Par Frédéric Couteau RFI
Décidément, le Niger est en pointe en matière de bonne gouvernance et d’indépendance de la justice. Le site d’information nigérien Tamtam Info nous rappelle brièvement les faits : « l’ancien Président de la République du Niger, Tandja Mamadou est en liberté depuis ce mardi 10 mai aux environs de 10 heures. La Cour d’Etat en charge de son dossier a dans son verdict annulé toute la procédure judiciaire engagée contre lui. Ainsi, Tandja est totalement exempté des faits qui lui sont reprochés, a indiqué l’un de ses avocats. » Pas de commentaires pour l’instant des médias nigériens disponibles sur internet.
En revanche, la libération de l’ex-président suscite étonnement et admiration dans la presse de la sous-région. « Libération de Tandja : une autre leçon de sagesse de Niamey », s’exclame le site d’information burkinabé Fasozine . « Les nouvelles autorités judiciaires nigériennes n’ont pas jugé nécessaire de le garder dans les liens de la détention. Et c’est tout à leur honneur, estime Fasozine. Au-delà du détournement d’environ quatre milliards de francs CFA qui lui était reproché, Mamadou Tandja méritait bien une peine plus longue et plus sévère pour avoir assassiné l’espoir de la démocratie dans son pays. Sous d’autres cieux et à une autre époque, relève Fasozine, on aurait pu le jeter en prison à vie pour avoir, envers et contre tous, charcuté la Constitution nigérienne pour se maintenir au pouvoir au-delà des deux mandats qui était admis. Malgré tout cela, il a été absout. Il échappe ainsi au tribunal des hommes, mais certainement pas à celui de sa propre conscience. »
Une leçon de justice…
« Tandja libéré par la démocratie qu’il voulait tuer », constate L’Observateur au Burkina. En effet, affirme le quotidien burkinabé, « l’ironie du sort veut que ce soit celui qui a voulu vassaliser les institutions nigériennes qui en profite. Comme quoi tout le monde gagne quand les règles démocratiques sont respectées par tous. Car autrement, la justice n’aurait pas eu cette indépendance pour prendre une telle sentence. La question qui se pose maintenant, relève L’Observateur, est de savoir si l’affaire est définitivement classée ou si elle va rebondir au niveau de la Haute cour de justice. »
En tout cas, poursuit le quotidien burkinabé, « au bout du compte, l’homme du tazartché aura passé quelque 15 mois au frais. Et il faut espérer que cette privation de liberté aura été propice à la réflexion et qu’il a pu méditer sur tout le mal qu’il a pu faire à la démocratie nigérienne. »
Pour le site Guinée Conakry Infos, il s’agit là d’une « leçon de justice. (…) Au-delà de la joie légitime des partisans de Tandja, cette décision se révèle être un indicateur d’un bon départ de la démocratie nigérienne. C’est un peu la preuve que la justice y est indépendante des pouvoirs politiques. Une justice rendue sans passion. On ne s’y acharne pas contre un individu, si détestable, soit-il, sans preuve et sans raison. (…) Puisse alors ce verdict se révéler un enseignement pour le bénéficiaire qui est aujourd’hui Mamadou Tandja mais aussi et surtout, estime Guinée Conakry Infos, un parangon pour d’autres pays de la sous-région, comme la Côte d’Ivoire. »
Brebis galeuses !
La Côte d’Ivoire qui connaît toujours des problèmes de sécurité à Abidjan et dans l’ouest. Soir Info affirme en Une qu’il n’y a « plus de place dans les morgues » de la capitale économique. Les morts se compteraient par centaines, victimes de miliciens pro-Gbagbo mais aussi de soldats pro-Ouattara, ou se faisant passer pour tels…
Il y a également les pillages, parfois menés par des soldats des FRCI, les forces régulières. « Des brebis galeuses salissent l’image des FRCI », s’exclame Soir Info. « Les récriminations des populations du district d’Abidjan contre les FRCI, aujourd’hui, sont en train de faire oublier ce travail d’hercule qu’ils ont abattu, il y a quelques semaines, en nettoyant la ville des mercenaires et miliciens , déplore le quotidien abidjanais. Il est donc souhaitable et même pressant que la haute hiérarchie des FRCI prenne ses responsabilités, afin d’extirper de leurs rangs, ces brebis galeuses qui, chaque jour, ternissent leur image. (…) Car, conclut Soir Info, lorsque les hommes chargés d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, retournent leurs armes contre les populations, c’est que l’Etat de droit est en train de foutre le camp. »
Où est la liberté de la presse ?
Enfin, nous le répétons chaque jour dans cette revue de presse : les journaux d’opposition n’ont toujours pas reparu en Côte d’Ivoire… « Un mois après la chute de Laurent Gbagbo, la presse ivoirienne dans la tourmente », s’inquiète l’association de défense des journalistes Reporters sans frontières . RSF qui constate que « si certains journalistes menacés ont finalement pu reprendre le travail, les journaux d’opposition, favorables à l’ancien chef de l’Etat, ne paraissent toujours pas. Les locaux du quotidien Notre Voie, proche du Front populaire ivoirien (le parti de Laurent Gbagbo) sont même occupés par des éléments armés. Reporters sans frontières exprime sa déception et demande aux nouvelles autorités d’agir rapidement pour restaurer un climat de confiance chez les journalistes et surtout permettre aux journaux d’opposition de préparer leur retour en kiosques. »
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