Comme le dit le dicton africain, « lorsqu’on se noie, on peut même s’accrocher à la queue d’un serpent pour se sauver ». Certains partisans du président déchu ivoirien le font subrepticement, jusqu’à s’accrocher à sa queue, afin de ne pas mourir…idiot. Ne dit-on pas souvent que l’espoir fait vivre ? Le manque de discernement est l’une des pires tares que nous, hommes, avons, lorsque tout est perdu. Yahya Jammeh, est le seul président africain qui ne reconnait pas l’homme fort ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. Ambiance.
Ils existent encore, en Afrique, des spécimens. C’est ainsi que, tout homme qui légitime le pouvoir usurpé de l’ancien président ivoirien Laurent Koudou Gbagbo, est salué, considéré même comme un grand homme. Les déclarations du président gambien Yahya Jammeh, brillant dictateur, sont aussi pathétiques que ridicules. Ce grand démocrate devant Dieu et les hommes préconise, je cite : « Il faut réorganiser les élections dans de brefs délais pour éviter une longue guerre civile » ajoutant, « Gbagbo a été renversé par les puissances occidentales dont l’ONU, et remis à son ennemi juré pour être assassiné ». Pour information, l’ancien président ivoirien possède une partie de ses avoirs en Gambie, argent qui servait parfois à payer les fonctionnaires gambiens…
Il est parfois amusant de voir certains monter sur leurs ergots, pour peu qu’on soit en désaccord avec eux. Ainsi, entre quolibets et invectives aussi bas que leur imagination débordante mais obscurcit par la haine, ils lancent ici ou là, des cris d’orfraie. Comme le disait Sacha Guitry, « Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux… », j’avoue qu’ils cesseraient un peu leur chasse à l’homme, mais enfin….Revenons à nos moutons.
Yahya Abdul-Azziz Jemus Junkung Jammeh, le nouveau cheval blanc du gbagbisme -passez-moi l’expression-, actuellement président de la Gambie, me fait plutôt sourire, avec son pedigree conséquent. Il ose donner des cours de démocratie à la Côte d’Ivoire. Lui, lieutenant de l’armée gambienne qui accéda au pouvoir à la faveur d’un coup d’État le 22 juillet 1994 en renversant Dawda Jawara ? C’est vraiment le monde à l’envers…
Depuis 1996, il est constamment réélu à la tête de son pays. Toujours au premier tour, s’il vous plaît. Après 17 ans sans partage au pouvoir, le quidam donne des leçons et certains le félicitent. Il faut vraiment manquer de vision pour en faire une lumière. Il a retouché la Constitution en 1996 et est simplement un président à vie. L’opposition à la part congrue. Aucun média ne peut s’exprimer sans son aval. Ainsi, en 2002, le premier journal francophone de Gambie, proche de l’opposition (L’écho du baobab) vit le jour. Une vie de très courte durée car, c’est ce seul et unique exemplaire qui allait sortir de l’imprimerie.
Le courroux du dictateur n’allait pas tarder. Le directeur de publication du journal et plusieurs journalistes sont ensuite emprisonnés par la police secrète gambienne (appelée la NIA), tandis que le rédacteur en chef, un Européen, est expulsé du pays. Le journal n’est plus jamais paru dans les kiosques. Pire, il ordonna par la suite l’arrestation d’un journaliste congolais, mit aux arrêts pendant deux semaines. Ce dernier eut la vie sauve grace à l’intervention de son Gouvernement.
Yahya Jammeh ne s’arrête pas là. Il se déclare comme étant un président thaumaturge. Il ne guérit pas des écrouelles mais du SIDA, de l’asthme. Il aurait mis au point, aussi, une mixture de haute voltige, à base d’herbes médicinales. Ce roi de la pharmacopée africaine a dit aussi qu’il vient de mettre au service des malades, un remède contre l’hypertension artérielle. Un médicament vraiment radical qui fait disparaître l’infection en une seule prise selon ses dires. J’en parlerai à mes parents, victimes de cette maladie…
Sur l’homosexualité, Yahya Jammeh a exigé que tous les homosexuels quittent son pays, avant qu’il ne soit trop tard. Dans un discours à la Nation, ce brillant homme avait menacé ces déviants (sic), d’un châtiment immuable, affirmant qu’ils (homosexuels) s’exposeraient à des « conséquences terribles ». Quant aux droits de l’Homme qu’il « respecte » en emprisonnant tous ses opposants, et refusant toute contradiction à sa « bonne gouvernance », il les accuse de vouloir « déstabiliser le pays ».
Avoir un ami de cet acabit, c’est se tirer une balle dans les pieds. Comme l’avait dit Voltaire : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! » Triste fin !
Allain Jules
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