Marc Dossa - Courrierinternational.com
Des milliers de jeunes aveuglément acquis à la cause de Gbagbo ont fait régner la terreur à Abidjan. Leur leader Charles Blé Goudé, qui incarnait l’aile radicale du régime, est porté disparu depuis la chute du régime, tandis que la plupart des autres dirigeants se sont enfuis au Ghana et au Bénin.
Jean Yves Dibopieu
Dès que les forces de Laurent Gbagbo avaient commencé à perdre du terrain, Jean Yves Dibopieu avait déjà pris la route du Sud-Comoé (Sud-est du pays) où avaient déjà trouvé refuge, selon des témoins, d’autres partisans de Laurent Gbagbo. Au nombre de ceux-ci, se trouvait le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N’Dré. Quand, autour du 10 avril 2010, il a compris que les carottes étaient cuites pour son mentor, Jean Yves Dibopieu a vite fait de franchir la frontière ghanéenne avec les autres compagnons qui avaient le souci de sauver leur peau. Selon toute vraisemblance, c’est la peur de la justice qui a fait le chemin de l’exil au successeur de Charles Blé Goudé à la tête de la Fesci. Car, en novembre 2004, c’est bien lui qui a invité chaque « jeune patriote » à s’en prendre au moins à un Français. « A chacun son Français », avait-il lancé.
Serges Kassy
C’est à la dernière minute que le « chanteur patriote » a vu qu’il ne pouvait rien faire de plus pour sauver le régime de Laurent Gbagbo. Il faisait en effet partie de ceux qui avaient choisi de se constituer en bouclier humain autour de la résidence présidentielle à Cocody. Pris au piège des feux croisés des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), de la Licorne, des soldats de l’ONUCI et des derniers combattants pro-Gbagbo, Serges Kassy a eu l’ingénieuse idée pour s’enfuir sur la pointe des pieds. Il a notamment fait circuler une rumeur l’annonçant pour mort, pour s’échapper. Il a transité par Port-Bouët, son fief, avant de prendre la route du Ghana pour se retrouver plus tard au Bénin, le pays d’origine de sa compagne.
Damana Pickass
Ce représentant du ministère de l’Intérieur dans le bureau central de la Commission électorale indépendante (CEI) a voulu jouer au héro jusqu’à la fin. En effet, après avoir empêché, le 30 novembre 2010, la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, Damana Adia Pickas, avait résolument investi le terrain politique pour se faire le défenseur de la réélection de Laurent Gbagbo. Une posture avec laquelle il n’était d’ailleurs pas loin de disputer le leadership des « jeunes patriotes » avec Charles Blé Goudé. Quand débutèrent les premières frappes aériennes de la Licorne et de l’ONUCI, le 4 avril, c’est lui qui monte au créneau pour en appeler à la mobilisation des « patriotes » pour la défense du régime Gbagbo. Il restera à la résidence présidentielle jusqu’au début des secondes frappes aériennes qui ont débouché sur la reddition de Laurent Gbagbo. Il usera du même subterfuge que Serges Kassy pour prendre le large. C’est d’ailleurs en compagnie du « chanteur patriote » qu’il se serait retrouvé au Ghana puis à Cotonou.
Serges Koffi
Le prédécesseur de Mian Augustin à la tête de la Fesci (Fédération Estudiantine de Côte d’Ivoire) a trouvé refuge au Ghana voisin. C’est dès les premières heures de la seconde offensive aérienne des forces impartiales que l’on surnomme Souroukou trèmin-trèmin a pris ses jambes à son cou. Il a d’abord transité à Aboisso, chez son compagnon de la Fesci, KB, avant de franchir d’un pas léger la frontière ghanéenne. Accusé d’avoir commandité le pillage des résidences de partisans du nouveau régime, il redoute d’avoir à répondre de ces actes devant la justice.
Ahoua Stallone
C’est surtout sur le compte de la détérioration du climat socio-politique que le président de Hiré Football Club met son exil au Ghana. Autrement dit, le jeune disciple de Laurent Gbagbo reconverti en dirigeant sportif, est allé se mettre à l’abri à Accra avec femme et enfants. Ahoua Stallone ne voit en effet pas pourquoi les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) lui en voudraient, lui qui est à la base de l’organisation du match de gala entre les forces armées des Forces nouvelles (FAFN) et les Forces de défense et de sécurité (FDS) en vue de rapprocher ces deux armées.
Richard Dacoury
Le « lieutenant » de Blé Goudé n’a pas manqué de réalisme. Dès que la rumeur a annoncé les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) aux portes d’Abidjan, Richard Dacoury n’a pas voulu tergiverser. Très rapidement, il s’est mis en lieu sûr. Selon certaines sources, il se serait refugié, dans un premier temps, au quartier général de l’ONUCI avec Charles Blé Goudé, avant de prendre la direction du Sud-Comoé. C’est de là qu’il aurait rallié Accra, le 11 avril après que Laurent Gbagbo s’est rendu aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire.
Eugène Djué
Celui qui se fait appeler « maréchal Eugène Djué » est toujours à Abidjan. Il est même à Yopougon où il a à cœur de jouer une participation importante dans le processus de réconciliation nationale. Pour ceux qui lisent bien entre les lignes, c’est la suite de la rivalité sournoise qui l’a opposé à Charles Blé Goudé. Partisan de la ligne modérée des « jeunes patriotes », il n’avait jamais approuvé les actions brutales des autres jeunes disciples de Laurent Gbagbo, même s’il a revendiqué, à un moment donné, la paternité de l’Union pour la libération totale de la Côte d’Ivoire (ULPTCI), apparentée à une milice pro-Gbagbo. Sa tiédeur lui aurait valu sa mise à l’écart de tous les schémas de lutte du clan Gbagbo, depuis le décès en avril 2009 de Saratta Ottro-Zirignon.
Mian Augustin
Le secrétaire général de la Fesci, selon nos sources, a été pris de court par les événements. Autrement dit, il n’a pas eu le temps de prendre la fuite avant la chute de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, après avoir tenté de vivre dans la clandestinité, il se retrouve à l’hôtel « Pergola », en compagnie des autres dignitaires de l’ancien régime. Il cherche, à chaque occasion, à faire amende honorable, assumant quand il faut, la responsabilité des dérives de la Fesci ou réaffirmant son allégeance à Alassane Ouattara.
Thierry Légré
Le transfuge du Rassemblement des républicains (RDR) est introuvable. Annoncé tantôt en Europe, tantôt à Accra, tantôt à Abidjan, tantôt décédé, Thierry Légré n’a plus fait signe de vie depuis l’offensive des Forces républicaines de Côte d’Ivoire.
Hanny Tchelley
Annoncée pour morte, lors des secondes frappes aériennes de la Licorne et de l’ONUCI, l’actrice-réalisatrice aurait pris le chemin de Tiassalé, la ville d’origine de son compagnon, le chanteur François Kency. Elle a pris la direction du Ghana afin de rejoindre la Belgique sa deuxième nation. En effet, Hanny détient aussi la nationalité belge.
Idriss Ouattara
Le président des « agoras et parlement » est inscrit sur la liste des ‘’portés disparus’’. Personne ne dispose d’informations précises permettant de le localiser. Là où certains avancent qu’il a quitté le pays pour se retrouver avec les autres au Ghana, d’autres soutiennent qu’il est dans la clandestinité, dans la banlieue abidjanaise. Jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo, Idriss Ouattara, natif du Nord de la Côte d’Ivoire, est resté actif en installant çà et là des groupes d’auto-défense chargés de lutter contre l’arrivée des Forces armées des Forces nouvelles à Abidjan.
Touré Zéguen
Président d’une branche du Groupement des patriotes pour la paix (GPP), Touré Zéguen est, lui aussi, introuvable depuis la chute de Laurent Gbagbo. Il fait partie des « jeunes patriotes » qui se sont constitués en boucliers humains devant la résidence présidentielle. A-t-il eu le temps de prendre le chemin de l’exil avant la capture de M. Gbagbo ou a-t-il été tué lors des bombardements ?
Les commentaires sont fermés.