Course-poursuite entre FRCI et libériens: Plusieurs villages victimes d’exactions à l’ouest

Quelques jours après la pacification de la commune de Yopougon, à Abidjan, la situation reste confuse dans la région de Soubré, ville située au Sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Des combats y opposent les mercenaires libériens, appuyés de miliciens, aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Plusieurs sources d’information jointes par téléphone, en plus d’un film vidéo tourné sur les champs de bataille, illustrent le drame vécu par les populations. En fuite, sans doute, vers le Liberia après avoir été délogé des suites de plusieurs semaines de résistance à Abidjan, les mercenaires libériens ont fait des otages sur leur passage, notamment à Dabou et à Fresco dans des mini-cars. Alertées, les FRCI, lourdement armées, lancent une offensive dans ces zones avec l’objectif de mettre fin à la cavale des combattants libériens. Des combats s’engagent dans des villages qui ceinturent la ville de Fresco entre les deux forces antagonistes. Sur la vidéo visionnée, l’on décèle une embuscade tendue par le commandant Koné Dramane, Chef des opérations de sécurité (COS) du département de San-Pedro et ses hommes, à leurs ennemis. Stratégies, qui va déboucher sur des échanges de coups de feu, à l’issue desquels quatre personnes, présentées comme des mercenaires libériens, sont tuées. Ceux-ci, a-t-il indiqué, ayant été aperçus, perchés sur les mini-cars réquisitionnés depuis Dabou. Sur les images, un soldat des FRCI, reconnaissable par sa tenue, a également perdu la vie. D’autres éléments des troupes du président Ouattara étaient encore portés disparus, selon Koné Dramane. Qui a progressé, avec ses troupes, vers d’autres villages situés au fin fond de la forêt entre Soubré et Fresco. Dans leur débandade, les mercenaires, selon le témoignage de deux otages, ont abandonné les mini-cars et les otages blessés pour certains et morts pour d’autres, pour se fondre dans la brousse. L’un des mini-cars, dans un piteux état, est présenté dans l’élément filmé. A côté, deux blessés couchés par terre, les autres passagers, traumatisés, ayant pris la fuite. Sur renseignement des villageois et de certains otages restés sur place, les FRCI apprennent que les mercenaires ont pris la fuite et progresseraient vers Soubré. Elles organisent un ratissage de la zone dans le but de les débusquer. Selon des otages, les mercenaires se seraient divisés en deux groupes. «L’un des chefs des mercenaires, un certain commandant Pépé a dit qu’ils iraient chercher du renfort au Liberia pour revenir. Il commandait les autres combattants avec un autre qui avait des cheveux rasta. L’un a pris une direction et l’autre une autre direction», a témoigné l’un des otages au poste de sécurité du commandant Koné Dramane. Dans un village dont le nom n’apparait pas, les FRCI ont fait une quinzaine de prisonniers présentés comme des miliciens ayant aidé les mercenaires libériens en fuite. Des cordelettes enroulées autour du cou, blessés pour certains et soumis à un interrogatoire en plein air sous le regard des villageois, ces prisonniers tentaient de faire comprendre à leurs geôliers qu’ils n’avaient rien à voir avec les mercenaires et que ceux-ci auraient pris la direction du département de Sassandra, une ville côtière située non loin de Soubré et de San-Pedro. Les FRCI apprennent également, par diverses sources, la présence des mercenaires libériens et de miliciens dans la sous-préfecture d’Okrouyo, dans le département de Soubré. Les soldats ivoiriens engagent une offensive sur cette sous-préfecture.

Le drame de Okrouyo

Les combats, d’une rare violence, durent cinq jours, selon un habitant de Soubré que nous avons joint par téléphone hier mercredi 11 mai 2011. Ils (combats) débutent le samedi 7 pour finir le mardi 10 mai. A Okrouyo, les populations vivent le martyr. Pris en otage par les mercenaires, certaines parmi elles, les allogènes notamment, quittent la ville pour se réfugier à la préfecture de Soubré. C’est elles qui informent les FRCI de ce que les mercenaires sont soutenus par les autochtones qui les approvisionneraient en armes et munitions. Les FRCI, mis en difficulté jusque-là par les mercenaires, demandent du renfort de Bouaké, de Gagnoa, d’Abidjan et bien d’autres villes. Au cinquième jour, les mercenaires libériens capitulent, une cinquantaine d’entre eux tués et les autres prennent la fuite. C’est également l’enfer pour les populations autochtones d’Okrouyo. Leur chef de village et l’un de ses notables, présentés comme un soutien fort aux mercenaires, sont abattus. Plusieurs villageois sont faits prisonniers dans les villages de Gbalebouo et Zegbodoua, selon un habitant des lieux. A Gbalebouo par exemple, notre informateur relève sept arrestations tandis qu’à Zegbodoua, l’on enregistre 4 arrestations. Les prisonniers seraient conduits à Okrouyo pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Un autre habitant d’Okrouyo, présent dans la sous-préfecture au moment des événements, nous a également joints par téléphone pour expliquer ce qu’il a vécu: «Venus du Bas Sassandra, le samedi 07 mai dernier, les mercenaires libériens se sont installés dans la S/P de Okrouyo dans le département de Soubré. Ces derniers, après avoir pris notre village en otage, ont pris pour cible les villages des allogènes avec qui nous avons vécu en parfaite harmonie. Ceux-ci racontent aux FRCI, après que celles-ci ont pris le contrôle du village, que ce sont les autochtones qui ont donné la nourriture, gites et couverts aux mercenaires. Donc les FRCI mènent une chasse à l’homme dans les villages autochtones». Selon notre interlocuteur, une fois arrivées dans les villages d’Okrouyo, Koudouhio, Madeihiri, les FRCI n’ont pas fait dans la dentelle. A l’en croire, elles auraient abattu les chefs desdits villages avec leurs notables. «Présentement où je vous parle nous vivons mal, nous sommes en brousse, les allogènes ont monté nos forces contre les autochtones», nous a-t-il expliqué, la voix à peine audible. Une autre source d’information sur place nous a indiqué que les FRCI continuent les opérations de ratissage dans le but de mettre définitivement fin à la cavale des mercenaires. Opérations qui auraient conduits certains soldats dans la localité de Pada où ils commettraient des exactions sur les populations civiles.

Y.DOUMB
L’Inter

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