Le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau a abrité, hier vendredi 29 avril, une audience d’installation du nouveau procureur de la République, en la personne de Simplice Kouadio Koffi, en remplacement de Raymond Kimou. La cérémonie qui s’est déroulée en présence du chef de cabinet du Garde des Sceaux, ministre de la Justice ainsi que des procureurs, du Bâtonnier de l’Ordre des avocats, des magistrats, du personnel judiciaire a permis au procureur adjoint, Youssouf Ouattara, de faire un sévère réquisitoire. Commentant la crise post-électorale, le représentant du parquet a situé la part de responsabilité des magistrats ivoiriens. D’entrée, le procureur adjoint s’est interrogé en ces termes. »Pourquoi dans certains pays, l’on désigne le président de la République sans qu’on lève le petit doigt ? Pourquoi en Côte d’Ivoire, il y a eu une crise post-électorale ? Quelle justice avons-nous ? A chaque étape, est-ce que nous avons fait ce qu’on avait à faire ? Quelle décision nous devrions rendre en conformité avec la loi ? » A ces interrogations, celui-ci a indiqué que la marche des institutions en Côte d’Ivoire connait des dysfonctionnements. »La hiérarchie n’a pas fait oeuvre utile. On s’est retrouvé dans des clans que de prononcer le droit. Ceux qui se sont tus sont responsables », a-t-il assené, précisant que le procureur de la République Raymond Tchimou et ses substituts Diakité et Oulaye ne sont pas à cette cérémonie solennelle parce qu’ils ont une part de responsabilité dans la crise post-électorale. »Pourquoi les autres sont là et eux sont dans la clandestinité ? Ils n’ont rien dit et sont restés dans un silence coupable », a chargé Youssouf Ouattara qui a invité l’impétrant à oeuvrer au retour de son prédécesseur et ses adjoints. Car, a-t-il argumenté, «malheur au peuple qui ne tire pas enseignement des crises qu’il vit ». Intervenant à son tour, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, maitre Koné Mamadou, s’est projeté dans l’avenir. Aussi a-t-il insisté sur le rôle du Procureur de la République dans la recherche de la paix après la crise. Pour lui, il faut rechercher les fondamentaux de cette fonction. »Le procureur de la République, c’est celui qui défend les intérêts généraux ; c’est celui qui doit pouvoir dire non à l’Exécutif quand il le faut. Les avocats seront votre contradicteur, mais tout en respectant les règles du jeu », a-t-il indiqué avant de recommander l’humilité au nouveau procureur pour éviter d’être, lui-aussi, dans la clandestinité un jour. Le clou de cette cérémonie a été l’installation de Simplice Kouadio Koffi (magistrat hors hiérarchie) comme procureur de la République, près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau par le président Blé Antoine.
G. DE GNAMIEN
L’Inter
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