour cela? Il faut déplorer ce qui arrive à Dominique Strauss-Kahn, mais en même temps constater que l’homme n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Possible également de déplorer que DSK ait été traité comme un vulgaire voyou ou comme un terroriste.Déplorer également le fait que déjà à l’époque, une information judiciaire dans l’affaire MNEF l’avait éloigné du ministère de l’Economie et des Finances sous Jospin. La Primature en France lui avait alors échappé, ainsi que plus tard la candidature à la présidentielle en 2007. L’arrivée de Nicolas Sarkozy le remettra en selle. Jusqu’à hier. Pour l’éditorialiste ivoirien, l’intérêt de cette affaire embarrassante, réside dans la lecture qu’on pourrait en faire en Afrique et en Côte d’Ivoire. Allons un peu en arrière pour rappeler ce qui était arrivé à Bill Clinton avec Monica Levinsky. Allons en Italie et évoquons ce qui se passe avec Berlusconi en Italie. Ainsi, malgré son statut de patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn n’a pas échappé à la police. Il n’échappera pas à la justice. S’il arrive à convaincre, il sera disculpé. C’est cela la démocratie et l’Etat de Droit. En Italie, Berlusconi échappe encore à la justice, mais le système italien a le mérite d’avoir ouvert les procédures et d’avoir posé le problème de l’éthique. Peut-on imaginer un tel débat en Afrique ? Peut-on imaginer qu’en Afrique, le directeur du FMI puisse être arrêté ? Si une employée d’Hôtel avait fait de telles accusations en Afrique, n’est-ce pas elle qu’on aurait arrêtés pour dénonciation calomnieuse ? L’Etat africain et l’homme politique africain sont-ils réceptifs aux exigences de la fidélité, du respect des valeurs morales et familiales. Quand on veut faire la politique, on ne doit pas être un individu comme tout le monde. En général, les artistes et les poètes sont des hommes à part. Souvent ils sont excentriques, et ne s’habillent pas comme les autres. Chanteurs, peintres, poètes, philosophes, les créateurs cultivent leurs différences au niveau vestimentaire, et de leur manière de vivre. Au-delà de l’esthétisme, le mode de vie n’est pas toujours dans la négativité pour les artistes. Pourquoi devrait-on alors mettre nos hommes politiques à l’abri des règles de droit et de bonne gouvernance ? Pourquoi quand ils partent en vacances, ou en voyages privés et personnels, les billets d’avion des fonctionnaires ou des hommes publics doivent-ils être payés par l’Etat ? Pourquoi les agents de l’Etat peuvent-ils circuler le week-end ou en dehors des heures de service, avec les véhicules de l’Etat ? Pourquoi ceux qui n’y ont pas droit, doivent-ils occuper des résidences appartenant à l’Etat ? Les déboires de Dominique Strauss-Kahn sont des sources d’enseignement pour les commentateurs africains, et hommes politiques du continent. Ce qui arrive à Dominique Strauss-Kahn est là pour appeler les hommes politiques du continent et de la Côte d’Ivoire à faire preuve de vigilance. La politique, ce n’est pas le chemin de la facilité. La politique et le service public sont un sacerdoce.
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Jour J – 5 / Investiture du Président de la République
DSK absent aux côtés d’ADO
Il y aura un grand absent à l’investiture d’Alassane Ouattara le samedi prochain à Yamoussoukro. Cet absent, n’est rien d’autre que Dominique Strauss-Kahn surnommé DSK par ses proches. Figurant probablement en bonne posture sur la liste des invités de marque du nouveau régime, le patron du Fonds Monétaire International manquera à coup sûr la cérémonie d’investiture de l’un de ses proches et plus grands amis de longue date, Alassane Ouattara. Pour cause, DSK a été arrêté à l’aéroport JFK à New-York samedi dernier par la police new-yorkaise à bord d’un avion en partance pour Paris. C’est après une plainte déposée au commissariat de Harlem par une fille de chambre exerçant à l’hôtel Sofitel situé à Manhattan, que le patron du FMI a été mis aux arrêts. Inculpé ensuite pour agression sexuelle et tentative de viol, Strauss-Kahn aura à faire face aux chefs d’accusations portés contre lui par la justice américaine. L’employée de l’hôtel soutient qu’elle a été violentée sexuellement dans la chambre par DSK sorti nu de la douche, alors qu’elle y était entrée pensant qu’il n’y avait personne dans la suite. L’accusé nie en bloc les faits à lui reprochés et plaide non-coupable. Par ailleurs, le groupe Accor, propriétaire du Sofitel, a décidé d’ouvrir une enquête interne sur cette fille de chambre. L’on a appris en fin d’après-midi hier dimanche, qu’elle travaille pour le groupe hôtelier depuis plusieurs années. Selon un proche du groupe Accor interrogé par I-Télé, l’employée est afro-américaine et âgée de 32 ans. Dans cette procédure judiciaire qui s’engage contre le directeur général du Fonds, les autorités américaines pourraient retirer à DSK son passeport et lui interdire de sortir des Etats-Unis. Une mesure qui empêcherait sa venue le samedi 21 mai à Yamoussoukro afin d’assister à l’investiture. Demain mardi 17 mai, une mission du FMI devait arriver à Abidjan pour rencontrer les nouvelles autorités ivoiriennes. Après l’élection présidentielle du 28 novembre dernier remportée à 54,10 % par l’économiste et ancien DGA du FMI, et lorsque Laurent Gbagbo avait refusé de se plier au verdict des urnes, le Fonds Monétaire International avec à sa tête Dominique Strauss-Kahn avait pris ses distances d’avec l’ancien régime. L’Institution financière a été l’une des premières à suspendre ses relations avec le gouvernement illégal mis en place par l’ex-chef d’Etat. En France, son pays d’origine, DSK est pressenti être le candidat du Parti Socialiste à l’élection présidentielle de 2012 face au président sortant Nicolas Sarkozy. Le PS a réagi dans le courant de la journée du dimanche 15 mai en appelant à l’union et à la responsabilité de ses membres dans cette affaire qui éclate à un an des joutes électorales. Avec ce deuxième scandale après celui de 2008, l’avenir présidentiel du patron du FMI s’assombrit fortement. Si cette agression sexuelle et la tentative de viol présumées se concrétisent. Déjà, le FMI a annoncé que l’Américain John Lipsky, numéro deux de l’institution, va assumer les fonctions par intérim de directeur général pendant l’absence de Dominique Strauss-Kahn. Ce remplacement ne peut être que provisoire car John Lipsky avait déposé il y a quelques semaines sa démission.
J.Touré

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