Eugène Djué, membre de la sphère des jeunes, soutenant le président déchu Laurent Gbagbo, est très actif dans l’action de désarmement des jeunes miliciens de Yopougon. Son action est en tout cas perçue de bon œil par bon nombre d`Ivoiriens. Sur la radio Onuci-Fm hier, il a donné le sens de sa démarche que nous vous proposons.
Les patriotes n’ont pas bonne presse. Comment comptez-vous redorer votre blason ?
La renommée n’est pas reluisante. Nous avons tous participé à ce que la Côte d’Ivoire est devenue aujourd`hui. Un patriote par définition est celui qui aime son pays. C’est celui qui fait tout ce qu`il faut pour son pays. La crise a fait que nous sommes là. Je veux que tout cela s’arrête. Qu’on reparte à zéro. Qu`on reparte sur de bonnes bases.
Avec du recul, si tout était à refaire, qu`est-ce que les Patriotes vont faire qui n’aurait pas dû être fait ?
Je ne poserais pas le problème comme cela. Je pense que la situation est très fragile. Or, nous recherchons la paix. Tous les Ivoiriens doivent comprendre que ce qui s`est passé, qui a conduit notre pays dans cette situation n’est pas bon. Et qu`il faille s`arrêter. Tout le monde sache qu’on doit s’arrêter, que ce qui a fait dégrader la situation, qu’on tourne la page et que chacun entre en lui-même, fasse son mea-culpa. Il n’est pas question de jeter la pierre, ni de chercher un bouc-émissaire. Sinon ce serait trop facile. Qu’on privilégie le pardon parce que si on veut chercher des bouc-émissaires, on ne sortira pas de cette crise-là.
Selon vous, la Côte d’Ivoire pouvait-elle éviter cette crise-là ?
Ce sera le moment du bilan de la réconciliation. C’est pourquoi, il faut que la réconciliation ne soit pas celle des vainqueurs sur les vaincus, des plus forts sur les plus faibles. Il faut que ce soit sincère. Et que chacun vienne dire ce qui s`est passé. Et qu`on trouve sincèrement les causes profondes de cette crise. Et que la Côte d’Ivoire puisse relever les plus grands défis qui sont réservés à la classe politique principalement aux nouvelles autorités de ce pays. Il faut pouvoir rassembler tous les Ivoiriens. C’est ce qu’on n’a pas fait jusqu’à maintenant. Moi, je m`inscris du côté des nouvelles autorités pour que, dans cette Côte d`Ivoire, nous puissions exorciser le mal. Et qu`on puisse servir aux Ivoiriens une paix durable.
On vous a vu, ce week-end, aux côtés du président de l’Alliance pour le changement, en l’occurrence Soro Alphonse. Quelle place comptez-vous occuper dans ce processus de réconciliation ?
Je veux prendre la place du patriote. C’est-à-dire celui qui aime le pays, qui met en avant tout l`intérêt du peuple. Pensez-vous que je n’ai subi d’humiliation et de frustration dans cette crise ? Mettons tout ça de côté. On pense à la nation, à la cohésion sociale. Et que tous les Ivoiriens pensent à s`approprier la réconciliation nationale. Avec les commissions, nous allons faire avancer les choses. Mais si chacun ne s’approprie le programme de réconciliation, ne désarme pas son cœur, les esprits et faire en sorte qu`on parle autour de lui et non de vengeance, de représailles, toutes les actions seront vaines, et donc nous retomberons encore dans la même crise. Il ne faut plus ça en Côte d’Ivoire et plus jamais ça en Afrique. C`est mon combat.
Combat ! On vous a vu jouer également les médiateurs aux côtés des miliciens et des Forces républicaines. Aujourd’hui, est-ce que vous donnez l’assurance qu’il n’y a plus vraiment des poches de résistance ?
A Yopougon, nous avons ramassé des fusils. Notre collaboration avec les commandants des Frci, notamment le commandant Chérif Ousmane, la bonne entente nous a permis de mettre en confiance les jeunes; ceux qui étaient encore réticents sont sortis aujourd’hui. Presque tous parce que pour moi, ce qui est passé est passé et que les canons se taisent. Le mercredi, les coups de canon que vous avez entendus sont les derniers. Mais pour moi, le plus dur commence. Chaque jour, nous sommes dans la commune de Yopougon pour parler avec les jeunes, pour rassurer davantage. Depuis 3 jours, vous n`entendez plus de fusils. Nous continuons de rassembler les fusils. Nous avons pour ambition, de faire en sorte que les armes disparaissent totalement dans la ville d`Abidjan et que les populations reviennent pour vivre tranquillement.
Aujourd`hui, avez-vous le sentiment que vous êtes entendu par les miliciens ?
Je leur ai dit qu’il n’y a plus d’objet du combat. Le combat, ça se fait par rapport à un objet. Les populations ont besoin de paix. Le peuple la réclame. Nous avons réussi à les convaincre. Ils nous ont compris. Chacun est résolument engagé dans cette paix. Et je suis heureux de constater que nous avons pu les mettre en confiance. Même ceux qui ont été pris sur le terrain du combat ont été relâchés. Aujourd`hui, tout se passe bien. J’ai vraiment espoir.
Propos retranscrits par
Atchin Kwaku
Source : Onuci-F
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