Par Frédéric Couteau
Par RFI
Alors que le président Ouattara a prêté serment vendredi en invitant le pays à « tourner la page de la crise » et en promettant « une nouvelle ère de réconciliation », la situation sécuritaire dans le quartier de Yopougon reste problématique. « Ratissages, perquisitions et exécutions sommaires à Yopougon », s’exclame le quotidien Le Mandat . « Après avoir délogé les miliciens et les mercenaires des dernières poches de résistance dans la commune de Yopougon, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, les FRCI, continuent de ratisser les quartiers pour garantir la sécurité et rassurer les Ivoiriens pour le retour à leurs domiciles respectifs. Malheureusement, déplore Le Mandat, certaines personnes en tenues militaires floquées FRCI se livrent à des perquisitions de domiciles et à des exécutions sommaires dans les quartiers sous le contrôle des hommes du Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro. On parle même de la chasse aux Guéré et aux Bété. »
Même constat accablant pour L’Inter : « il ne fait pas encore bon vivre à Bel Air, Quartier millionnaire, Toit Rouge, Sogephia, Palais, Sapeurs pompiers, et bien d’autres de ces quartiers (de Yopougon) d’où les plaintes et pleurs des habitants nous sont parvenus, dénonçant des exactions d’hommes en armes, initialement à la recherche de caches d’armes, avant de s’adonner soit à des pillages de domiciles au vu et au su des populations, soit à des exécutions sommaires. Bien des victimes soulignent avoir tout perdu. Le domicile passé à sac, les véhicules systématiquement emportés, servant même parfois à ramasser le butin. »
Et L’Inter d’interpeller les nouvelles autorités ivoiriennes… « Ça suffit ! Halte à la dérive ! », s’exclame le quotidien abidjanais. « Ce n’est pas en opposant les ethnies que va naître la Côte d’Ivoire nouvelle prônée par le président Ouattara. (…) Le plus grand défi pour le nouveau gouvernement, c’est la cohabitation pacifique des Ivoiriens. Il lui faudra interpeller ceux des FRCI qui s’adonnent à des actes du genre, mais également prendre les dispositions pour qu’aucune autre force parallèle ou adverse ne continue à faire souffrir les pauvres populations déjà assez éprouvés. Alors et alors seulement, conclut L’Inter, naîtra la nouvelle Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même. »
Yao-N’Dré mange son chapeau…
Toujours en Côte d’Ivoire : Paul Yao N’Dré dans le collimateur de la presse pro-Ouattara… Le président du Conseil constitutionnel est sans doute le premier dans cette fonction à avoir fait prêter serment à deux présidents en l’espace de 6 mois… Laurent Gbagbo début décembre et Alassane Ouattara vendredi. Et Le Nouveau Réveil voit rouge : « Yao-N’Dré doit être exorcisé en prison », s’exclame le journal qui l’accuse d’avoir tripatouillé les chiffres de l’élection présidentielle pour faire élire Gbagbo. « Pour avoir été l’instigateur de la guerre survenue en Côte d’Ivoire après le 2ème tour de l’élection présidentielle (…) Yao-N’Dré ne doit-il pas passer devant les juridictions compétentes pour répondre de ses crimes devant l’humanité ? », s’interroge Le Nouveau Réveil.
« Yao-N’Dré mange son chapeau », titre pour sa part L’Observateur au Burkina. « Le président du Conseil constitutionnel qui, il y a cinq mois, avait refusé la victoire au président élu pour la donner à son mentor Laurent Gbagbo, use ici d’un argument de taille pour justifier sa volte-face : ‘le Conseil constitutionnel fait siennes les conclusions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine’. Très bien, relève L’Observateur. Mais on ne manquera pas de regretter que cette sagesse-là, il ne l’ait pas eue en temps opportun ; car alors, on aurait sans doute évité à la Côte d’Ivoire de connaître les affres qu’elle dut traverser, avec ses corollaires de morts, de déplacés, d’habitants traumatisés et d’infrastructures ravagées. »
Où est la presse « bleue » ?
Sur ce sujet et sur les autres… pas de commentaire dans les journaux qui étaient favorables à Laurent Gbagbo et pour cause : ils n’ont toujours pas reparu. Notre Voie, Le Nouveau Courrier ou encore Le Temps sont toujours absents des kiosques. Certains de ces journaux avaient vus leurs locaux dévastés et leurs journalistes pourchassés lors de la chute de Laurent Gbagbo.
Le président Ouattara vient de créer une Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, rapporte notamment L’Intelligent. Une nouvelle instance « perçue par beaucoup comme un signal fort de la politique de libéralisation de ce secteur », affirme le journal. Mais qu’en sera-t-il de la presse écrite ?, s’interroge-t-il. « Est-ce à dire que le CNP, le Conseil national de la presse, sera réformé ? »
Récemment, rappelle L’Intelligent, le ministre de la Communication par intérim « avait traduit la volonté du gouvernement et du président Ouattara de voir les médias devenir des piliers importants de la politique de développement du pays. »
On attend, donc, la réapparition des journaux d’opposition ou, pourquoi pas, de nouveaux quotidiens. La démocratie ivoirienne ne pourrait que s’en porter mieux…
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