C’est en ces termes que le chauffeur de taxi qui nous a conduit ce vendredi matin de Marcory à la Riviera traduit son espoir de voir la situation chaotique que traverse la ville d’Abidjan revenir à la normale. Oui « ca va arranger » comme le Mali et le Ghana après leurs périodes de galères politiques. Déjà à 7h du matin, la circulation avait commencée. De la Riviera au nord de la ville à l’aéroport située plus au sud, la circulation présentait les signes d’un retour à la normale. N’empêche que les attroupements devant les banques et les points de vente de gaz ménager déjà à cette heure, 7H GMT indiquaient que les habitants de la perle des lagunes n’étaient pas au bout de leurs peines. Dans toute la ville, des dizaines de personnes font des rangs devant ces établissements. En face de l’immeuble d’une compagnie de téléphonie mobile située aux abords du grand boulevard Giscard d’Estaing, des clients attendaient assis sous une bâche de faire débloquer leurs puces. Toutes les opérations sont lentes parce que le système informatique est fortement endommagé. Entre les efforts des techniciens pour remettre les systèmes en état, les employés se chargent tant bien que mal d’effectuer les opérations voulues par leurs clientèles. Yves G. que nous avons rencontré devant une succursale de sa banque à la Riviera assis à même le sol adossé à au mur de la banque attend là depuis 8h du matin de pouvoir toucher ses deux mois de salaires promis par le président Ouattara. Il habite la grande commune de Yopougon où il enseigne dans un lycée. Son compte logé dans la succursale de sa banque dans sa commune a été délocalisé à la Riviera parce que Yopougon n’est toujours pas sécurisée. Cet enseignant de 35 ans vit depuis un mois à Adiaké, une bourgade située à environ 100km d’Abidjan, dans le sud-est du pays. Il est arrivé jeudi expressément à Abidjan pour toucher ses deux mois de salaire. Chose impossible hier jeudi, et selon ses propres mots impossible ce vendredi vu le grand nombre de personnes qui l’ont devancé dans le rang. « Je me suis endetté auprès d’amis et de parents pour survivre durant la crise. Les deux mois de salaires serviront à rembourser mes dettes, il ne me restera qu’un cinquième pour boucler le mois de mai. Je vais terminer ce mois aussi avec des dettes je pense. Mais bon, que voulez vous ? on n’a pas d’autres choix. » Dans le rang la fatigue se lit sur les visages, certains sont depuis 4 ou 5 h du matin devant la banque. L’attente continue pour eux. Lentement, très lentement Abidjan se remet de la « bataille d’Abidjan ».
Connectionivoirienne.net avec Radio Nederland NRW
par G.D.A.
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