Koulibaly Mamadou, leader de ces cadres Lmp, revient en Côte d’Ivoire. Et, le mercredi 20 avril 2011, il a été reçu, au Golf hôtel, par le chef de l’Etat. « J’étais à Accra. J’ai reçu un appel du président Ouattara qui souhaitait me rencontrer. J’avais moi aussi un certain nombre de choses à discuter avec lui, je suis arrivé hier (mardi 19 avril 2011, Ndlr), et ce matin (mercredi 20 avril 2011, Ndlr), j’ai eu une audience avec lui. Nous avons parlé de plusieurs sujets », a déclaré le président de l’Assemblée nationale à sa sortie d’audience. M. Koulibaly a aussi fait cas des pillages, des exactions, des exilés et autres problèmes de sécurité. « Nous avons parlé d’Etat de droit. Expliqué qu’il était important qu’en début de mandat, conformément au vœu de l’Union africaine, que le président puisse avoir une prestation de serment régulière. Le président a donné son accord. Et je crois savoir, si je
ne trahis pas de secret, que le président du Conseil constitutionnel, Yao N’Dré est en route pour Abidjan et probablement arrive demain et très rapidement, le président m’a dit qu’une cérémonie sera organisée pour rester conforme au voeu de l’Union africaine », a-t-il révélé. Effectivement, comme le troisième vice président du Front populaire ivoirien (Fpi) l’a annoncé, le président du Conseil constitutionnel arrive. Et, il a été reçu, à son tour, par le président Ouattara. « Il faut reconstruire la Côte d’Ivoire, tout le monde, dans un élan de solidarité, d’amour et de fraternité », a plaidé Paul Yao N’Dré, jeudi 21 avril 2011, après ses échanges avec Alassane Ouattara.
Faut-il le souligner, le président de l’Assemblée nationale et celui du Conseil constitutionnel ont, chacun, fait le déplacement d’Abidjan dans un avion que le nouveau chef de l’Etat leur a affrété. C’est d’ailleurs par le même moyen de transport qu’ils sont retournés à Accra. Même étant là-bas, ils n’ont pas rompu les contacts avec les nouvelles autorités ivoiriennes. Une autre preuve de ce dégel, la sortie du Secrétaire général du Fpi. Miaka Ouretto Sylvain a déclaré sur la radio « Onuci-Fm », vendredi 29 avril, que « Gbagbo a chuté, ce sont les règles du jeu. Il fallait l’un ou l’autre. Alassane Ouattara est le président de la République de Côte d’Ivoire. Il a décidé de former un gouvernement d’union nationale. Cela répond à nos attentes et va dans le sens de la réconciliation. Je demande aux militants du Fpi et de Lmp de cesser toute belligérance ». Le collaborateur de Pascal Affi N’Guessan a affirmé, au cours de la même interview, que le Fpi n’était pas opposé à une entrée dans le gouvernement Ouattara. Des observateurs ont interprété cette sortie comme une réponse à la préoccupation du nouveau président ivoirien. Qui, dans une interview accordée au journal « La Croix », le mercredi 27 avril 2011, disait ceci : « Outre la commission Vérité et Réconciliation, axe fort de ma présidence, la deuxième sera la nomination d’un gouvernement d’union nationale, avant fin mai. Y figureront des ministres issus du FPI (le parti de l’ancien président), à la condition qu’ils me reconnaissent comme président… ce qui n’est pas encore le cas ». Après toutes ces sorties de décrispation, Paul Yao N’Dré pouvait revenir à Abidjan et proclamer, officiellement, Alassane Ouattara, président. Cela s’est traduit par la décision N°CI-2011 EC 036 du Conseil Constitutionnel rendue publique jeudi 5 mai 2011et l’organisation de la prestation de serment, vendredi 6 mai 2011. Au cours de cette cérémonie, le président du Conseil constitutionnel a exprimé sa gratitude au président de la République du Ghana. « Je voudrais expirer au nom du Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire, toute ma gratitude à Son Excellence Monsieur le professeur John Atta-Mills, président de la République du Ghana pour les efforts inlassables qu’il a déployés et qu’il continue de faire pour le retour définitif de la paix en Côte d’Ivoire”, a témoigné le Pr Yao N’Dré. Il a rendu ce témoignage en présence de Koulibaly Mamadou, la personnalité sur qui Atta-Mills s’est appuyé pour mener sa diplomatie secrète. Reste à savoir si ces actions de décrispation sont comprises par tous.
SYLLA Arouna
Soir Info
Comment Atta-Mills a convaincu Yao N’Dré – Tout sur le rôle joué par le président ghanéen
Qui l’eût cru ! Paul Yao N’Dré qui fait prêter serment à Alassane Ouattara en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire. Pour beaucoup, c’était une utopie, un rêve irréalisable. En tout cas, jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel rende sa décision le 5 mai 2011 à son siège à Cocody, de nombreuses personnes étaient prêtes à parier que Paul Yao N’Dré ne se dédirait jamais (il avait proclamé Laurent Gbagbo, président élu le 4 décembre 2010). Aujourd’hui, on se rend bien compte que celles-là ont eu tort. Mais pour parvenir à cette décision, il a fallu des négociations secrètes ! Selon des sources bien informées, le président de la République du Ghana a été pour beaucoup dans la prise de ladite décision. Après l’arrestation de Laurent Gbagbo, John Atta-Mills a eu des rencontres avec des proches du président ivoirien déchu présents dans son pays. Amenés par Koulibaly Mamadou, le numéro
1 ghanéen a expliqué aux barons de l’ex-camp présidentiel ivoirien pourquoi il était important de jouer l’apaisement. Le chef de l’Etat ghanéen n’est pas seulement entré en contact avec les collaborateurs de M. Gbagbo. John Atta-Mills l’a fait aussi avec les nouvelles autorités ivoiriennes. Après plusieurs échanges avec les deux parties, il a réussi à conclure un “gentlemen agreement”. Voici ce qu’on peut retenir de cet accord: Alassane Ouattara doit être investi par le Conseil constitutionnel présidé par Paul Yao N’Dré et en retour, le nouveau chef d’Etat ivoirien devra permettre la libération de tous les prisonniers (dont le couple Gbagbo), le retour des exilés, la cessation de la chasse aux militants de La majorité présidentielle (Lmp) et le retour à la normalité. Notre source ne nous a pas indiqué de date pour l’application de ces mesures par le camp Ouattara. Toutefois, elle nous a révélé que pour
convaincre les partisans de l’ancien president ivoirien, Atta-Mills a fait prévaloir deux arguments majeurs. Un: il leur a rappelé que Laurent Gbagbo a chuté. Deux: il a dit que le Conseil constitutionnel peut se baser sur les conclusions du Groupe de haut niveau de l’Union Africaine (Ua) pour proclamer Alassane Ouattara comme président de la République. A l’évidence, la médiation d’Atta-Mills a payé.
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