Depuis quelques semaines, l’accès aux soins médicaux est gratuit dans nos structures sanitaires publiques. Le ticket de consultation, les accouchements, les interventions chirurgicales, les bilans radiologiques et sanguins, les frais d’hospitalisation et les médicaments de la PSP (Pharmacie de la santé publique) sont offerts gratuitement aux populations par le président Alassane OUATTARA.
Le premier constat lorsqu’on arrive dans les centres de santé, c’est l’engouement des populations vis-à-vis de cette nouvelle politique de santé. Tous les bénéficiaires disent un grand merci à son excellence Alassane OUATTARA président de la Côte d’Ivoire.
Il ya véritablement une forte demande de soins et une forte consommation de biens médicaux par la population si bien que les centres de santé ont parfois des problèmes de pénurie de médicaments, de tubes de prélèvement et de réactifs pour les examens biologiques.
A l’analyse de cette nouvelle politique de santé et de ces premières difficultés, nous devrions tous savoir que la gratuité en santé entraine une explosion de la demande de soin dans sa phase de lancement, ceci est dû à la prise en charge de la majorité de nos frères qui, à cause de l’extrême pauvreté n’avaient pas accès aux soins de bonne qualité. Ensuite, cette demande commence à diminuer au fur et à mesure que les problèmes de ces bénéficiaires sont gérés correctement avec aussi l’instauration d’une bonne politique de la santé préventive en amont.
Nous savions qu’une telle explosion de consommation de biens médicaux engendrait évidement une explosion des dépenses financières, ce qui mettra non seulement en difficulté notre trésorerie mais aussi en péril cette politique salutaire de gratuité que j’ai toujours souhaité pour les pays où les indicateurs de santé sont médiocres.
Faut- il accepter de voir mourir plus de 70% de nos populations qui n’ont pas accès aux soins du faite de leur pauvreté ?
Est –il normale de laisser mourir ces populations à cause de moins de 20% des recettes que génèrent nos centres de santé pour compléter les 80% offert par l’ état afin de faire face à nos dépenses publiques de santé ?
Ces 70% de nos populations pratiquant pour la plus part des métiers informels, participent aussi à l’essor de notre économie, donc ils ont le droit de bénéficier de la redistribution de l’état. Leur situation de précarité sanitaire a évidement des répercussions sur notre économie.
Nous devrions leur apporter la santé et par des divers mécanismes pouvoir faire le recouvrement de tous actes médicaux pour permettre une pérennisation de cette politique de gratuité des soins, c’est une question de volonté politique.
Il faut éviter que l’argent circule dans nos hôpitaux car il favorise la corruption et le racket dans nos structures, sans oublier qu’il peut dénaturer la qualité des soins délivrés.
La gratuité des soins doit s’accompagner des mesures coercitives et incitatives si l’on veut avoir des bons résultats d’indicateurs de santé.
Le nouveau président ivoirien avait promis ce projet de soins gratuits aux populations mais compte tenue de l’extrême urgence de santé publique, son application a été décidée de manière précipitée sans prendre assez de mesures si bien que cette situation actuelle risque de nous ramener à celle qui a favorisée à la mise en place des initiatives de Bamako en 1987, introduisant ainsi le paiement à l’acte dans le système de santé des pays pauvres.
Le paiement à l’acte a dénaturé notre offre de soins en transformant nos structures de santé en structure financière ou en structure de business où souvent la déontologie est bafouée car le plus important, ce n’est plus l’amélioration des indicateurs de santé mais le remplissage des caisses. Quand le business rentre anarchiquement dans la santé, la vie humaine se désacralise.
Les effets de la consommation abusive des biens médicaux ne sont que pour la plus part passagère, il faut penser maintenant à imposer rapidement des mesures coercitives en attendant des mesures incitatives.
Nous avons constaté des sorties exagérées de médicament destiné probablement au marché noir ou à des centres de santé privés qui pullulent dans nos quartiers et nos villes. Les bilans biologiques de santé se font de manière incontrôlée. Aussi assiste-t- on au développement d’un marché de bilans biologiques réalisés dans les centres publics où la gratuité est de mise actuellement pour le compte de structures sanitaires privées où le paiement des actes se pratique.
Comme la machine est lancée, je pense que tous ces problèmes ainsi que tant d’autres pourront trouver des solutions adéquates car la politique de gratuité demande beaucoup de suivis et d’évaluations, c’est un défi intéressant qui va recadrer notre vision sociale de la santé.
Il faut qu’on soit solidaire autour du président OUATTARA pour sauver sa politique de santé pour tous qui exige en chacun de nous des nouveaux comportements de solidarité, d’honnêteté et de partage. Ensemble, nous ferons de grandes choses.
Dr DIOMANDE Mamadou
Médecin – Economiste santé et développement
dr_diomande@yahoo.fr
dirrylucky@yahoo.fr
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