Le chef rebelle Ibrahim Coulibaly, dit « IB », a été abattu par les FRCI d’Alassane Ouattara et Guillaume Soro mercredi soir à Abidjan. Pour le nouveau pouvoir ivoirien le chef du « commando invisible » constituait une menace.
Les relations entre l’officier rebelle et le premier ministre d’Alasane Ouattara, Guillaume Soro étaient empoisonées par des dissenssions qui datent de l’époque de la rebellion. Des officiers du nord avaient tenté en 2002 de renverser le pouvoir de Laurent Gbagbo et le pays était sorti de ce coup de force divisé entre le nord et le sud. Paradoxalement, bien que IB ait contribué à la chute de Laurent Gbagbo le pouvoir le jugeait encombrant et les observateurs pensaient qu’ils auraient pu servir au président Ouattara pour compenser le poids excessif que pèse aujourd’hui Guillaume Soro sur l’échiquier politique ivoirien.
C’est tôt dans la journée de mercredi que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) du président Alassane Ouattara, ont lancé l’assaut contre le fief abidjanais d’Ibrahim Coulibaly, au quartier d’Abobo. Le ministère de la Défense dont le patron n’est autre que le premier ministre Soro lui-même, soutient qu’IB a été tué au cours d’une « riposte » alors qu’il refusait de se rendre. Selon le porte-parole du ministère, le capitaine Léon Kouakou Alla, Ibrahim Coulibaly avait « pris en otage toute une famille. Les FRCI ont effectué des tirs de sommation à deux reprises et il a réagi avec des tirs nourris. Les FRCI n’ont eu d’autre choix que de riposter, et la riposte lui a été fatale ».
Cependant, des sources proches du chef rebelle ont déclaré sur les antene de RFI qu’ IB cherchait à se rendre au moment de sa mort. Deux soldats des FRCI et sept membres du « commando invisible » auraient été tués pendant l’affrontement.
Ancien putschiste en 1999 et 2002, Ibrahim Coulibaly était le rival historique de Guillaume Soro à la tête de la rébellion contre Laurent Gbagbo. En 2004, les troupes des deux camps s’étaient même violemment affrontées. Lorsque Guillaume Soro est devenu le seul chef de la rébellion, Ibrahim Coulibaly s’était exilé. Au plus fort de la crise postélectorale ivoirienne, IB était revenu à Abidjan et s’était d’autant plus fait remarquer de façon spectaculaire qu’il était l’un des principaux leaders du fameux « commando invisible », un groupe armé mystérieux, qui a lancé une offensive contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) de Laurent Gbagbo. C’est sous les coups de boutoirs de ce commando que les FDS se sont retirées d’Abobo, au nord d’Abidjan.
Après la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril, IB souhaitait bénéficier de sa part dans les positions à venir pour sa contribution à la victoire d’Alassane Ouattara. Il avait demandé à rencontrer le président, sans succès. Selon son entourage, c’est Guillaume Soro qui s’opposait à cet entretien. Le premier ministre tenait depuis lors un discours dur vis-à-vis des « groupes armés » à Abidjan, leur ordonnant de se désarmer et les menaçant de le faire « par la force » en cas de refus.
Il est en toutt cas évident que la disparition de IB fait le jeu de Soro et lève une des dernières hypothèques pour le retour à la paix dans la capitale économique. Mais elle souligne en même temps le caractère violent, cynique et machiavelique du système qui est entrain de s’installer en Côte d’Ivoire.
Michel Lobe Ewane
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