Libye: L’OTAN confirme avoir bombardé un édifice gouvernemental, mais pas le décès du fils de Mouammar Kadhafi

De Karin Laub, The Associated Press –

TRIPOLI, Libye — L’OTAN a reconnu samedi soir qu’elle avait bombardé un édifice gouvernemental à Tripoli mais n’était pas en mesure de confirmer le décès du fils de Mouammar Kadhafi.

Le communiqué de l’Alliance atlantique a été émis quelques heures après une frappe aérienne qui aurait, selon le porte-parole du gouvernement libyen, causé la mort du plus jeune fils et de trois des petits-enfants du leader. Ce dernier s’en est toutefois sorti indemne.

L’OTAN a déclaré qu’elle avait attaqué «un bâtiment de contrôle et de commandement dans le quartier de Bab al-Azizya» samedi, insistant sur le fait que ses cibles étaient militaires et liées aux assauts systématiques de Kadhafi contre la population libyenne.

Le lieutenant-général canadien Charles Bouchard, qui dirige les opérations de l’OTAN en Libye, a dit être au courant que des membres de la famille du dirigeant libyen avaient peut-être été tués durant le bombardement. Il a exprimé ses regrets concernant toute victime que pourrait faire le conflit, particulièrement parmi les civils.

Selon Ibrahim Moussa, porte-parole du régime libyen, Mouammar Kadhafi et sa femme se trouvaient dans la maison de leur fils Saif al-Arab Kadhafi, âgé de 29 ans, lorsque la résidence a été frappée par l’un des missiles lancés par un avion de l’OTAN.

Il a précisé que le dirigeant libyen et sa femme étaient en bonne santé et qu’ils n’avaient pas été blessés, mais que l’attaque avait tué son fils et trois de ses petits-enfants qu’il a présentés comme des «martyrs».

Mardi, le ministre britannique de la Défense, Liam Fox, et le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avaient déclaré devant les reporters au Pentagone que les avions de l’OTAN ne visaient pas Mouammar Kadhafi en particulier mais ses centres de commandement.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Shin Inouye, a refusé samedi de commenter les événements en Libye et a référé les médias à l’OTAN.

D’après Moussa Ibrahim, Saif al-Arab étudiait dans une université allemande mais n’avait pas encore complété ses études. Il avait donc passé le plus clair de son temps en Allemagne durant les dernières années.

Le porte-parole libyen a raconté que le jeune homme jouait et discutait avec son père, sa mère, ses nièces, ses neveux et d’autres visiteurs lorsque le missile est tombé sur la demeure d’un étage située dans un quartier résidentiel de Tripoli.

Les journalistes qui ont pu visiter les lieux après l’impact ont révélé que les immeubles avaient été lourdement endommagés. L’explosion a notamment démoli le plafond de l’une des résidences, laissant sur le sol un immense tas de débris et de métal tordu.

Moussa Ibrahim a décrit la frappe comme étant une tentative d’assassinat sur la personne du colonel Kadhafi et a soutenu qu’elle violait les lois internationales.

De nombreux tirs ont retenti dans la capitale libyenne après l’attaque.

Saif el-Arab était le plus jeune des sept fils de Mouammar Kadhafi, qui a aussi une fille. Sa mère, Safiya Farkash, est la deuxième femme du leader et une ancienne infirmière. Il était le frère du plus connu Saif al-Islam Kadhafi, qui était perçu comme un réformateur avant que ne commence le soulèvement populaire le 15 février.

Le dirigeant libyen avait également une fille adoptée qui a péri en 1986 lorsque les États-Unis ont bombardé son complexe résidentiel Bab al-Aziziya en représensailles à un attentat dans une discothèque allemande qui avait tué plusieurs Américains. Washington accusait la Libye d’être responsable de cet incident.

Le bombardement mortel est survenu quelques heures après que le colonel Kadhafi eut appelé à un cessez-le-feu et à des négociations avec les puissances de l’OTAN afin de mettre un terme à la campagne de frappes aériennes des six dernières semaines.

«La porte de la paix est ouverte», avait déclaré le leader dans son allocution décousue livrée avant l’aube samedi. «Vous êtes les agresseurs. Nous allons négocier avec vous. Venez, la France, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Amérique, venez, nous allons négocier avec vous. Pourquoi est-ce que vous nous attaquez?»

Il avait aussi dénoncé l’intervention militaire étrangère, soutenant que les Libyens avaient le droit de choisir leur propre système politique, mais pas sous la menace des bombes de l’OTAN.

À Bruxelles, un représentant de l’Alliance atlantique avait indiqué avant l’attaque de samedi que l’OTAN voulait voir des «actes pas des mots» et qu’elle continuerait à faire pression sur le régime de Kadhafi jusqu’à ce qu’elle ait rempli la mission confiée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

L’OTAN a promis de poursuivre ses opérations tant que les attaques et les menaces contre les civils ne cesseraient pas, que les troupes de Kadhafi ne se seraient pas retirées et que l’aide humanitaire ne serait pas fournie à la population.

Témoignant sous le couvert de l’anonymat, le représentant de l’Alliance avait fait remarquer que les forces pro-Kadhafi avaient pilonné Misrata, ville de l’ouest de la Libye sous le contrôle des rebelles, et tenté de détruire son port peu de temps avant le discours de leur chef.

«Le régime a annoncé des cessez-le-feu à plusieurs reprises par le passé mais a continué de s’en prendre aux villes et aux civils», avait noté le représentant. «Tout cela doit cesser et doit cesser maintenant.»

Les leaders de l’insurrection ont déclaré qu’ils déposeraient les armes et accepteraient de négocier lorsque Kadhafi et ses fils auraient quitté le pouvoir. Le dirigeant libyen a maintes fois refusé de démissionner.

Un porte-parole des forces rebelles, Jalal al-Galal, a qualifié le cessez-le-feu proposé de coup publicitaire.

«Nous ne croyons à l’existence d’une solution dont lui ou n’importe quel membre de sa famille ferait partie. Alors, il n’y a pas de discussion possible. La seule solution pour lui, c’est de partir.»

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